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Fleurs coupées

Des fleurs coupées "Made in Isère"

Les fleurs coupées produites en France sont aujourd'hui une denrée rare. Anouchka Chaix et Noha Meynet font de la résistance. Elle viennent toutes deux de développer leur activité. Leur démarche est devenue innovante.
Des fleurs coupées "Made in Isère"

A offrir ou à s'offrir, un bouquet de fleurs fait toujours plaisir.

Même s'il a souvent parcouru de nombreux, voire de très nombreux kilomètres, avant de colorer et d'égayer un intérieur, les productions de fleurs coupées en France étant devenues rares.

Anouchka Chaix rêvait de devenir fleuriste. Elle est devenue productrice de fleurs coupées biologiques qu'elle commercialise elle-même. « C'est très intéressant, puisque je pars de la graine pour élever la plante, récolter la fleur que je mets en valeur et vends à mes clients », assure-t-elle avec enthousiasme.

Ses études de fleuriste et son Bepa production horticole en poche, la jeune femme a mûri son projet, faisant évoluer son rêve de petite fille en réel projet professionnel qu'elle a concrétisé en s'installant en janvier 2015 dans les terres familiales de Varces-Allières-et-Risset, au sud de Grenoble.

Contact privilégié

Anouchka Chaix est productrice de fleurs coupées biologiques à Varces-Allières-et-Risset, dans le sud-grenoblois.

 

« Au départ, je voulais tenir une boutique, mais j'ai eu l'opportunité d'avoir des terrains et j'ai accepté la proposition de mon père de reprendre d'ici quelques années son exploitation de plantes médicinales. J'ai donc décidé de m'installer. Je ne regrette pas. J'ai toujours eu un lien très fort avec la terre », explique Anouchka Chaix.

« Je peux ainsi développer mon projet tel que je l'entends. Cela me permet de produire et de commercialiser des fleurs locales et bio. Cela correspond davantage à mon éthique que d'acheter et revendre des fleurs produites à l'autre bout du monde, dans des conditions sociales et environnementales éloignées de mon idéal », reprend-t-elle.

Après avoir suivi le parcours à l'installation de la chambre d'agriculture, Anouchka Chaix s'est installée sur une surface d'environ un hectare.

Elle cultive sous serres ou en plein champ différentes variétés de plantes.

De février à octobre, elle enchaîne, au rythme des saisons, les cultures de narcisses, tulipes, lys, pivoines, arums, glaïeuls, iris, dalhias et autres alstroemerias, passant le plus clair de son temps à la production et à l'entretien.

Outre les compositions qu'elle réalise à l'occasion de mariages ou de baptèmes, elle vend ses produits au marché bio de Meylan et de Hoche à Grenoble, ainsi qu'au magasin de producteurs « Un bout de campagne », à Claix.

Cela lui a permis d'établir un contact privilégié avec sa clientèle qui apprécie ses fleurs « parce qu'elles sont belles, durent longtemps et qu'elles sont produites localement ». « Les produits locaux sont dans l'air du temps. Cela plaît beaucoup, même pour des fleurs. En revanche, je ne pense pas que le fait qu'elles soient bio importe vraiment les clients, car ce n'est pas un produit qui se consomme. Mais cela me tenait à cœur. C'est important pour ma santé, l'environnement et comme mon exploitation se situe dans l'enceinte de la zone de captage des eaux de Grenoble, cela me semble logique », indique l'horticultrice.

Cours d'art floral

Pour l'instant, Anouchka Chaix ne se rémunère pas.

Mais elle est confiante. 2016 était sa première année complète de production.

Elle sait qu'elle peut progresser, elle doit se faire la main. Pour autant, ses premières ventes ont été bien acceuillies et elle n'a encore pas encore mis en œuvre tous ses projets.

Elle prévoit d'organiser en 2017 la vente sur place de ses fleurs qui seront ramassés directement par ses clients.

« Cela leur permettra de voir comment et où poussent mes fleurs et d'avoir la satisfaction de sélectionner eux-mêmes leur bouquet. Je pense qu'ils peuvent apprécier de passer un moment à la campagne et de mettre leur main dans la terre. La situation de l'exploitation en périphérie de Grenoble est un atout. Nous sommes dans une zone plutôt favorisée. Et à moi, cela me permettra de gagner du temps », explique-t-elle.

Anouchka Chaix prévoit aussi de développer les cours d'art floral qu'elle a commencé de proposer.

Isabelle Brenguier

Un marché à prendre

Noha Meynet teste une activité de production de fleurs coupées via
De l'autre côté du Vercors, à Varacieux, Noha Meynet suit une démarche similaire.
Depuis le temps qu'elle avait ce projet de production de fleurs coupées, elle le développe en s'appuyant sur « La boîte à essais », l'espace test agrirural de Chatte qu'elle a intégré en avril 2016.
Elle réalise ses plantations, sous serres et à l'extérieur, de fleurs telles que des reines marguerites, des dalhias, des mufliers et les commercialise, pour l'instant, au marché de Saint-Marcellin. 
« La boîte à essais » lui sert pour son hébergement fiscal et administratif.
« L'accompagnement qui m'est proposé est précieux. Il me permet de ne pas être isolée et me donne des clés pour développer une activité viable. Cela me permet de réfléchir à de nombreuses questions telles que la communication, la commercialisation, la gestion du temps de travail... Cela me permet d'établir des priorités, d'y voir plus clair, de structurer mon projet. Le développement d'une activité de ce type prend plusieurs années. C'est pour cela que nous avons trois ans pour nous essayer. C'est le temps nécessaire pour s'assurer qu'un projet est viable », explique Noha Meynet.
Celui de la jeune femme s'appuie sur la production, sur une petite surface, d'essences qui occupaient les jardins de nos grand-mères mais qui ont été mises de côté.
« Ma clientèle apprécie de retrouver ces fleurs et de savoir qu'elles ne viennent pas d'Israël ou d'ailleurs. Je fais du nouveau avec de l'ancien. C'est un retour aux choses simples. Je propose plutôt des bouquets champêtres que je vends à des prix peu élevés. Les fleurs ne sont pas un produit de première nécessité. Mais je suis convaincue qu'il y a un marché à prendre », estime Noha Meynet.
IB