INVENTION
Coques en stock
A Grenoble, le Chardon doré réédite la fameuse noix de Grenoble. Cette coque de la taille d’un melon concentre tout le Dauphiné et le fait voyager à travers le monde.

Colorées, elles ont refleuri depuis un an à peine dans la vitrine de la pâtisserie Le chardon doré à Grenoble. Les noix de Grenoble, écrins rigides pour concentré de Dauphiné aux destinations les plus exotiques, ont bien failli disparaître du paysage local. Lorsqu’en 2008 les cartonnages Chioso, pour cause de départ à la retraite de leur dirigeant, cessent la production de ces boîtes en forme de noix, nul ne reprend le flambeau. Après 40 ans d’existence, les petites boîtes en carton mâché et pressé s’éclipsaient du paysage dauphinois. <i>« Tout le monde recherchait de telles noix à Grenoble »</i>, rappelle Sandra Todeschini, la gérante de la pâtisserie Le chardon doré, qui prend l’initiative d’un projet de réédition. Mais la piste du cartonnage est désuète. <i>« J’ai rencontré une entreprise de thermoformage qui s’est mise à notre portée »</i>, poursuit-elle. Car tout est à recréer, notamment le moule, qui représente un solide investissement pour une TPE*. D’autant que la commerçante souhaite que le produit soit entièrement réalisé en Isère. Après plusieurs mois de développement, elle dépose le modèle à l’INPI**et devient propriétaire d’un demi-moule ! La coque de noix est désormais réalisée en résine alimentaire. Etanche, elle offre de grandes propriétés de conservation. La pâtisserie met son nouveau produit à disposition de ses confrères avec pour objectif de lui offrir une large diffusion. A peine mise sur le marché, la nouvelle noix rencontre un écho très favorable, jusqu’au maire de Grenoble, parti à sa recherche après l’alerte donnée par une de ses administrées. Qualifiée de gardienne du patrimoine culturel grenoblois par l’édile, Sandra Todeschini apporte tout de même un grand coup de jeune à la coquille en la déclinant, dès l’automne 2012, dans les coloris fuchsia, orange et vert. Les fêtes de Noël dernier donnent même prétexte à une édition spéciale blanche parée d’un n�"ud rouge. Et le semi-transparent vient juste de faire son apparition. <br><h1> « Kit de survie » </h1><p>Attachée à la qualité du contenant comme du contenu, la pâtissière, est allée jusqu’au bout de sa démarche pour pouvoir apposer l’appellation noix de Grenoble sur les cerneaux qu’elle utilise bruts ou dans ses préparations. Elle s’approvisionne en effet auprès des producteurs de l’AOP noix de Grenoble, auxquels elle confie le soin de décortiquer leurs propres cerneaux. Et il en contient beaucoup dans cette coquille de noix. Parmi les assortiments proposés par Le chardon doré, le « Kit de survie » a retenu l’attention de Serge Papagalli, qui lui a consacré une rubrique. Le gâteau à la noix spécial JO - recette exclusive de la maison - des bonbons aux noix, des chardons, une mignonnette de Chartreuse constituent en effet une valeur sûre. <i>« C’est une petite boîte qui plait »</i>, reconnaît Sandra Todeschini qui a réussi un coup de maître avec cette réédition. Des générations d’enfants sont en effet partis en voyage scolaire à l’étranger avec leur grosse coquille de noix dans les bagages assurant une promotion gastronomique internationale à la spécialité locale. Mieux que cela, l’objet est un véritable couteau suisse. Étanche, il peut contenir la salade du pique-nique ou garder au sec un T-shirt dans le cadre de sports nautiques. Il se customise et se transforme même en �"uf de Pâques ou en tirelire.</p><p><br></p><h6>Isabelle Doucet </h6><p><i>*TPE : très petite entreprise</i><br></p><i>**INPI : Institut national de la propriété industrielle</i><br><br><address>COMMERCE/ Idéalement située en centre-ville grenoblois, la pâtisserie Le chardon doré propose des produits traditionnels sous des formes novatrices. <br></address><h4>Place de la noix </h4><address> Rue Montorge, au carrefour de la place Grenette et du jardin de ville, la pâtisserie-salon de thé Le chardon doré occupe une place de choix. L’établissement existe depuis 1939 et a été repris en 1993 par Sandra Todeschni, représentante de la 5ème génération des pâtissiers installés rue de Bonne, où sont encore fabriqués tous les produits. Touristique à souhait, l’endroit est spécialisé dans les préparations à base de noix et consacre un emplacement aux produits régionaux. Les pâtissiers se veulent innovants en mettant des recettes traditionnelles au goût du jour, testant de nouvelles formes et de nouveaux goûts. La nouvelle coquille de la noix de Grenoble participe de cette démarche novatrice. En marge de la vente directe et garnie à la clientèle particulière du commerce, elle est également vendue vide à une soixantaine de clients professionnels. <i>« C’est un produit qui apporte un rayonnement à notre activité et grâce auquel je côtoie énormément de milieux : les producteurs de noix, les industriels, les services de règlementation, la chambre des métiers… »</i> La mise au point de la nouvelle noix a réclamé un an d’investissement en recherche pour parvenir au moule idéal, financé entièrement par la TPE. L’entreprise emploie six salariés en permanence, et renforce son équipe par des saisonniers en l’été. En 2012, elle a réalisé un chiffre d’affaires de 380 000 euros. <br></address><h6> ID </h6>