A bonne eau bon poisson à Réaumont

Christophe Giraud s'occupe d'un élevage atypique.
Il élève des poissons au sein de la pisciculture du Moulin à Réaumont.
Implantée dans le Voironnais, elle a été créée sur le site d'une ancienne filature par Adrien Decerier, un poissonnier de Grenoble.
Après y avoir fait ses stages – et ses armes -, Christophe Giraud en est devenu l'un des gérants avec les petits-enfants du fondateur.
Si la taille de la structure lui permettrait la production de volumes industriels, ses associés sont attachés à sa conduite artisanale.
Poissons de sport
La truite arc-en-ciel, la fario et le saumon de fontaine (aussi appelé omble de fontaine) sont les trois espèces de poissons qui sont élevées à la pisciculture du Moulin.
« Nous en sortons entre 80 et 100 tonnes par an. Nous assurons la reproduction, la production, la commercialisation et presque l'ensemble du transport », explique Christophe Giraud.
12 mois sont nécessaires pour élever une truite arc-en-ciel de 250 gr (une truite portion), 24 pour une fario et entre 18 et 20 pour un saumon des fontaines.
« Il s'agit d'un temps d'élevage assez long, nécessaire pour faire du poisson de sport, destiné à la pêche », précise le gérant de la structure.
Cela implique d'être très vigilant sur les stocks, d'avoir une vision à deux ans du cheptel.
Si ce n'est une petite partie commercialisée au détail au magasin de la pisciculture, les poissons sont vendus vivants à des sociétés ou des parcours de pêche et à d'autres pisciculteurs et transformateurs.
Suffisamment d'oxygène
Pour mener à bien cet élevage, la pisciculture du moulin est composée de 3 500 m² de bassins de différentes tailles pour accueillir les poissons à différents stades de croissance et de taille.
« Grâce à la source de Réaumont, nous bénéficions d'une eau de qualité, protégée, sans pollution. Cette eau a un débit qui varie entre 300 et 600 litres par seconde, qui est à une température de 9-10 °C l'hiver et 12-13°C l'été et qui est très oxygénée, car elle est issue de la fonte des neiges des montagnes environnantes. C'est exactement ce qui convient à nos poissons qui ont besoin de beaucoup d'oxygène pour se développer », précise Christophe Giraud en spécialiste.
Les associés de la pisciculture sont donc contraints de porter une grande vigilance à l'eau qui est leur matière première.
Ils font quotidiennement des prélèvements pour contrôler sa qualité (qui doit être satisfaisante pour le bon développement des poissons et pour ne pas nuire à l'environnement) et veiller à ce qu'elle contienne suffisamment d'oxygène.
Si ce dernier fait défaut, ils en rajoutent de façon mécanique grâce à des aérateurs de surface, des bases flottantes équipées d'un moteur et d'une hélice produisant une gerbe d'eau qui réoxygène le bassin.
Cela permet d'éviter aux poissons une mortalité par asphyxie.
Dépendants de la neige tombée en montagne, les pisciculteurs constatent avoir moins d'eau (et donc moins de débit) depuis quelques années.
« Nous essayons de nous adapter à ce changement climatique. Nous avons donc recours de plus en plus souvent et de plus en plus régulièrement à l'usage des aérateurs », insiste Christophe Giraud.
Aujourd'hui, la pisciculture fonctionne avec huit appareils.
Ils représentent une certaine charge à la structure car, outre leur prix d'achat allant de 1 500 à 2 000 euros, en fonctionnant jour et nuit, ils impliquent des charges de fonctionnement importantes.
Cette bonne oxygénation de l'eau des bassins est aussi essentielle pour l'alimentation des poissons.
C'est durant la phase de digestion que la truite consomme le plus d'oxygène. S'il en manque, elle digère mal et grossit moins bien. Elle devra donc davantage consommer de granulés spécialisés pour atteindre le poids recherché.
Originaire du nord-Isère, Christophe Giraud s'est installé à Réaumont quand il a commencé à travailler à la pisciculture.
« C'est un élevage. Comme n'importe quel autre, il faut être à proximité pour être présent tous les jours, pour nourrir les poissons et surveiller l'eau, et pouvoir intervenir rapidement. Il faut être très observateur, bien étudier le comportement des poissons qui nous guide à détecter les problèmes, car nous n'évoluons pas nous-mêmes au sein du milieu aquatique. C'est un métier qui nécessite un investissement personnel important », conclue le pisciculteur.