Chasseurs et agriculteurs s'allient contre les corbeaux

Au fil des années, les dégâts des corvidés, corbeaux freux et corneilles, s'accentuent au grand dam des céréaliers qui comptent les pertes. Les plus gros dégâts ont souvent lieu en avril mai au cours des premiers jours de semis. Cela se réitère lors des récoltes des tournesols, en septembre où les corbeaux sont aidés par les pigeons ramiers. " En 2013, les dégâts en Drôme ont atteint près de 430 000 euros de pertes financières", indique Christophe Mathez, technicien à la fédération des chasseurs (FDC) de la Drôme. À l'intérieur de cette enveloppe, les agriculteurs sont concernés par 100 000 euros de pertes dont 75 000 euros pour les producteurs de semences. Les entreprises semencières ont perdu 300 000 euros de marchandises non vendues.
Un sujet qui préoccupe
En l'absence de régulation suffisante sur certains territoires, les oiseaux gagnent du terrain. Pour contrer ce phénomène, en 2014, les présidents des Jeunes agriculteurs des cantons du Grand-Serre-Saint-Vallier, Saint-Donat et Romans, ont initié des réunions de concertation avec les chasseurs. Y ont participé des représentants des ACCA, de la FDSEA et de JA 26, dans l'objectif de rechercher des solutions permettant la régulation des corvidés. La participation massive des agriculteurs a démontré à quel point ce sujet préoccupe. Les chasseurs de la fédération de la Drôme, sensibles à la détresse des agriculteurs, se sont alors mobilisés. Pour limiter le fléau, ils effectuent des tirs dits de destruction et ce, en particulier, quelques jours après les semis. La législation le permet, il convient cependant que l'agriculteur victime de préjudices prenne contact avec la direction départementale des territoires - DDT. Immédiatement, un arrêté préfectoral nominatif est pris pour permettre aux chasseurs désignés de tirer hors période de chasse sur une parcelle identifiée.
Réguler par des tirs
En 2014, Christophe Mathez avait présenté aux agriculteurs les différentes techniques de prévention (synchronisation des semis, épouvantails, canons à gaz...) et de régulation. Au final, agriculteurs et chasseurs avaient convenu que les moyens de prévention étaient peu efficaces. La meilleure solution reste la régulation par des tirs.
Aussi depuis 2014, la mobilisation des chasseurs monte en puissance. Ainsi, environ "1 100 chasseurs interviennent cette année dans la Drôme en régulation des corvidés après la période de chasse " indique le technicien de la FDC. Ils ont dénombré plus de 7 100 oiseaux qui ont été abattus entre le 1er mars et le 31 juillet 2015. Auxquels s'ajoutent plus de 3 000 corvidés chassés pendant la période de chasse de mi-septembre à fin mars. Aujourd'hui, les agriculteurs n'ont qu'un seul regret, c'est de ne pas pouvoir faire de même pendant le mois d'août, notamment pour protéger les cultures de tournesols. Aussi, pour faire bouger la réglementation, l'action de JA et de la FDSEA de la Drôme s'est portée cette année sur les élus. Les deux syndicats ont adressé un courrier aux députés et sénateurs du département pour leur demander d'élargir la période de tir individuel sur les corvidés, interdit en août et jusqu'à mi septembre. S'il n'y a pas eu de conséquences réglementaires immédiates, les élus ont indiqué qu'ils relaieraient le message auprès des ministres de l'Écologie et de l'Agriculture.
Déclarez les dégâts !
Pour prendre l'ampleur du phénomène, il est très important que les agriculteurs déclarent les dégâts, nuisances ou dégradations. En effet, en absence de constats de dégradations, les règles administratives concernant la liste des espèces nuisibles peuvent évoluer. C'est pourquoi il est important de fournir des données chiffrées de l'impact des espèces nuisibles sur les exploitations. Si rien n'est fait, les nuisibles pourront être déclassés et, inversement, certains animaux nocifs ne pourront jamais être classés comme étant des espèces nuisibles.
CP avec CL