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Règlementation

Coup de blues sur le champ de foire

Entre la nouvelle règlementation sanitaire et le tour de vis sécuritaire, les organisateurs de la foire de Beaucroissant craignent que l'on touche à l'âme de cette manifestation ancestrale.
Coup de blues sur le champ de foire

Lors de l'édition de la foire de Beaucroissant d'avril, s'est clairement posée la question de la cohabitation d'animaux à concours et du bétail commercial sur fond de maladie IBR (rhinotrachéite infectieuse bovine). Les uns devant en être indemnes, faute de mettre la certification de l'élevage en péril, quand pour les autres, ce n'était pas encore le cas. La situation n'était plus tenable pour l'ensemble des parties. Faire le choix de conserver le concours bovin est revenu, pour la mairie, à créer un nouveau règlement et organiser le champ de foire différemment, avec le bétail d'un côté et le concours de l'autre. Deux manifestations indépendantes ont donc été déclarées, faisant l'objet d'une autorisation dérogatoire de la part de la haute autorité sanitaire accordée fin juillet, sous certaines conditions. Sur le champ de foire, les animaux doivent présenter un contrat sérologique de dépistage de l'IBR réalisé dans les 21 jours avant la manifestation. Le transport des charolais qui participent au concours sera fait de façon distincte. Les deux types d'animaux (bétail et concours) doivent être séparés ; ils le seront de 150 mètres sur le champ de foire. Un contrôle sanitaire est prévu.

Obligatoire en 2016

Max Josserand sera le seul négociant en bétail de la foire ayant accepté de jouer le jeu.

 

Si les éleveurs charolais s'estiment satisfait de ces mesures, en revanche cela rue dans les brancards côté négociants, de sorte qu'un seul d'entre eux, Max Josserand, sera présent cette fois-ci, ayant accepté de se déplacer dans le foirail et de présenter des animaux indemnes d'IBR. Les autres signifient leur incompréhension. « Il y a suffisamment de barres pour tout le monde, insiste Patrick Bouchet, le régisseur de la foire. On nous reproche de privilégier les charolais Sud-Est. Mais il faut être réaliste, ces animaux apportent une certaine aura à la foire et ne présentent pas de problème sanitaire.» « Tout le monde peut amener des animaux en IBR A, reprend Claude Rey, membre du bureau du syndicat charolais Sud-Est. Ce n'est pas insurmontable. » Le nouveau règlement de Beaucroissant ne change rien pour les éleveurs charolais. « Le problème a été posé au printemps avec les blondes d'Aquitaine et nous n'étions pas à l'abri. Sans ce règlement, on risquait de perdre la qualification de l'élevage et personne n'est prêt à la perdre. Sûr que certains ne seraient pas venus », poursuit Claude Rey. Au printemps dernier, les éleveurs de blondes ont été obligés de garder en quarantaine, pendant 20 jours, les bêtes qui avaient participé au concours régional de Beaucroissant car un bovin avait été contrôlé négatif à l'IBR. La qualification des troupeaux avait été suspendue autant de temps. Le Sommet de l'élevage, à Cournon, avait également connu telle mésaventure il y a deux ans. Pour éradiquer cette maladie au niveau national, la règlementation IBR sera obligatoire dans toutes les foires à partir de 2016.

 

Le concours charolais Sud-Est fête ses 20 ans à la foire de Beaucroissant.

Un prétexte

Aude de Montalivet, la vétérinaire du GDS38, insiste sur le fait que des marchands de bétail pourront toujours procéder à des analyses au dernier moment. D'une part, les services vétérinaires seront à leur disposition, d'autre part, le GDS s'engage à prendre en charge les frais pour inciter les négociants à jouer le jeu. Beaucroissant s'achemine donc vers une année de transition. Si les bêtes à concours sont désormais bien installées, il n'est pas certain que les négociants restent encore longtemps sur le foirail, l'IBR apparaissant comme un prétexte pour ne plus venir. « Les bovins se compteront plutôt par dizaines que par centaines », reconnaît Georges Civet, le maire de Beaucroissant. Alors, pour redynamiser ce secteur, qui attire les visiteurs, la mairie fait des appels du pied en direction des éleveurs de l'Isère, imaginant peut-être qu'un jour le concours départemental d'élevage se déroule à Beaucroissant.

 

Max Josserand sera le seul négociant en bétail de la foire ayant accepté de jouer le jeu.


Il n'y a pas que chez les bovins que le ciel s'est assombri. Du côté des chevaux, après le coup de filet du mois d'avril sur la filière équine, deux des plus gros négociants ne reviendront pas. L'opération a cependant permis d'assainir le secteur, mais seul un tiers des éleveurs et négociants habituels sera présent.
Heureusement, cela va plutôt bien pour les volailles, où les marchands sont toujours plus nombreux. La grippe aviaire, qui avait empêché certains commerçants de venir au printemps, a épargné la filière avicole cet automne.

On apparend par ailleurs que la coopérative Coopenoix ne sera pas présente à la foire de Beaucroissant cete année.

Isabelle Doucet
Sécurité

« L'ambiance a changé »

C'est un coup de massue qu'on reçus les organisateurs moins de 15 jours avant le début de la foire. Déjà fort occupés à arbitrer le débat entre les commerçants de bétail et les éleveurs charolais, ils n'avaient pas prévu que le ton se durcirait aussi du côté des services de sécurité. « Lors de la réunion préparatoire entre les services de l'Etat, la gendarmerie, la préfecture, le Sdis, la DDPP, la Croix rouge, la SNCF et EDF, nous en avons pris plein la tête. Il nous aurait fallu annuler 80 réservations entre le carrefour de la RN85 et l'entrée des volailles, au prétexte qu'il ne faut pas de visiteurs sur l'axe de sécurité ou qu'il fallait changer l'entrée de la foire. Cela s'est très mal passé », ne décolère pas le maire de Beaucroissant, Georges Civet. Une mauvaise nouvelle n'arrivant jamais seule, les organisateurs ont aussi appris que les gendarmes ne voulaient plus assurer la sécurité à la sortie des parkings, ni le renseignement aux personnes et s'en tiendraient à leur mission régalienne. Le tout fera l'objet, l'année prochaine, d'une convention. Laquelle s'accompagnera d'un volet financier qui pourrait s'élever entre 30 et 40 000 euros. Environ 80 gendarmes et réservistes assurent habituellement la sécurité de la foire de Beaucroissant.
Par ailleurs, les débits de boisson ne pourront plus servir que dans des verres en plastique et non plus des canettes. Les horaires de fermeture devront être respectés sous peine d'amende et des contrôles d'alcoolémie sont à prévoir à la fermeture. « C'est la première fois que ça se passe de cette façon, se désespère le maire qui voit la foire attaquée de toutes parts. L'ambiance a changé », constate-t-il avec amertume.
ID