Croixrousse : 10 ans et en pleine forme
« Elle a dix ans et elle est en pleine forme », Jérôme Crozat, savoure la victoire de Croixrousse, une superbe montbéliarde qui a fait première de sa catégorie, en 6e lactation, au Concours général agricole à Paris.
« Elle a été à deux doigts d'être désignée grande championne, ajoute son propriétaire. Le jury a hésité. »
Il souligne le palmarès de l'Isère et des exploitations de Rhône-Alpes, qui hors bassin montbéliard, ont fait une moisson de médailles à Paris.
« Dommage que le Dauphiné ne fasse par partie de la Franche-Comté », poursuit l'éleveur avec une pointe d'ironie.
Des choix génétiques
D'ailleurs, la belle avait déjà été intronisée championne adulte et grande championne au Montbéliard prestige de Besançon en 2014.
« Elle a une super ligne du dos pour une vache de 10 ans, ainsi qu'une profondeur de poitrine exceptionnelle », détaille Jérôme Crozat.
Surtout, au regard de son âge, ses aplombs sont toujours parfaits et sa mamelle impeccable, « alors qu'elle produit 50 kg aujourd'hui et qu'elle a eu des pics jusqu'à 60 kg de lait ».
La vache affiche une production moyenne de 10 500 l par an.
« Croixrousse reste une bête exceptionnelle », reconnaît son propriétaire.
Les deux frères, Claude et Jérôme Crozat, ont poursuivi et confirmé les choix génétiques opérés par la génération précédente sur le troupeau de vaches laitières, et avec l'aide du contrôle laitier. Jérôme Crozat insiste sur « la pertinence de ces organismes », mais note aussi que les exploitations doivent « retrouver de la capacité économique pour continuer à payer cette performance ».
L'ensemble du troupeau du Gaec du Dauphiné à Janneyrias, soit 140 laitières, est en insémination artificielle. Le troupeau est inscrit au schéma de sélection, « mais ce n'est pas une vache primée à Paris qui va faire relever le prix du lait », rappelle l'éleveur.
« Le principe des concours est de se comparer à d'autres, pour la profession agricole, c'est la mise en avant de la performance, reprend Jérôme Crozat. Ce sont aussi des moments de rassemblement, d'échange, de partage de technicité. C'est ainsi que l'on évolue ».
Le Gaec produit 950 000 litres de lait livrés à Danone et dispose d'une SAU de 150 hectares. Les associés emploient un troisième frère, ainsi qu'un salarié à mi-temps.
Vitrine de la région
En général, c'est à Claude Crozat que revient la responsabilité de présenter Croixrousse sur les rings.
Il est monté au Salon de l'agriculture avec les trois autres éleveurs de montbéliardes isérois sélectionnés et ceux de Rhône-Alpes, dans une ambiance et un état d'esprit convivial.
« Les éleveurs ont besoin de retrouver une forme de solidarité en ces temps difficiles et d'avoir des projets d'avenir en ce qui concerne le prix du lait », souligne Jérôme Crozat.
Ces moments de confraternité et de démonstration sont « stratégiques pour retrouver une économie dans le monde de l'élevage laitier », insiste l'éleveur.
Il reprend : « Je suis satisfait pour l'exploitation et pour le département, on ne va pas à Paris pour se représenter soi-même mais pour être la vitrine de la région ».
Pas moins de 20 personnes de la famille Crozat et de son entourage avaient fait le déplacement à Paris pour le sacre de Croixrousse.
« C'était l'occasion d'amener des amis qui nous ont donné un coup de main. Ce sont des non initiés mais il se sont pris au jeu », lance Jérôme Crozat. Même le patriarche était du voyage, pour ce tour de ring inoubliable.
Isabelle Doucet
A lire aussi dans Terre dauphinoise :
