Des limousines en pleine croissance

Laurent Michel, président du syndicat départemental Udelim, est un des trois éleveurs isérois inscrits au herd-book de la race limousine. « Par intérêt pour la généalogie, parce qu'avoir des animaux inscrits est un gage de qualité, pour gagner en technicité et recevoir des conseils », explique-t-il. Il élève des limousines depuis 20 ans dans un vallon de Primarette. Aujourd'hui, ses bêtes étant certifiées, il peut vendre des taureaux reproducteurs : « Une reconnaissance ». Avec décontraction et bonne humeur, il explique sa démarche. Laurent Michel a repris la ferme familiale dont l'activité d'origine était la production ovine. Il s'est tourné vers l'élevage bovin et la race limousine en raison de ses qualités de vêlage. Son exploitation compte 68 vaches dont une seule, la plus âgée, n'est pas inscrite. En 2013, 21 bêtes étaient qualifiées « reproductrices reconnues » (RR) et trois « reproductrices recommandées » (RRE) ; le top. Le taux d'insémination artificielle (IA) est de 12%. L'éleveur reconnaît son point faible : « J'ai un souci avec la réforme. Je garde mes vaches. Elles restent de bonnes vaches ». L'exploitation compte ainsi un lot de vieilles mères d'une dizaine d'années qui continuent à produire « et ne sont pas prêtes de partir... »
Vente directe
La SAU de l'exploitation s'étend sur 136 hectares dont 30 de céréales, 34 de prairies temporaires et 72 de prairies permanentes, avec des rendements qui ne dépassent pas 40 quintaux sur des terres que guette l'humidité. « C'est un système extensif à herbe. Il n'y a pas d'ensilage », précise l'éleveur. Il a fait le choix de la vente directe. « Il y a un gros potentiel en Isère. C'est un département qui consomme trois fois plus de viande qu'il n'en produit », indique Laurent Michel aux éleveurs de limousines de la région, en visite dans son exploitation. Il est adhérent de Dauphidrom, mais très peu de bêtes prennent la filière de la coopérative. « Tous les taurillons partent en vente directe. » Nés à l'automne, ils sont sevrés à l'été. Passés par le pré, ils reçoivent en finition des rations de 4 à 5 kilos de farine. Laurent Michel met sur le marché des bêtes jeunes, conformes au goût de sa clientèle à la recherche d'une viande tendre. Les mâles ne dépassent pas 20 mois. L'éleveur travaille avec l'abattoir de La Tour-du-Pin. Ses frais s'élèvent à 6 euros/kg net carcasse sous vide. Il vend ses produits 12,50 euros/kg.
Regarder autour de soi
Laurent Michel est sûr de ses choix. Il préfère des bêtes présentant de bons bassins facilitant les vêlages et des vaches qui ont du lait. « Une grande partie du troupeau est issue de la section, précise-t-il. Avant d'aller voir au berceau, il faut regarder autour de chez soi. Et je ne m'en plains pas. » Pour preuve, les nombreux prix raflés par l'éleveur au dernier concours départemental de Saint-Laurent-du-Pont. Les index raciaux au sevrage ISEVR et IVMAT de ses mères sont au beau fixe. Pour les taureaux et les veaux, les index sont moins élevés. « J'achète les taureaux qui me plaisent, pas forcément en fonction des index », se justifie l'éleveur. Mais dans le prè, Fameux, 1250 kg, « un taureau comme je n'ai jamais eu » reconnaît Laurent Michel, rehausse, si besoin est, le niveau génétique du cheptel.
Isabelle Doucet
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