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Portrait

De l'élevage des cochons à la fabrication des jambons

Avril Desplanches s'est installée hors cadre familial en créant un élevage de porcs plein air, avec transformation et vente directe à Tullins. Son parcours n'était pas tracé d'avance, mais elle n'a pas ménagé ses efforts pour atteindre ses objectifs.
De l'élevage des cochons à la fabrication des jambons

« Ne pas faire comme les autres et répondre à un besoin non satisfait ».

Tels étaient les objectifs d'Avril Desplanches, lorsqu'elle s'est installée en tant qu'agricultrice à Tullins en 2013.

Originaire d'Ardèche, de parents non agriculteurs, rien ne prédestinait la jeune femme à élever des porcs en Isère.

Sauf qu'elle a toujours aimé le grand air et les animaux.

Après une formation dans la filière bois au centre d'études forestières et agricoles de Montélimar, elle a travaillé pendant dix ans à la direction marketing d'une société distributrice de matériaux à Grenoble.

Mais, installée avec son compagnon agriculteur à Tullins, elle participait déjà activement aux travaux agricoles.

Ce qui lui a donné envie de s'installer.

Le cheval était sa passion, mais consciente que le milieu n'offrait pas de réelles perspectives, elle a cherché « une activité à valeur ajoutée qui ne nécessitait pas beaucoup de foncier ».

La passion de son compagnon pour les cochons et une expérience de découpe en boucherie l'ont convaincu de se lancer dans cette activité.

« C'est un animal qui a un cycle d'engraissement relativement court - entre huit et dix mois - et qui se transforme », souligne-t-elle avec enthousiasme.

Force de communication

Les porcelets d'Avril Desplanches sont élevés en plein air et nourris avec des céréales produites dans la ferme et un complément végétal.

 

Avril Desplanches a créée son entreprise en février 2013, tout en continuant à travailler à Grenoble.

Elle a voulu apprendre son nouveau métier et s'assurer qu'il allait lui plaire avant de quitter son emploi.

Son premier porcelet est arrivé en août.

« Je l'ai appelé Piggy et je l'ai toujours. C'est ma mascotte », s'amuse-t-elle.

D'autres bêtes ont suivi et elle a commencé à construire des parcs autour du corps de ferme que le couple a retapé petit à petit.

Même si l'exploitation de son conjoint et la sienne sont implantées sur le même site, Avril Desplanches aime rappeler qu'elles sont indépendantes.

En 2014, elle a réduit son temps de travail à Grenoble pour augmenter la taille de son élevage.

Ses premiers cochons qu'elle a commercialisé localement avec force de communication ont été transformés par un prestataire en juin.

L'étude de marché qu'elle avait fait réaliser avant de s'installer n'a pas été démentie.

Les débouchés existent bel et bien.

Elle a commencé par tuer un porc par mois... puis deux.

Quand le moment où elle n'arrivait plus à tout faire est arrivé, elle a démissionné pour se consacrer entièrement à son projet agricole. 

Expérience

La jeune éleveuse achète ses animaux à deux mois et demi, quand ils pèsent autour de 25 kilogrammes, à la ferme de l'Aune, un naisseur implanté à Voiron.

Ils sont élevés en plein air et nourris avec des céréales produites dans la ferme et un complément végétal sans OGM qui apporte les protéines et acides aminés nécessaires.

Chaque lot de cochons dispose d'un parc extérieur avec abreuvoir, bain de boue et cabane paillée.

« Pour moi, le bien-être animal est une priorité », souligne-t-elle.

L'agricultrice a, aujourd'hui, atteint son rythme de croisière.

Sa ferme est dimensionnée pour engraisser 45 porcelets.

Pour garder le rythme, elle en rentre et elle en tue quatre par mois.

Si Avril Desplanches a sous-traité la découpe pendant deux ans et demi, elle dispose, depuis janvier, de son propre outil de transformation.

Pour parfaire son apprentissage en la matière, la jeune femme a suivi une formation à l'Enilv (Ecole des industries du lait et des viandes) d'Aurillac et bénéficie des conseils de Pierre Ruibet, un charcutier qui avait pris sa retraite, mais qui a repris du service via le groupement d'employeur, Agri-Emploi.

Elle profite de son expérience, mais s'attache, en parallèle, à prendre la main sur les différentes étapes nécessaires, estimant qu' « il faut répéter les mêmes gestes pour qu'ils deviennent des automatismes ».

Ensemble, ils ont à cœur de diversifier la gamme de charcuterie pour proposer de nouvelles saveurs à la clientèle et répondre à ses attentes.

La vente de ses produits est réalisée dans le magasin qu'elle a créé à la ferme et au marché paysan de Tullins.

 

Avril Desplanches commercialise ses produits dans son magasin de la ferme et au marché paysan de Tullins.

 

« Comme nous avons un contact direct avec les clients, nous pouvons faire évoluer les produits et nous adapter à leurs demandes », explique la jeune femme. 

Autour de cet élevage, Avril Desplanches met à disposition des jardins partagés et, revenant à ses premières amours, elle s'active à mettre en place une activité de pension pour les chevaux. En cinq ans, le domaine de Pont Gros de Tullins a beaucoup changé.

La jeune agricultrice n'a pas ménagé sa peine, ni compté ses heures pour réhabiliter la ferme et ses abords et créer les outils nécessaires à son élevage.

Des efforts qui n'ont pas été vains.

Loin de regretter son parcours, elle reconnaît volontiers que son expérience de salariée lui a permis d'acquérir de nombreuses compétences, de solides bases en matière d'études de marché, de marketing, de relationnel avec les clients et qu'il l'a aidé à être polyvalente et à avoir plus d'assurance.

« Lorsqu'on fait de la vente directe, c'est un vrai plus », se satisfait-elle.

Isabelle Brenguier

Assainissement écologique en phytoépuration

Avril Desplanches s'est orienté vers un assainissement écologique en phytoépuration.
Quand elle s'est installée, Avril Desplanches tenait à ce que son projet agricole « contribue favorablement à l'environnement ».
D'où son choix de s'orienter vers un assainissement écologique en phytoépuration, en fonctionnement depuis janvier.
Ce système permet de traiter les eaux de la maison et du laboratoire.
Il fonctionne grâce à des bassins remplis de sable dans lesquels sont plantés des roseaux qui permettent de filtrer les eaux usées.
Ce dernières passent donc dans deux bacs (le premier a des filtres plus grossiers et le second plus fins), puis dans un champ d'épandage qui absorbe le trop plein.
Plusieurs tonnes d'agrégats, de graviers et de sables spécifiques ont été utilisées.
C'est un système qui ne s'improvise pas. Une attestation de conformité approuve son bon fonctionnement.
IB