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Négociations commerciales

Désaccords de fond avant la réunion du 23 octobre

Désaccords de fond avant la réunion du 23 octobre

Les déclarations se multiplient autour de la question des négociations commerciales et les industriels de l'agroalimentaire ne sont pas optimistes. « Si les négociations dans le cadre de la loi Hamon (sur la consommation, ndlr) sont pires que les précédentes nous demanderons officiellement une nouvelle loi. Et les récents rapprochements de centrales d'achats ne nous incitent pas à l'optimisme », a déclaré pour sa part le président de l'Ania (association des industries agroalimentaires), Jean-Philippe Girard, le 21 octobre, lors des Assises de l'alimentations, qui se tenaient à l'occasion du Salon international de l'alimentation (Sial) à Paris. « La loi Hamon n'est déjà plus adaptée à la nouvelle situation. La concentration s'est poursuivie, cette loi ne va pas assez loin », commente son vice-président aux relations industrie-commerce Jérome Foucault. Ces dernières semaines, Système U et Auchan, suivis de Casino et Intermarché ont annoncé le rapprochement de leurs centrales d'achats. Les quatre premières centrales d'achats couvrent 90% du marché, estime l'Ania.

« Au bout du processus »

Du côté du gouvernement, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a insisté le 21 octobre devant l'Ania, comme l'avait fait la veille Manuel Valls devant Coop de France, sur la nécessité pour la grande distribution d'abandonner sa stratégie de guerre des prix. « Cette stratégie n'est plus le moyen d'augmenter les parts de marché », insiste Stéphane Le Foll. Celui-ci réunira les filières alimentaires le 23 octobre avec Emmanuel Macron (ministre de l'Economie) et Carole Delga (commerce) pour tenter d'apaiser les relations commerciales et améliorer les conditions dans lesquelles les négociations annuelles démarrent. Le lendemain, sur BFM TV, le ministre de l'Agriculture a enfoncé le clou, affirmant qu'il veut « casser des logiques » de concurrence entre enseignes de la grande distribution, estimant que la déflation n'est bonne pour personne et menace l'emploi. « On est arrivé au bout du processus » de baisse de prix, qui « n'est plus positif du tout », a développé le ministre de l'Agriculture: « Les consommateurs, ce sont d'abord des salariés et la question est posée: est-ce qu'il va rester des salariés ? ». Alors que les distributeurs se regroupent, il a prévenu que les pouvoirs publics seraient vigilants « s'il y a une concurrence qui est faussée ».

Quant à la FNSEA appelle à un « retour aux équilibres » dans les relations commerciales entre fournisseurs et distributeurs. Pour ce faire, le syndicat met l'accent, dans un communiqué le 22 octobre, sur le « contrôles et les sanctions (...) indispensables pour rééquilibrer et mettre fin aux pratiques abusives », appelant le ministre de l'économie, Emmanuel Macron à faire « appliquer la Hamon, toute la loi Hamon ». Il reproche à la grande distribution « un comportement arrogant et des marges sanctuarisées alors que tout le monde se sert la ceinture » et s'inquiète des « regroupements récents des "achats" de certaines enseignes ».

Raillerie de Leclerc

Mais pour l'heure, la grande distribution reste fidèle à sa stratégie, à l'image de Michel-Edouard Leclerc qui raille le « feuilleton » que constituent les polémiques sur les négociations commerciales, « un marronnier pour la presse, un prétexte hypocrite pour les industriels, une pression inefficace sur les distributeurs », affirme-t-il dans une note de blog, le 21 octobre. « Les éleveurs peuvent toujours aller manifester sur les parkings des E.Leclerc. Que croyez-vous qu'il adviendra ? Qu'on va relever les prix ? Comme ça, sur injonction ? Et les consommateurs vont applaudir et vont acheter plus ? », développe-t-il. A l'adresse des politiques, il rappelle que « ce ne sont pas les distributeurs qui négocient les droits de douane, les traités de libre-échange ou qui suscitent l'embargo russe ». Selon lui, la réalité est que « les agriculteurs sont pris dans un étau : en amont les approvisionnements sont instables et les cours volatiles. En aval, les subventions diminuent avec la nouvelle PAC, et le marché se mondialise : Nestlé, Danone, Unilever font leurs courses partout sur la planète ». Il affirme toutefois que « les distributeurs et E.Leclerc au 1er chef, acceptent bien volontiers une main sincèrement tendue, un partenariat, hors de ces futiles polémiques, pour participer à la revalorisation des produits agricoles français ».

Bonne conduite

Dautres acteurs veulent encore y croire. Coop de France souhaite que la réunion du 23 octobre entre agriculteurs, industriels, distributeurs et ministres « soit l?opportunité d?une orientation partenariale de création de valeur durable pour tous les partenaires de la filière alimentaire ». « Il faut garantir une effectivité de la loi Hamon, pour assurer une stabilité juridique des négociations commerciales, tout en militant pour un Grenelle de l?alimentation afin de créer des lieux de concertation et de construction d?accords entre les différents maillons de la chaîne alimentaire », explique-t-elle dans un communiqué du 22 octobre.

Enfin, la Fédération du commerce et de la distribution a signé un « accord de bonne conduite » avec la Fédération des entreprises et entrepreneurs de France (FEEF) « pour des négociations et des relations commerciales respectueuses et loyales ». Cet accord définit « les principes clés qui doivent dicter leurs relations commerciales : la confiance, la clarté, la fidélisation, le partage et le respect mutuel. Ces principes sont tous assortis d?exemples précis des attitudes, actions et formalismes nécessaires au bon déroulement de ces partenariats », explique un communiqué du 22 octobre. Transformateurs et distributeurs vont « renforcer les conditions de mise en œuvre de la clause de revoyure contractuelle, et notamment en fixant un délai de 2 mois pour aménager une éventuelle évolution du prix et son application ». De plus, des « rendez-vous fréquents auront lieu pour accompagner les PME dans le développement de leurs produits, et leurs outils de compréhension du marché ». Cette annonce intervient la veille d?une réunion entre agriculteurs, transformateurs, distributeurs et gouvernement qui vise à apaiser les négociations commerciales. La FEEF rassemble plus de 600 entreprises fournisseurs du grand commerce. La FCD regroupe notamment Auchan, Système U, Carrefour, Casino, Cora.

 
Source : Agrafil