17 pays européens comparent la santé de leurs abeilles

Pour la première fois, un programme épidémiologique actif, sur la mortalité des abeilles (EPILOBEE) a été mené dans 17 pays de l'Union européenne. Chaque pays membre a développé une surveillance basée sur un protocole mis au point par le Laboratoire européen de référence sur la santé des abeilles (European Union Reference Laboratory for honeybee health, EURL) pour harmoniser les procédures de surveillance. Le programme a été co-financé par la Commission à hauteur de 3,3 millions d 'euros et par les Etats participant au projet.
Plusieurs facteurs biologiques et environnementaux agissant isolément ou combinés, peuvent causer la mort prématurée de colonies, comme par exemple l'hiver 2012-2013 qui a été particulièrement froid. Pour estimer la mortalité des abeilles, en hiver et pendant la saison hivernale, trois visites ont été réalisées par les inspecteurs avant l'hiver 2012, après l'hiver 2013 et au printemps 2013, puis pendant la saison de miellée 2013.
Plus de 100 000 échantillons
31 280 colonies de 3 284 ruchers ont été entièrement visitées par 1354 inspecteurs. Plus de 8572 visites de ruchers ont été réalisées. 103 930 échantillons ont été étudiés par des laboratoires. Les taux de mortalité hivernaux vont de 3,5% à 33,6% avec une augmentation allant du sud vers le nord, ce qui laisse penser que les mortalités hivernales sont liées au climat. En Grèce, Hongrie, Italie, Lituanie, Slovaquie, et Espagne, les pertes hivernales ont été inférieures à 10%. En Allemagne, France, Lettonie, Pologne et au Portugal, les taux de mortalité se sont situés entre 10 et 15%. En Belgique, au Danemark, en Estonie, en Finlande en Suède et au Royaume-Uni, la mortalité hivernale a été supérieure à 20%.
Tous les taux de mortalité pendant la saison de miellée ont été inférieurs à la mortalité hivernale avec des taux de 0,3% à 13,6%. Mais la France présente une exception notable avec un taux de perte de 13,6% sensiblement supérieur aux taux de mortalité relevés dans les autres pays. L'étude ne commente pas ce chiffre.
La France mal placée
Le taux de prévalence pour la loque américaine, redoutable maladie a été de 0 à 11,6%, avec un taux de 6% en France. Pour la loque européenne, il a été inférieur. Seuls cinq états ont enregistré une prévalence supérieure, et une prévalence supérieure à 2% a été relevée dans un pays, la France.
Le taux de prévalence de la nosémose dépasse 10% dans quatre Etats membres et aucun cas n'a été observé au Danemark, en Allemagne, en France, Italie et Lettonie. Quelques cas seulement de paralysie due à un virus ont été observés dans sept pays membres, et aucun cas suspect n'a confirmé la présence des parasites Aethina tumia, un parasite sont lequel les abeilles européennes ne sont pas « armées » , et celle du parasite Tropilaelaps.
La varroase a été observée dans presque tous les pays. La pression de Varroa destructor a été confirmée par des échantillons avant l'hiver. L'étude rappelle qu'avant l'introduction de varroa, les apiculteurs déclaraient des pertes hivernales de 5 à 10% qui sont montées à 15-25% avec l'arrivée de varroa et de parasites dans les années quatre-vingts. Le taux de pertes hivernales de 10% était considéré comme normal dans plusieurs pays comme la Belgique, l'Allemagne et le Suisse. Mais l'étude rappelle que les mortalités hivernales normales sont évaluées à 15% aux États-Unis.
On considère qu'en Europe, il y a 6,5 millions de colonies d'abeilles domestiques. L'étude constate que 47% des colonies en Europe ont des taux de mortalité inférieurs à 10%, 27,7% des taux compris entre 10 et 15%. Les pays dont les ruches présentent un taux supérieur à 20% représentent 5% des états de l'Union, avec 684 000 colonies. Les états qui n'ont pas pris part à l'étude représentent 20% des colonies.
michel.deprost@enviscope.com
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