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Échanges

Ceta : application provisoire au printemps

En attendant sa ratification définitive par les parlements nationaux et régionaux de l’UE, l’accord commercial entre l’UE et le Canada, approuvé par le Parlement européen, va être mis en œuvre de façon partielle et provisoire dans les prochaines semaines.
Ceta : application provisoire au printemps

Approuvé le 15 février à Strasbourg par le Parlement européen (408 voix pour, 254 contre, 33 abstentions), l'accord de libre-échange (Ceta) entre l'UE et le Canada, devrait être applicable au printemps de façon partielle et provisoire, en attendant sa ratification par les 38 parlements nationaux et régionaux des États membres de l'Union, un processus incertain qui prendra des années.

Le volet libéralisation des échanges va donc être mis en œuvre « provisoirement », dans la limite toutefois de contingents d'importation à droit nul ouverts graduellement pour plusieurs produits agricoles sensibles - bœuf, porc, blé, maïs doux du côté européen, fromages du côté canadien - aucune concession mutuelle n'étant en revanche prévue pour la volaille et les oeufs. Par ailleurs, le Ceta prévoit la protection au Canada de 143 indications géographiques européennes, cette liste d'IG pouvant être complétée ultérieurement.

Vote canadien

« Maintenant, il faut attendre que les Canadiens votent dans leur Parlement. Ça va se faire dans les semaines qui arrivent. Si tout se passe bien, le traité entrera en vigueur de manière provisoire au printemps », a expliqué la commissaire européenne au commerce, à l'issue du vote d'approbation du Ceta par le Parlement européen. « Après débutera le processus dans les parlements nationaux. Dans la grande majorité des pays, il n'y aura aucun problème et dans certains, oui. Il faudra que les États membres aussi s'engagent », a ajouté Cecilia Malmström. Les traités européens ne prévoient aucune disposition quant à la durée de cette application provisoire. Toutefois, le Conseil a prévu que, si la ratification du Ceta échoue de façon permanente et définitive à cause d'un arrêt d'une cour constitutionnelle, ou suite au vote négatif d'un seul parlement national ou régional, l'application provisoire « doit être et sera résiliée ».

 

« Menace » ou « fantasme » 

À Strasbourg, où manifestaient quelque 700 opposants au Ceta (selon la police), les Verts, l'extrême gauche, l'extrême droite et certains socialistes ont voté contre l'approbation de l'accord par le Parlement européen. Au sein du groupe socialiste, la délégation française, par exemple, a fustigé « une menace directe pour l'emploi », qui « n'intègre pas l'urgence climatique et environnementale, ni le principe de précaution ». Le vote favorable fait « primer la défense des intérêts européens sur les fantasmes », se sont réjouis en revanche les Français Tokia Saïfi et Franck Proust, membres du groupe démocrate-chrétien (PPE), le plus important du Parlement, favorable à l'accord.

 

Le bœuf inquiète

 

De leur côté, les députés français membres du groupe PPE Michel Dantin et Angélique Delahaye se sont abstenus. « Nous croyons fondamentalement que le Ceta est équilibré pour l'Europe, dans son volet général comme dans son chapitre agricole », ont-ils expliqué dans une déclaration commune. « En ouvrant totalement le marché canadien aux producteurs européens, il peut constituer une opportunité pour le secteur bovin européen, vérité que l'on ne peut pas non plus passer sous silence ! Toutefois, nous déplorons l'absence d'annonces de la Commission européenne, qui pourrait à l'instar du Canada pour le secteur laitier, proposer un plan de compensation et de structuration du secteur bovin européen pour lui donner toutes ses chances d'exploiter les opportunités qu'offre le Ceta. Ce sont les raisons pour lesquelles, nous nous sommes aujourd'hui abstenus ».

L'interprofession française du bétail et de la viande (Interbev) a « déploré » le vote du Parlement européen, mais « reste mobilisée en vue de la ratification de l'accord par le Parlement français », tandis que la Fédération nationale bovine (FNB) a demandé à Bruxelles des mesures compensatoires pour l'élevage. Le Copa-Cogeca, qui regroupe les organisations majoritaires et coopératives agricoles de l'UE, s'est félicité, quant à lui, du vote du Parlement européen qui, estime-t-il, « offre des opportunités au secteur agroalimentaire des deux côtés », si les échanges, surtout les contingents tarifaires d'importation, « sont gérés comme il se doit pour éviter des perturbations du marché ».

 

 

Les produits sensibles

Les contingents d'importation ouverts par l'UE au profit du Canada concernent les secteurs du bœuf (de 7 640 à 45 840 tonnes équivalents carcasse sur six ans, auxquelles s'ajoutent 3 000 t de viande de bison et 4 162 t déjà accordées à ce pays à titre de compensation dans le différend sur les hormones), du porc (de 12 500 à 75 000 t sur six ans, auxquelles s'ajoute le contingent OMC existant de 4 625 t), du blé de qualité basse et moyenne (augmentation de 38 853 t à 100 000 t sur sept ans du contingent OMC actuel) et le maïs doux (de 1 333 à 8 000 t sur six ans). Pour sa part, le Canada ouvrira au profit de l'UE un contingent d'importation de 17 700 t de fromage, dont 16 000 t de haute qualité et 1 700 t pour utilisation industrielle. S'y ajoutent 8 000 t de fromage de haute qualité par le biais d'un ajustement technique de la part de l'UE dans le contingent OMC existant. Aucune concession mutuelle n'est en revanche prévue pour la volaille et les oeufs.