Arnaud Rousseau : "Nous restons le syndicat de référence"
Du 25 au 27 mars, la FNSEA a tenu son congrès à Grenoble (Isère). Un millier de congressistes, adhérents et représentants politiques, ont débattu sur l'avenir du syndicalisme, le besoin de se réinventer pour répondre aux nouvelles attentes... S'il est nécessaire de "se transformer" pour construire l'avenir de l'agriculture française et européenne, tous s'accordent à dire que le duo FNSEA - Jeunes agriculteurs est le "syndicat de référence. [...] fort de ses valeurs".

Pendant trois jours Grenoble, la capitale des Alpes, a été la capitale du syndicalisme majoritaire. Du 25 au 27 mars, un millier de congressistes étaient réunis à Alpexo. Trois jours de débats intenses pendant lesquels les adhérents du réseau FNSEA venus de toute la France ont échangé avec leurs représentants nationaux. Ce 79e congrès a été notamment marqué par la décision de modifier les statuts de la FNSEA et d’inclure un quota de 25 % de femmes de l’échelon départemental à l’échelon national. Les élections aux chambres d’agriculture, qui ont vu le traditionnel tandem FNSEA-JA perdre du terrain vis-à-vis de leurs adversaires de la Coordination rurale et de la Confédération paysanne se sont bien évidemment invités au débat. « Nous restons cependant très majoritaire avec 84 Chambres remportées sur 101 », a rappelé le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau. L’occasion de faire le point sur la mobilisation et le syndicalisme. C’est un sentiment d’amertume teinté d’irritation qui pouvait parfois se lire sur certains visages. Cela étant, la campagne Chambres s’est faite en « toute confiance avec les Jeunes agriculteurs (JA). Pas une seule organisation n’a autant de poids que le duo FNSEA-JA. Nous restons le syndicat de référence […] Je réaffirme notre ambition : rester le premier syndicat agricole, fort de ses valeurs et solide grâce à son organisation. (...) Nous avons bien engagé notre transformation et ainsi, nous serons prêts pour 2031 », a lancé Arnaud Rousseau aux congressistes. De son côté le secrétaire général, Hervé Lapie a rappelé que la FNSEA, « c'est l'histoire de l'agriculture française. Nous sommes fondés sur une idée simple : "le serment de l'unité paysanne." [...] Notre réseau se renouvelle, préparons cela avec proximité et écoute. Chaque agriculteur doit pouvoir compter sur un élu local. […] L'unité ne se décrète pas, elle se construit », a-t-il harangué.
« Remettre l’outil de production en route »
Lors de la conclusion des travaux, le 27 mars, en présence de la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, Arnaud Rousseau a fait passer le message de remettre la production au cœur de la stratégie agricole française et européenne. Il est vrai que l’agriculture française semble aujourd’hui à la croisée des chemins : les attentes des jeunes générations diffèrent de celles de leurs aînés. Le président de JA, Pierrick Horel, a reconnu qu’il fallait « redonner de la perspective à l’agriculture car son visage change. Nos adhérents évoluent et cherchent des réponses différentes. Nous devons accompagner cela. […] Nous avons besoin d’installer un bon nombre de jeunes agriculteurs sur nos territoires pour conserver nos outils de production. Tous nos combats seront vains s’il n’y a personne pour les reprendre. […] Sans vision ou revenu pour l’agriculture, il n’y aura pas d’installation ». Une nécessité de « remettre l’outil de production en route » soutenue également par Arnaud Rousseau. Pour ce dernier, réarmer la production agricole et la souveraineté alimentaire aussi bien française qu’européenne « s’impose ». Il a appelé la ministre à « contrôler et sanctionner » et de « reprendre son administration en mains […] Il n’est plus tolérable de voir des fonctionnaires de l’État se comporter comme des militants politiques qui défient l’autorité des ministres ! ». En cause, les négociations commerciales. « Il faut continuer à raffermir la construction du prix en marche avant. Les productions agricoles ne doivent plus, ni en France, ni en Europe, être la variable d’ajustement dans les relations commerciales avec les industriels et les distributeurs ! », a soutenu le président de la FNSEA, très mécontent de voir l’examen de la loi « Entraves » sans cesse reporté.
Parole des agriculteurs
La ministre a tenté de temporiser arguant un encombrement législatif… « si la situation politique a retardé la mise en place de certaines mesures, j’ai tenu bon et porté vos revendications », a-t-elle complété, soulevant quelques exclamations et onomatopées dans le public n’acceptant pas ce qu’il considère comme une fausse excuse. Ce retard à l’allumage donne en effet le désagréable sentiment qu’une fois la loi d’orientation agricole adoptée et promulguée, le dossier agricole pourrait revenir sur le bas de la pile. Toutefois, la ministre et le syndicaliste s’accordent sur l’objectif de réarmer son agriculture et son alimentation. Annie Genevard a sur ce point rappelé que la France appuyait la proposition de la présidence polonaise sur l’autoriser les brevets des variétés de plantes NGT de catégorie 1. « Je vais aussi défendre l’idée que les autorisations de mise sur le marché des produits phytosanitaires soient prises sur le plan européen et que la France bénéficie des mêmes moyens de protection des plantes que ses voisins », a-t-elle dit, avant de conclure : « Je pars toujours de la parole des agriculteurs sur le terrain. C’est le juge de paix pour moi ».
C. S. et M.-C. S.-B.
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