Des heures de traite laitière en moins
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Comment passer de deux heures et demi de traite matin et soir à une heure deux fois par jour ? En changeant radicalement le mode de traite du troupeau de vaches laitières. C'est le choix qu'on fait Raphaël et Marilyne Peyrola, frère et sœur, dans le Gaec familial l'Orée du bois, à Saint-Jean-de-Bournay, qu'ils gèrent avec leurs parents. Ils ont visité de nombreuses fermes et installations avant de se décider pour un système de traite rotatif. L'exploitation de 160 hectares en polycultures élevage, dispose d'un troupeau de 90 vaches laitières, des prim'holstein principalement, et d'un quota de 804 000 litres collectés par Sodiaal. Chez cette lignée d'agriculteurs, chaque génération a eu sa salle de traite : 2x3 pour les anciens, 2x5 pour les parents et 1x22 postes aujourd'hui... « Cela nous a changé la vie », se réjouit l'agricultrice. Le projet de ferme était clairement orienté vers une amélioration du confort des hommes et des bêtes, sans chercher à agrandir le troupeau. Les installations de ce type se comptent sur les doigts d'une main en Isère. Elles supposent un investissement conséquent.
A l'Orée du bois, c'est le savoir-faire de Raphaël, en termes d'ingénierie de bâtiment et de construction, qui a permis de franchir le pas. Le trentenaire a déposé le permis de construire pour le bâtiment de 366 m2 destiné à accueillir la nouvelle salle de traite fin 2011, et l'a obtenu en mars 2012. « C'est seulement à la fin octobre qu'un professionnel a pu réaliser la fosse pour l'aire d'attente sur caillebottis », lance-t-il. Entre-temps, l'agriculteur avait pris le chantier en main. Débuté en mai 2012, il l'a achevé en décembre 2012, accomplissant un travail de titan. Pas moins de 800 mètres de ferraille, 1 km de gainage à passer pour la seule chape ; des fondations à la charpente, il s'est chargé de tout, y compris du coffrage cintré et de la coulée de la dalle circulaire de 11,30 mètres de diamètre. « J'ai fait 100% de la préparation du chantier. Pour couler le béton, des amis nous ont aidés », explique modestement le fermier. En kit, il a reçu la charpente métallique qu'il a montée, avant de poser les panneaux sandwich et finalement, recevoir l'équipement de traite.
La première traite
« Nous avons hésité entre trois constructeurs, mais dans le système que nous avons pris, la maçonnerie me paraissait plus simple à réaliser », justifie l'exploitant. En effet, le système adopté est installé en hauteur, à un mètre du sol environ et ne réclame pas de fosse. L'ensemble du dispositif est doté d'un filtre à roseaux pour les eaux vertes et d'une fosse pour les eaux blanches. « Les eaux sont triées sous le roto et nous sommes équipés d'une pompe de relevage », insiste Raphaël Peyrola.
C'est entre le 29 et le 30 janvier 2013 que la nouvelle installation a été lancée. Une fois la collecte du soir passée, l'agriculteur a basculé ses tanks à lait pour que tout soit prêt au matin. « A la première vache, on ne pouvait plus reculer ». Deux heures de traite le premier jour et rapidement plus qu'une heure, une semaine après. « Au début, on se sent tout petit au milieu de la structure, poursuit Maryline Peyrola, préposée à la traite avec sa mère. Nous avions une petite appréhension de mettre les vaches au-dessus du sol et quelques unes n'ont pas donné de lait. Et puis, il a fallu les pousser, mais elles se sont habituées. Même les plus pénibles y vont ». Il faut dire que la salle d'attente est équipée d'un chien électrique dont les bovins ont rapidement compris le fonctionnement, facilitant l'accès à la salle de traite.
Gestion du troupeau
Après plusieurs mois d'utilisation, les agriculteurs, se disent très satisfaits de leur nouvel équipement. D'abord, parce que cela se passe bien avec les vaches qui entrent toutes les 30 secondes environ dans le caroussel. « C'est un peu le travail à la chaîne, mais on ne court pas », précise Marilyne. Les bêtes effectuent leur tour de piste en 12 mn. « La vitesse du rotor se règle toute seule, s'il y a une vache longue à traire, elle se réduit de 50% à six postes de la sortie et si ce n'est pas terminé à deux postes de la fin, le rotor s'arrête et attend », précise Raphaël. Le système entièrement informatisé, mais qui peut aussi fonctionner de façon autonome en cas de panne, compte beaucoup de possibilités de paramétrages pour accompagner la gestion de la traite.
Ainsi, les vaches sont équipées d'un collier d'identification. A leur passage, leur numéro apparaît sur le pupitre de contrôle qui fournit de nombreuses informations, comme leur stade de lactation, la production de chacune ou sa situation sanitaire, s'il s'agit par exemple d'une vache sous traitement antibiotique et à trier. « Aussitôt, la griffe se bloque », apprécie Raphaël, plus à l'aise en mécanique qu'avec les vaches, mais qui reconnaît que ce système lui facilite la vie. La conductivité du lait de chaque vache et donc l'état de la mamelle sont captés, la production moyenne sur sept jours est aussi indiquée. En option, un haut parleur peut même nommer la vache ! « Cela nous change du système basique », reconnaissent les exploitants qui pilotent désormais l'installation avec le logiciel de gestion de troupeau Dairyplan.
Econome en énergie
Sur le plan énergétique, les agriculteurs s'y retrouvent aussi. D'abord, le bâtiment, orienté au nord, offre une inertie qui n'a pas encore nécessité de chauffage en hiver et ne monte pas en température en été. Sur les 600 litres d'eau nécessaires au lavage, 400 litres sont désormais récupérés. De plus, le nouveau pré refroidisseur permet d'abaisser les 1 200 litres d'une traite à 15° en une heure au lieu de 2h30 précédemment. Son eau est elle-même récupérée pour alimenter le chauffe-eau. Enfin, le petit moteur du rotor, qui entraîne pourtant les 40 tonnes de l'installation une fois chargée, ne consomme pas plus qu'un petit robot ménager, de sorte que l'installation électrique ne disjoncte plus. Parmi les évolutions du dispositif envisagées, le logiciel devrait étendre ses fonctionnalité au calcul des rations par vache du distributeur automatique de concentré (DAC), mais surtout permettre à terme, un lien direct entre le contrôle laitier et l'élevage, vache par vache.
Le nouvel équipement suscite la curiosité et la ferme a reçu pas mal de passage depuis le mois de février. Récemment, trente enfants d'une école ont assisté à la traite, sans stress de part et d'autre.
Isabelle Doucet
Témoignage / Les agriculteurs retrouvent le temps de vivre et les animaux sont moins stressés.
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