Aoste Bio Energie : c'est parti!

Alors que Ségolène Royal vient d'annoncer le lancement de l'appel à projets pour le développement de 1 500 installations de méthanisation, l'unité Aoste Bio Energie est enfin sur les rails. Démarré en 2010, ce projet est le fruit d'une dynamique de territoire qui associe un distributeur d'énergie, GEG (maître d'ouvrage), une usine agroalimentaire produisant des graisses et ayant besoin de chaleur (charcuterie industrielle d'Aoste), et une centaine d'agriculteurs intéressés par la fourniture de résidus qui serviront à la production de biogaz en échange de digestat. Les agriculteurs sont en train de décider de la solution technique qui leur semble la plus pertinente : voie liquide ou voie sèche ?
L'unité ayant de gros besoins en matières organiques (40 000 tonnes de gisement, dont 70% de résidus agricoles et 30% provenant des industries agroalimentaires), GEG avait dans un premier temps cherché à rationaliser le fonctionnement de l'unité en établissant un partenariat avec la coopérative Dauphinoise. Celle-ci devait fournir l'essentiel de la matière organique (6 000 tonnes) et gérer les échanges effluents /digestat avec les agriculteurs. Mais au printemps, coup de théâtre : la Dauphinoise se désengage en partie, ne souhaitant plus être qu'approvisionneur et en annonçant une réduction tonnage fourni. Quelques semaines plus tard, le durcissement de la réglementation sanitaire européenne modifie encore la donne, et notamment la rentabilité du projet. De fait, la pertinence de la « voie liquide », retenue par GEG en 2012, est remise en cause.
Mobilisation des agriculteurs
Pour les agriculteurs du secteur intéressés par le développement d'une telle installation, c'est l'occasion de reprendre la main. Depuis quelques mois déjà, une douzaine d'exploitants du canton de Pont-de-Beauvoisin planchent sur le sujet avec l'aide de la chambre d'agriculture et le soutien de communauté de communes des Vallons du Guiers. Il s'agit de comprendre les enjeux du projet et les bénéfices que peuvent en tirer les agriculteurs. Car, en Isère, au contraire de ce qui se passe en Bretagne, les effluents d'élevage ne sont pas considérés comme un « déchet » encombrant. Au fil des mois, les agriculteurs référents, véritables poissons pilotes du projet, cherchent, questionnent, se renseignent, visitent les installations existantes. Une relation constructive s'établit avec les représentants de GEG qui réalisent très vite que « rien ne peut se faire sans les agriculteurs ». Peu à peu, l'idée de s'organiser en association s'impose aux agriculteurs. Celle-ci doit permettre de négocier avec le maître d'ouvrage, de discuter avec lui des points techniques et du cahier des charges, mais aussi d'informer la centaine d'agriculteurs engagés dans le projet. Deux groupes de travail (éleveurs et céréaliers) se sont dores et déjà constitués pour discuter des éléments techniques (quels matériels pour venir chercher les fumiers et lisiers? A quel rythme? ...) ainsi que des modalités d'engagements et de contractualisation.