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Parasitisme porcin

Diarrhée mayonnaise : pensez à la coccidiose

Très fréquente chez le porcelet de 10 à 15 jours d'âge, cette endoparasitose provoque des diarrhées et des retards de croissance. A surveiller de près.
Diarrhée mayonnaise : pensez à la coccidiose

La coccidiose est une maladie digestive due à une infestation de coccidies (de type isospora suis chez le porc). Ce sont des endoparasites de très petite taille qui détruisent les cellules intestinales responsables de l’absorption des aliments. Très fréquente chez le porcelet de 10 à 15 jours d'âge (mais jamais en post-sevrage), la coccidiose provoque des diarrhées et des retards de croissance. « C'est une pathologie à cycle rapide qui frappe un grand nombre de portées, mais pas tous les porcelets d'une même portée », indique le docteur Patrice Naval. Le vétérinaire précise qu'il existe aussi une coccidie chez la truie (du genre Eimeria), fréquemment identifiée dans les selles des truies, mais non pathogène. « Il n'y a pas d'intérêt à la traiter », estime-t-il.

Traitement illusoire

En revanche, chez le porcelet, le parasite, localisé dans les cellules du tube digestif, est très abrasif et peut faire de gros dégâts. Si la coccidiose n'est pas mortelle, elle provoque une diminution de la croissance de plus de 10% selon les études. Les signes cliniques sont une alternance de selles diarrhéïques et de petits excréments durs. « Si vous constatez chez vos porcelets de dix à quinze jours une diarrhée mayonnaise alternant avec des petites crottes de type lapin, c'est à 100% une coccidiose », diagnostique le docteur Naval, qui ajoute : « Attention, quand elle est installée, il est déjà trop tard : les lésions sont faites et les traitements sont illusoires : rien ne marche ! ».

La principale source d'infestation vient de l'environnement : par des vecteurs vivants (rougeurs, insectes, animaux domestiques comme les chiens ou les chats), des animaux parasités (porcelets contaminés, faune sauvage : sangliers) ou par l'eau de boisson. « La maladie est plus sévère sur plancher en ciment, plus marquée en période chaude et en unités non compartimentées », avertit le vétérinaire qui recommande de porter une attention particulière aux adoptions : « Le porcelet adopté utilise beaucoup son environnement : il se contamine beaucoup et contamine les autres par voie de conséquence. » Attention, les œufs (ookystes) sont très résistants  (plusieurs mois, voire plusieurs années) et peuvent donc contaminer les animaux des bandes suivantes.

Comment se débarrasser des coccidies ?

Il ne sert à rien de traiter la diarrhée (il est trop tard) ou de se laisser tenter par des aliments anticoccidiens : la truie ne transmet pas la maladie et le porcelet n'y est plus sensible une fois sevré. La lutte passe donc par un traitement préventif trois à cinq jours après la mise-bas avec du toltrazuril par voie orale (à raison de 1 ml pour 2,5 kg de poids vif). Le docteur préconise d'utiliser le traitement par cycle afin de voir ce qui se passe et d'éviter le systématisme. Attention, le temps d'attente du toltrazuril est très long (77 jours) : il est impossible de l'utiliser si l'on veut commercialiser les porcelets à 8 kg. En production bio, il existe des produits phytothérapiques à visée anticoccidienne à donner (dans l'alimentation) en préventif aux truies gestantes ou allaitantes. Pour les porcelets, l'éleveur peut utiliser des produits à base d'huiles essentielles de chêne, echinacée , thym ou origan. Le docteur Naval signale également que l'argile et le charbon de bois sont aussi efficaces chez le porcelet que chez l'agneau.

En dehors du traitement préventif, la lutte passe par la désinfection avec un produit à visée anticoccidienne classique (prophyl, kenocox...). Pour les animaux élevés en pein air, il faut se pencher sur la question de la rotation des terrains : la rotation permet en effet de diminuer la pression d'infection.

Marianne Boilève