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Innovation

Accéder à la ferme en un clic

La plateforme web monbeauterroir.com propose de mettre en relation des fermes et leurs visiteurs.
Accéder à la ferme en un clic

« Qui propose ce genre de service ? Je passais mon temps à trouver des plans pour les autres », indique Antoine Laudet, fondateur du site monbeauterroir.com.

Le principe est simple. Il s'agit de mettre en relation des personnes désireuses de visiter des fermes et des agriculteurs qui acceptent de recevoir des visiteurs, à condition que la démarche ne soit pas contraignante.

 

Antoine Laudet a eu l'idée de mettre en relation les fermes et leurs visiteurs potentiels.


La plateforme a été testée en fin d'été en Belledonne avec quelques satisfecit.

« Je voulais faire de l'accueil à la ferme, mais il me fallait débloquer du temps pour gérer les visites », reconnaît Mathieu Christolomme, éleveur caprin à Pinsot à la ferme de la Vie plaine.

Découvrir le milieu agricole avec lui, c'est d'abord l'accompagner dans la garde, c'est-à-dire le moment où les bêtes rentrent de la pâture et remontent à la ferme en faisant quelques haltes pour goûter l'herbe des coteaux.

Une fois les chèvres rentrées, les visiteurs assistent à la traite et peuvent déguster des produits et en acheter.

Une rémunération

L'éleveur, installé depuis deux ans, aime faire partager son métier. Il a constitué un troupeau de 70 chèvres surveillées par des chiens beauceron et de protection.

« J'ai été attaqué par le loup l'an dernier. Il y a de plus en plus de passage dans les estives. Le problème, pour un petit élevage, est qu'une attaque peut lui faire mettre la clé sous la porte. »

En accompagnant le producteurs, on découvre le travail des chiens, la hiérarchie dans le troupeau – les chèvres cornues savent se faire respecter - et le rythme de vie du berger ponctué par la traite du soir ou du matin.

 

Retour à la bergerie.

 

Mathieu Christolomme a commencé à transformer le lait caprin en 2015. Au terme d'un preux combat et épaulé par la commune soucieuse de conserver des agriculteurs sur son territoire,  il a obtenu l'autorisation de produire du fromage à la bergerie.

Son exploitation, la plus haute du département, est en plein développement. « Nous sommes loin de l'équilibre économique », explique le berger qui distribue ses produits en vente directe à la ferme et dans les magasins de proximité.

 

Découvrir le travail de l'éleveur en montagne.


monbeauterroir.com ne prétend pas représenter un complément de revenu. Pour autant le dispositif permet de rémunérer le fermier à la hauteur de son temps de travail.

« Nous nous sommes rendu compte d'une correspondance entre les besoins des producteurs et l'envie des clients. Les visiteurs préfèrent payer pour être certains d'aller dans une ferme », affirme Antoine Laudet.

En fonction des disponibilités

Le partenariat entre la plateforme et le producteur se traduit par la signature d'une charte garante de l'inscription de l'agriculteur à la MSA et que son activité principale est la production.

monbeauterroir.com s'occupe de tout : présentation de la ferme : géolocalisation, planning de réservation, paiement en ligne.

« Il y a des créneaux théoriques qui sont reconfirmés en fonction des disponibilités de l'agriculteur », précise le créateur du site.

La transaction financière s'opère aussi via la plateforme, de sorte qu'il n'est pas question d'argent entre le producteur et ses visiteurs, sauf s'ils veulent acheter des produits en fin de visite.

monbeauterroir prélève 25% de la transaction pour ses frais de fonctionnement et de promotion.

 

Trois producteurs de Belledonne adhérents du réseau monbeauterrroir.com

 

« C'est un service que nous proposons aux producteurs qui touchent la rémunération qu'ils souhaitent », reprend Antoine Laudet.

Cet ingénieur agronome sorti de l'Isara Lyon a découvert Belledonne et le réseau de l'Adabel lors d'un stage à la ferme Truc Vallet.

Conscient qu'il y avait un potentiel, il s'est rapproché de l'office de tourisme de Chamrousse qui a confirmé la demande pour un tel produit.
Le réseau test s'étend sur Belledonne, les Bauges-Aravis et le mâconnais, réunissant déjà une trentaine de producteurs.

La mise en ligne du site et les premières communications ont démarré le 1er août. Après trois semaines de fonctionnement, il affichait une dizaine de rendez-vous et une cinquantaine de visiteurs.

« Notre objectif est le déploiement d'une couverture nationale d'ici trois ans », explique le créateur qui recherche des financements à hauteur de 150 000 euros pour développer son idée.

Isabelle Doucet

C'est qui le chef ?

 

Les gens ont-ils envie de payer ?

« Rien à voir avec Bienvenue à la ferme », explique Jacqueline Rebuffet, référente du réseau pour l'Isère. « Dans la démarche et la présentation, il n'y a pas de concurrence. Il faut voir comment cette initiative évolue dans le temps. »
Pour Jacqueline Rebuffet, l'intérêt du système réside dans la prise de rendez-vous, sur des plages horaires, gérées par la plateforme. « Cela peut compléter l'activité de ceux qui pratiquent déjà l'accueil à la ferme, les faire connaître pour commercialiser leurs produits. » Elle rappelle qu'il faut que l'agriculteur soit prêt à consacrer deux heures de son temps à la visite.
Mais la représentante du milieu agricole pose une question clé: « Les gens ont-ils envie de payer pour visiter une ferme ? Nous avons des demandes, certes, mais nous l'avons toujours fait gratuitement. Nous avons plus souvent donné que fait payer ! »

 

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