2015, an I de l'agroécologie en Isère ?

Que l'on appelle cela agroécologie ou agriculture écologiquement intensive (AEI), il faut s'y mettre et le faire savoir. « Pas pour faire moderne ou dans le coup, mais pour mettre en marche une dynamique et des pratiques. » C'est en substance l'appel lancé par Pascal Denolly lors du débat engagé sur l'agroécologie au congrès de la FDSEA. Ayant invité Gérard Guilbaud, agriculteur à Chéméré (Loire atlantique), à venir présenter la « nouvelle agriculture » telle que l'entend la coopérative Terrena, le président de la FDSEA a engagé ses pairs à s'inspirer d'un tel modèle pour « donner plus de visibilité à une démarche iséroise qui est assez proche de l'AEI ».
Née de réflexions menées au cours du Grenelle de l'Environnement, en 2008, l'agriculture écologiquement intensive se revendique d'une « révolution doublement verte », soucieuse d'« innover pour produire plus et mieux avec moins ». Elle s'appuie sur une « dynamique d'innovation », qui passe par l'amélioration de la performance technique et économique des exploitations, la « limitation du recours aux intrants non renouvelables et chimiques par des alternatives fondées sur des fonctionnalités naturelles » et la réduction significative des impacts sur l'environnement.
L'AEI sans le savoir...
Des analogies existent entre les pratiques des agriculteurs isérois et celles des coopérateurs de Terrena : le développement d'exploitations viables et rentables, la prise en compte des enjeux environnementaux, la volonté de réduire l'usage des phytosanitaires et des engrais chimiques... Le problème, c'est que Terrena le fait savoir à grand renfort de communication, notamment en direction des consommateurs, alors que les exploitants isérois pèchent par leur discrétion, quand ils n'ont pas l'impression d'être les mal-aimés de la société. « Ce qui me frappe chez vous, c'est le nombre de labels de qualité que vous avez sur votre territoire. Vous rentrez parfaitement dans l'AEI ! », a déclaré Gérard Guilbaud. Pascal Denolly a tout de suite embrayé : « L'Isère a tout ce qu'il faut : des agriculteurs innovants, une chambre d'agriculture, des coopératives... Il faut mettre tout cela en cohérence. »
En route pour l'agroécologie
Le président de la plus grosse coopérative du département s'est sans doute senti visé, car il s'est levé pour annoncer son adhésion. « Banco, Pascal ! a lancé Roland Primat. Je suis prêt à collaborer pour développer ce type de démarche que la Dauphinoise a commencé à mettre en place avec ses « ventes de solutions » et l'amélioration de ses parcours techniques. Il faut que nous nous fédérions, que nous enclenchions cette dynamique et que nous le fassions savoir. » Prenant acte de cette main tendue, Pascal Denolly a conclu en proposant de réunir trois groupes collégiaux pour réfléchir à la « mise en route de l'agroécologie » : un « groupe amont » (recherche de solutions agronomiques incluant un volet maîtrise des charges), un « groupe collectivités » et un « groupe vente » chargé de travailler sans tabou sur les questions de circuits et de marge. « D'accord, mais il faut démarrer tout de suite », a lancé quelqu'un dans la salle. Banco, Roland ?