A Vinay, les fleurons gourmands du département font cause commune

Bleu, blanc, blond. Telles sont les couleurs du nouvel étendard gourmand que brandiront désormais les promoteurs des trois fleurons du département : la noix de Grenoble, le saint-marcellin et le bleu du Vercors-Sassenage. « Un même drapeau pour trois ? Mais c'est la révolution ! », s'étonnera-t-on dans certains états majors. Sans doute. Et c'est pourtant bien ce code couleur bleu-blanc-blond que l'on retrouvera sous un stand commun au marché du goût, le 18 octobre prochain au Grand Séchoir de Vinay. Au menu : dégustation et présentation communes des trois produits phares isérois, IGP pour l'un, AOP pour les deux autres.
A l'origine de la démarche, un même constat : « Nous partageons les mêmes difficultés à faire la promotion de nos produits sous signe de qualité, explique Catherine Petiet, directrice du Comité interprofessionnel de la noix de Grenoble (CING). Nous sommes souvent sollicités pour des manifestations locales, mais nous n'avons pas toujours la capacité de répondre. » D'où l'idée de travailler ensemble. Comment ? Avec quels moyens ? Questions délicates. La mutualisation apparaît tout de suite comme une évidence. Et même si les trois comités de promotion poursuivent chacun des objectifs un peu différents, l'envie de « faire des choses ensemble » est réelle. « Nous sommes tous sur des bases territoriales, mais ce qui nous unit, ce sont les signes de qualité, poursuit la directrice du CING. Avec mes collègues du Cism et du Siver (1), nous nous sommes dit que si nous nous regroupions et que nous apprenions à communiquer sur les produits des autres, nous pourrions démultiplier notre capacité de promotion. »
Valeurs communes
Le premier « stage de formation » se déroulera donc en plein air à Vinay. Des panneaux explicatifs, construits avec la même identité graphique, sont en cours de réalisation. Les trois techniciennes réfléchissent également à des mises en valeur communes sur le stand : « Il s'agit de marier des produits qui sont complémentaires, avec chacun sa typicité et ses caractéristiques organoleptiques », précise Christelle Hustache, chargée de mission au Syndicat interprofessionnel du bleu du Vercors-Sassenage (Siver). De son côté, Catherine Petiet voit l'aspect pratique de l'opération : « Traditionnellement, nous avons toujours un souci avec la Semaine du goût, car elle se déroule toujours en plein milieu de la récolte de noix. Du coup, nous ne parvenons pas à avoir de producteurs. Là, nous serons trois pour animer le stand en commun. Nous allons en profiter pour nous former mutuellement ! »
Une première sans filet que les techniciennes abordent avec philosophie et bonne humeur. « Cela fait longtemps que nous nous retrouvons sur des fêtes, raconte Christelle Hustache. Nous avons l'habitude de travailler ensemble. Mais là, ce sera l'occasion de professionnaliser notre démarche de promotion : nous allons bénéficier du savoir-faire du CING ; ça va nous tirer vers le haut. » Comme les trois techniciennes ont toutes réfléchi à l'identité de leurs produit, elles peuvent aisément en parler, souligner leurs complémentarités et aider leurs collègues à « s'immerger » dans les caractéristiques de chacun. « Ce n'est pas un exercice facile, car cela demande une réelle appropriation des caractéristiques de chaque produit », souligne raconte Christelle Hustache.
Travailler ensemble
Cette étape passée, il faudra transformer l'essai en combinant les objectifs des trois filières : le besoin d'affermir leur notoriété pour le saint-marcellin et le bleu du Vercors-Sassenage, soucieux d'« ancrer le produit sur son territoire et le faire connaître en dehors » (2), tout en améliorant la rémunération des éleveurs, jugée décevante surtout pour le saint-marcellin ; et le besoin de se distinguer des productions non labellisées pour la noix de Grenoble. Plusieurs pistes sont à l'étude. Une réflexion sur un projet touristique a été engagée au printemps avec le syndicat mixte du Sud Grésivaudan afin de donner un cadre plus large à la démarche. Rien n'est fait, mais une dynamique est lancée. « Le fait de nous voir faire des choses ensemble va peut-être dénouer des tensions, risque Martine Uzel du Comité interprofessionnel pour le saint-marcellin (Cism). Certains acteurs du territoire vont sans doute comprendre qu'il est possible de travailler ensemble. » Et d'autres se dire qu'ils pourraient rejoindre ce club très ouvert. « Nous sommes une petite région avec plusieurs signes de qualité, rappelle Yves Borel, président du CING. Nous avons tout intérêt à développer une communication commune. Si la mayonnaise prend avec le saint-marcellin et le bleu du Vercors, il n'y a pas de raison de ne pas aller plus loin. » Qu'on se le dise.
Pour aller plus loin : le grand maître du saint-marcellin défend le bleu blanc blond
Marianne Boilève
(1) Comité interprofessionnel pour le saint-marcellin (Cism) et Syndicat interprofessionnel du bleu du Vercors-Sassenage (Siver).
(2) Etude réalisée par la chambre d'agriculture pour l'IGP saint-marcellin (2015).