Diversifier pour dégager un revenu

Alexandre et Mickael Buisson-Simon ont repris l'exploitation familiale située à Saint-André-le-Gaz. L'un est arrivé dans le Gaec de Tramoley en 2000, l'autre en 2006 à la retraite de leur père.
A l'origine, la ferme ne comptait qu'un atelier de poules « et peu de terres », évoque Alexandre Brun-Buisson.
« A la reprise de l'exploitation de notre oncle, nous avons voulu nous diversifier avec des veaux de boucherie », poursuit-il.
« Des bâtiments se libéraient et nous ne voulions pas mettre tous les œufs dans le même panier. L'avantage de la diversification est de fournir un revenu plus lisse. »
Aujourd'hui l'exploitation se déploie sur deux sites, à Saint-André-le-Gaz et Saint-Didier-de-la-Tour.
Elle dispose d'une SAU de 120 ha (85 ha de prairie et 35 ha de blé et colza en cultures de rente), d'un atelier veaux de boucherie en intégration avec Drevon, d'un atelier de 30 000 poulettes démarrées avec la coopérative La Dauphinoise et de 80 vaches allaitantes de races charolaise et blonde d'Aquitaine.
Nouveau bâtiment
Les deux frères ont fait le choix de la filière longue et plus particulièrement de l'intégration pour deux ateliers afin de bénéficier de revenus réguliers. Les bovins sont vendus à un négociant.
Pour améliorer leur confort de travail, les deux associés ont lancé la construction d'un nouveau bâtiment d'élevage de 1 000 m 2 sur le siège de l'exploitation, destiné à accueillir 50 mères.
Les génisses prendront la place des vaches dans leur ancien bâtiment, libérant à leur tour un bâtiment de stockage.
L'exploitation évolue pour devenir plus fonctionnelle et que les bêtes soient moins serrées.
Diversification
Si l'organisme comptable Cerfrance a distingué ce Gaec, c'est parce qu'il répond à un certain nombre de critères du point de vue de la performance économique.
Les coûts de revient sont maîtrisés et l'excédent brut d'exploitation permet de dégager une marge d'orientation pour nourrir les projets des exploitants.
« La clé de la réussite : c'est la diversification pour dégager un revenu. Il n'y a pas de miracle », répète Alexandre Buisson-Simon.
Répartir le risque, le temps de travail, les a-coups de saisonnalité permet d'optimiser la gestion de l'exploitation, même si la question de la recherche de main-d'œuvre, notamment pour les poulettes « devient compliquée ».
Mais c'est aussi, pour l'heure, l'atelier le plus rentable.
Celui qui dégage le moins de marges serait l'atelier veaux de boucherie. « Mais il n'est pas facile de dissocier les charges par atelier », fait remarquer l'associé.
Quant au chiffre d'affaires, il se répartit entre les vaches allaitantes 40%, les veaux 30% et les poulettes 30%.
Autonomie
« D'un point de vue technique, il faut être à la pointe, bien s'occuper des bêtes pour avoir de bons résultats. Par exemple, cette année, sur 80 vêlages, nous n'avons pas perdu un seul animal. On ne peut pas faire mieux », reprend Alexandre Buisson-Simon.
Les deux frères sont aussi de sacré bricoleurs. « C'est un atout en agriculture », fait remarquer l'exploitant.
C'est grâce à l'autoconstruction que l'investissement dans le nouveau bâtiment d'élevage reste mesuré : 110 000 euros au total, subventionné à 40% par le PCAE, à 55% en emprunt bancaire et le reste en autofinancment.
La nouvelle stabulation sera livrée au printemps 2019.
L'autoconsommation reste aussi le but poursuivi en élevage.
« Nous n'achetons pas grand chose, hormis la paille pour les veaux et un peu de concentré. En foin et en céréales, nous sommes autonomes, indique Alexandre Buisson-Simon. Nous essayons de rentabiliser au mieux nos terres : nous introduisons une interculture dans la rotation blé et maïs pour pallier le manque de fourrage ».
Cette recherche d'autonomie alimentaire fait que les deux frères aimeraient bien s'agrandir en surface. Il réfléchissent aussi à un bâtiment pour les veaux.
Enfin, dernier atout pour une explotiation qui tourne, ils reconnaissent que leur père avait bien préparé la succession.
Les lauréats du Prix de l'Excellence agricole et rurale, se disent que leur conduite d'exploitation « n'est pas si mal que ça, même si on ne roule pas sur l'or. On en est loin ! »
Isabelle Doucet
Distinction / Cerfrance a décerné le Prix de la Performance économique au Gaec de Tramoley.Une tribune pour des initiatives
« Le prix de l'Excellence agricole et rurale est une initiative qui valorise la réussite du milieu agricole. Cela correspond aux valeurs que défend Cerfrance et nous n'avons pas hésité à y participer », rappelle Mathieu Ziegelmeyer, le directeur de Cerfrance Isère.Le conseil en expertise comptable spécialiste du milieu rural partage l'objectif du Prix lancé par Terre dauphinoise et remis au mois de septembre lors de la foire de Beaucroissant. « Nous souhaitons développer cet état d'esprit avec nos adhérents en les accompagnant dans la réussite, mais aussi dans leurs difficultés », indique le directeur.
A travers ce prix, Cerfrance a voulu récompenser un modèle d’exploitation qui recherche la performance économique selon des indicateurs propres.
En circuit long, il s'agit notamment du calcul du coût de revient, de l'EBE/Produits, et de la marge d’orientation.
Le Gaec du Tramoley, à Saint-André-le-Gaz, a fait le choix de la diversification avec des vaches allaitantes, des veaux et des poules en intégration. Un PCAE pour un bâtiment d’élevage a également été déposé.
« Ce sont des exploitants qui ont des idées et qui sont intéressants à accompagner. Le prix offre une tribune où ces initiatives sont mises en avant. Ce ne sont pas forcément les exploitations qui gagnent le plus d'argent », précise Mathieu Ziegelmeyer.