Cultiver une bonne image de l'agriculture

Son installation est d'abord une histoire de famille. Il avait toujours voulu reprendre les exploitations de son grand-père et de son parrain. Et aussi une histoire de passion. Pour l'élevage en général. Pour la race limousine en particulier. Clément Guillaud, installé à Sainte-Blandine depuis 2009 a réalisé son rêve. En plus d'exploiter 85 hectares de surfaces (30 de prairies et 55 de céréales), il élève aujourd'hui un troupeau de 40 vaches allaitantes avec engraissement des produits. Il engraisse aussi une cinquantaine de bêtes à l'année pour Dauphidrom. Et il possède un atelier avicole de 9 000 poulets « Label rouge ».
La fibre concours
Le jeune éleveur a toujours eu un attachement particulier pour la limousine. « J'estime qu'elle est plus facile à mener que d'autres races et qu'elle a des aptitudes au vélage et à l'engraissement. Pour moi, ses qualités bouchères permettent une valorisation au kilogramme de carcasse un peu plus intéressante. Et, en plus, c'est une race élégante et jolie », détaille Clément Guillaud. Si, au début, il n'était qu'engraisseur spécialisé, il a très vite voulu avoir son propre troupeau, pour faire naître et élever, et pour avoir des revenus plus réguliers. « En engraissement, le système nous rend dépendant de multiples facteurs tels que les prix du maigre, de la carcasse, du tourteau », précise-t-il. Son adhésion au syndicat Udelim (Union départementale des éleveurs de Limousines de l'Isère) a fini de le conforter dans sa passion. Et il sent bien que « la fibre des concours est en train de monter ». « Mais tout en restant raisonnable », assure-t-il. D'autant que sa compagne - qui nourrit le projet de s'installer par la suite - partage sa passion. « Ces concours représentent une opportunité pour montrer du savoir-faire, même si j'ai encore une bonne marge de progression, puisque je suis seulement dans ma quatrième année de vélage et qu'aucune sélection en matière de morphologie des bêtes, de développement squelettique et musculaire et de croissance des veaux, n'a encore été faite », indique le jeune passionné.
Abandonnés
Quelques jours avant le concours départemental d'élevage auquel il emmène cinq bêtes (deux mâles de deux ans, une génisse de trente mois, un mâle d'un an et une génisse d'un an), il prépare ses animaux, afin qu'ils soient les plus beaux le jour J. C'est déjà sa troisième participation au départemental. Un concours qui permet de « montrer au grand public une vitrine de l'élevage isérois. S'il apprécie aussi le rendez-vous entre éleveurs pour se retrouver entre professionnels dans une ambiance plus décontractée que dans les autres occasions et se comparer, il estime que le plus important est de profiter de l'occasion pour donner une autre autre image de l'agriculture. « Car, plus l'agriculture française aura une bonne image, plus le consommateur sera sensible à acheter des produits français ». Et au regard du contexte de crise dans lequel sont plongés les éleveurs, c'est une priorité. Selon Clément Guillaud, le besoin d'une agriculture française, la nécessité de nourrir la population et d'entretenir les territoires ne sont plus pris en compte par les politiques. « Nous nous sentons abandonnés. Il faut arriver à ce que tous les maillons de la chaîne partagent les marges », soutient l'éleveur. Et si la perspective de fin d'une partie de ses annuités l'année prochaine lui fait espérer un peu de souplesse, il est certain qu'il ne faudra pas que la situation dure des années. Et d'espèrer que ça aille mieux demain. Surtout que, même s'il a déjà mis en route de nombreuses évolutions dans son exploitation, il a encore des idées plein la tête. Y compris celle, bien plus lointaine, de transmettre un beau troupeau à ses enfants.
Isabelle Brenguier