A la rencontre de l'agneau d'alpage

« La reconnaissance de l'agneau d'alpage passe par la communication », estime Roland Bouvier, éleveur ovin, président de l'association Viandes agro-pastorales (VA).
Samedi dernier 9 septembre, la journée de rencontre entre le grand public, les élus et les éleveurs, initialement prévue au col du Coq, mais déplacée à la Tuilerie de Saint-Joseph-de-Rivière en Chartreuse pour cause de mauvais temps, marquait une nouvelle étape dans le travail de promotion de ce produit de montagne.
Une soixantaine de personnes, notamment des familles, s'étaient inscrites pour déguster cette viande tendre et parfumée obtenue dans le respect d'un cahier des charges où l'agneau, né au printemps, est uniquement élevé sous la mère et à l'herbe en montagne.
« Nous passons beaucoup de temps dans nos élevage, mais nous avons aussi besoin de faire connaître le produit, indique Philippe Veyron, éleveur ovin à Sardieu. C'est pour ça que ces journées de communication sont importantes car nous ne pouvons pas tout gérer. »
Il fait partie, avec Roland Bouvier et Olivier Pongan de Saint-Marcel-Bel-Accueil, des trois éleveurs dont les bêtes paissent au col du Coq, soit environ 1 200 ovins présents à partir de début juin.
Vente directe
Quant à l'association Viandes agro-pastorales (VA) elle compte une dizaine d'éleveurs présents dans tous les massifs. Elle a été créée en 2016 et son site internet est opérationnel depuis cet été.
« En fonction des commandes, je prévois les abattages et les livraisons », indique le président. L'association travaille avec les abattoirs locaux, Grenoble qui est partenaire de l'association et Bourg-d'Oisans principalement.
Les bêtes sont mises à disposition sur les sites de livraison en colis et caissettes*.
La commande en ligne démarre doucement mais les pistes de commercialisation se multiplient : en direct chez les éleveurs, le magasin de producteur de Cours-et-Buis, la boucherie du Numidie ou via les comité d'entreprises par exemple.
« C'est une piste jamais explorée », reprend Roland Bouvier.
L'association est également en discussion avec les magasins Super U et vient de s'adjoindre les services de Jean-Marc Vallet qui travaille également au développement du label Eleveurs de saveurs en viande bovine.
L'objectif des éleveurs d'agneau d'alpage est de commercialiser 700 agneaux par an, soit sous le label agneaux d'alpage (ceux qui sont abattus entre fin août et début novembre), soit agneaux de nos fermes (après la descente d'alpage).
L'association multiplie les opérations de promotion. Elle sera présente à la foire de Beaucroissant pendant trois jours, puis dans le cadre du festival du film Pastoralismes et grands espaces qui se tiendra à Grenoble du 13 au 15 octobre et devrait également participer à la descente des alpages mi-octobre à Grenoble.
Le consommateur isérois
Il faut dire que les bergers du col du Coq sont connus pour redescendre leurs troupeaux à pied, début octobre. « On part quand on veut, quand la neige arrive, raconte Philippe Veyron. Et puis, les bêtes ont pris du poids et ne rentreraient pas dans le camion ! »
Parcourir 76 km à pied en trois jours, ce n'est pas que du folklore, mais une vraie pratique pastorale. L'éleveur est très attaché à la qualité de ses bêtes pour lesquelles le label représente une juste reconnaissance.
L'association de Viandes agro-pastorales a reçu le soutien du Conseil départemental lui assurant la journée de promotion de samedi dernier.
« C'est un des axes majeurs de l'action du département », insiste Fabien Mulyk, vice-président délégué à la filière bois, à l'aménagement des rivières et à l'environnement. Elu de montagne, il rappelle l'utilité du maintien du pastoralisme dans les alpages. « Et puis, il ne faut pas entendre parler que de l'agneau de Sisteron. L'agneau d'alpage est synonyme d'une qualité reconnue des consommateurs isérois. »
Au-delà de la promotion de l'agneau d'alpage, la journée de découverte du pastoralisme avait pour objectif de sensibiliser le grand public à la cohabitation entre activités pastorale et de loisir, notamment dans les espaces naturels sensibles comme ceux du col du Coq-Pravouta et de la tourbière de la Tuillerie-l'Herretang.
Isabelle Doucet
*Abattoir de Grenoble, Sardieu, Bourg-d'Oisans ou Saint-Alban-d'Hurtrières (73)