Dephy Expe 2 : combiner des leviers alternatifs à la lutte chimique
Utiliser les pesticides en ultime recours dans des systèmes agricoles diversifiés, tel était l’objet des projets du réseau Dephy Expe 2 (2018-2024). Une grande journée de restitution de résultats a été organisée le 13 mars dernier dans la Drôme, devant un public majoritairement composé d’étudiants du lycée agricole Le Valentin.

Conformément aux objectifs de réduction des usages de produits phytopharmaceutiques (PPP) de 50 % à horizon 2025, le réseau Dephy Expe 2 (2018-2024) s’est appuyé sur 41 projets d’expérimentation de systèmes agroécologiques pour un usage des pesticides en ultime recours. « Ce dispositif a comme finalité d’éprouver, de valoriser et de déployer des techniques et des systèmes agricoles réduisant l’usage des produits phytosanitaires. Le but est de produire des références appropriables pour documenter les solutions vers la réduction forte de l’utilisation des phytosanitaires, tout en restant économiquement performant. À terme, l’enjeu est aussi d’encourager un maximum d’agriculteurs vers des dynamiques de changements de pratiques au regard de l’utilisation des phytosanitaires », a indiqué Virginie Brun, cheffe de projet Dephy Ecophyto et responsable de la cellule d’animation nationale Dephy. Ces expérimentations ont permis de mettre en œuvre une très grande diversité de leviers combinés entre eux à travers des approches d’efficience (optimisation de la pulvérisation, contrôle cultural et prophylaxie), de substitution (luttes physique, biochimique ou biologique) et de reconception (lutte génétique, diversification des espèces, mixité des systèmes, etc.).
Définir de nouvelles stratégies
Ces six années d’expérimentation nous ont permis de définir des stratégies combinant des leviers d'action différents, dont le recours à la régulation naturelle des bioagresseurs, qui ont montré de bonnes performances en termes de productivité, de rentabilité et de forte baisse des indicateurs de fréquence de traitements phytosanitaires (IFT). Toutefois, ces stratégies présentent rarement des rendements et/ou des coûts constants (en temps ou en charge d’investissements). De plus, les performances de ces stratégies dépendent de la pression de l'année et de l'évolution du climat, modifient l’équilibre de l'agroécosystème et peuvent entraîner l'émergence de nouveaux bioagresseurs. Ces solutions requièrent des apprentissages assez longs pour maîtriser la mise en œuvre de certains leviers et les règles de décision associées et repenser des choix tactiques. Elles impliquent aussi des évolutions dans l'organisation des territoires et des filières. Par ailleurs, « certaines situations, comme le mildiou, les thrips, les pucerons, les vivaces, etc. restent particulièrement problématiques, voire sans alternatives acceptables », a annoncé Émeric Emonet, animateur du réseau Dephy Expe.
Désormais, le cadre d’évaluation globale des stratégies testées est à consolider. De nombreuses questions restent en suspens : parvient-on à maîtriser les principaux bioagresseurs avec ces stratégies ? Les niveaux de production obtenus sont-ils compatibles avec des objectifs de souveraineté alimentaire ? Les stratégies sont-elles rentables ?
Amandine Priolet
Émeric Emonet

Virginie Brun
