De l'industrie aux " petits poulets "

Elle n'était pas destinée à l'agriculture, mais à l'industrie agro-alimentaire. Et pourtant. Son deuxième congé parental l'a décidé à reprendre le chemin de l'école pour suivre un BPREA à La-Côte-Saint-André, et à s'installer avec son père au sein de l'exploitation avicole qu'il a créé en 2000 à Chassignieu. Et elle ne regrette pas. Car, aujourd'hui, Bérengère Belemain-Gudimard, elle les aime ses « petits poulets ». Et elle est fière de la volaille de chair (poulets, pintades, canards) et festive (dindes et oies) qu'elle produit, sans pour autant renier son expérience dans l'industrie agro-alimentaire qui lui a apporté méthodologie de travail et compétences, notamment dans le domaine de l'hygiène.
De nouvelles attentes
Elle estime avoir de la chance, car elle n'est pas partie de rien. Son parcours à l'installation agricole et son passage devant les banques s'en sont trouvés facilité. Et, si elle affirme, sans aucune hésitation, que le plus compliqué a été l'administratif, la jeune agricultrice est épanouie, et pleine de projets. D'abord, la mécanisation de l'exploitation avec l'installation d'abreuvoirs automatiques et de poulaillers déplaçables. Mais surtout le développement de ses ventes. Le roulement mis en place aujourd'hui avec l'achat toutes les trois semaines de lots démarrés de 160 volailles permet aux Gudimard de toujours avoir des animaux à abattre. Mais ce niveau de production de 3 000 volailles par an ne demande qu'à être augmenté. « Raisonnablement », assure Bérengère Belemain, qui ne veut pas de milliers de poules en intégration. Elevées en enclos, nourries avec les céréales produites au sein de l'exploitation, abattues sur place à 22 semaines dans un abattoir non agréé (nouveau nom des anciennes tueries), les volailles de la ferme de Coderon sont commercialisées en circuits courts dans les marchés de Virieu-sur-Bourbre et de Bourgoin-Jallieu ainsi que dans quatre ruches régies par le site Internet « La ruche qui dit oui ». « Nous commercialisons les volailles entières, mais nous faisons aussi de la découpe : filets, cuisses, sautés, ailes marinées, roulés de pintades, filets de canards... Cela prend du temps, mais répond à de nouvelles attentes que nous souhaitons satisfaire », analyse la jeune femme.
Donner envie
Soucieuse de l'image de l'exploitation, elle prévoit aussi des travaux pour embellir les abords de la ferme (réfections de la cour et de la façade), de façon à développer les ventes sur place. « Cela peut sembler futile, mais je crois que c'est très important. Inconsciemment, je pense que les clients peuvent associer les produits aux lieux. Il faut donc leur donner envie », considère la jeune agricultrice. A l'aise dans ses bottes et dans son exploitation, elle cherche également à développer son réseau. Localement avec les autres agriculteurs du secteur, mais aussi avec les autres éleveurs de volailles. Si elle n'est pas encore membre de l'Association des producteurs fermiers de l'Isère, elle est très intéressée par les formations proposées. « Dans le monde de la volaille, nous sommes un peu seuls au monde. Ce n'est pas comme dans l'Ain ou la Drôme », estime-t-elle. Ces formations nous sont aussi utiles pour nous retrouver et échanger sur toutes les questions que nous pouvons nous poser ».
Isabelle Brenguier