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PRODUCTION PORCINE

Cirhyo en résistance face aux défis de la filière

Lors de son assemblée générale territoriale le 23 avril à Charbonnières-les-Bains (Rhône), la coopérative Cirhyo a dressé un bilan contrasté de l’année écoulée. Entre reprise de la consommation, recul du bio et renouvellement des générations, la filière porcine régionale reste en quête constante de solutions durables. 

Cirhyo en résistance face aux défis de la filière
Philippe Chanteloube, directeur général de Cirhyo.

Pression sur les installations, interrogations sur la pérennité du bio, crainte sanitaire liée à la fièvre porcine africaine (FPA), attentes sociétales sur le bien-être animal… Autant de défis auxquels la coopérative Cirhyo entend répondre par un engagement renforcé auprès de ses adhérents et une stratégie axée sur l’accompagnement technique, la durabilité et la coopération.

Consommation stable mais production sous tension

La viande de porc reste solidement ancrée dans les habitudes alimentaires des Français, avec 31 kg consommés par habitant en 2024 (+ 1,4 % par rapport à 2023), confirmant sa place de deuxième viande la plus plébiscitée après la volaille. Mais cette dynamique de consommation ne masque pas la fragilité de la production nationale, qui est passée sous le seuil d’autosuffisance. En dix ans, la France a perdu 100 000 truies reproductrices, et doit aujourd’hui importer pour couvrir une partie de sa demande, notamment depuis l’Espagne. Dans ce contexte, Cirhyo fait figure d’exception. En 2024, ses adhérents ont augmenté leur production de porcs charcutiers de 2,4 %, et le cheptel de truies progresse grâce au développement des maternités collectives, qui représentent désormais près de 30 % des effectifs. Toutefois, l’élevage bio subit une chute brutale : — 21,7 % en un an. Une baisse qui soulève des interrogations profondes sur l’avenir de cette filière, en particulier sur sa viabilité économique.

L’installation freinée par la défiance locale

L’un des points les plus préoccupants évoqués lors de l’assemblée est la difficulté croissante à installer de nouveaux élevages ou à agrandir les structures existantes. Les recours juridiques, même s’ils sont remportés par les éleveurs, rallongent considérablement les délais de mise en œuvre et fragilisent les projets. À cela s’ajoute la fièvre porcine africaine (FPA) qui circule en Allemagne et en Italie. « La biosécurité est fondamentale, et reste le maître mot de l’avenir de l’élevage si la FPA arrive en France », a insisté Philippe Chanteloube, directeur général de Cirhyo. Face à ces enjeux, la coopérative renforce ses missions d’accompagnement, s’impliquant notamment dans la transition environnementale. En 2024, les premiers audits d’impact climatique sur les élevages ont révélé des émissions de gaz à effet de serre en moyenne 3,5 % inférieures à la référence nationale. Certaines fermes atteignent même des niveaux remarquables de 1,59 kg CO₂eq/kg de porc vif, soit 45 % de moins que la moyenne. Sur le plan de la bientraitance animale, Cirhyo compte également généraliser les systèmes limitant la contention des truies et pousse les éleveurs à investir dans l’ergonomie, la lumière et l’alimentation adaptée. L’objectif étant de concilier bien-être animal, efficacité de travail et performance économique. De quoi envisager un avenir serein pour la filière.

Rémi Morvan