Du 22 au 29 mai, une dizaine de professionnels de la viande invite le grand public à venir déguster et parler métier

« Il y a dix ans, j'étais le seul boucher dans un rayon de cinq kilomètres. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Il y a une forte concurrence et il ne suffit plus d'ouvrir les portes de la boucherie pour avoir des clients. » Pour Christophe Jean, éleveur-boucher-traiteur aux Abrets, participer aux Rencontres Made in viande relève de l'action stratégique. Fils d'éleveur, il sait parler de ses charolais, pas de problème : ses preuves, il les a faites depuis longtemps. Mais depuis 41 ans que la maison Jean existe, le contexte a complètement changé. « C'est important de faire déguster notre viande et faire connaître notre métier, justifie le boucher. C'est une profession qui bouge beaucoup. Elle se trouve confrontée à la concurrence de la vente directe d'une part, des grandes surfaces de l'autre, surtout avec l'ouverture le dimanche matin, et se heurte à des difficultés nouvelles, comme la question des vegan. »
Etre visible
Pour s'en sortir, un boucher doit se montrer inventif. Et se résoudre à communiquer. C'est sans doute ce qui explique le succès de l'opération Made in viande dans le département cette année. Une dizaine de professionnels participent du 22 au 29 mai : ils étaient moitié moins en 2016. Car, comme en agriculture, la communication joue désormais un rôle inédit, essentiel, tant sur le plan économique que relationnel. « Au niveau communication, nous avions sans doute besoin d'une petite piqûre de rappel, estime Pascal Clavel, boucher à Voiron et président du syndicat professionnel isérois. Se manifester, c'est être visible. Et quitte à parler de viande, autant que ce soit ceux dont c'est le métier qui le fassent. D'autant que la viande, ça fait vivre du monde. C'est tout une filière, qui doit expliquer comment elle travaille. C'est sûr qu'il peut y avoir des problèmes dans certains pays, chez certains professionnels, mais les autres font bien leur métier et prennent soin des animaux, même si l'issue est fatale. »
A Viriville, la boucherie Feray, qui fête ses dix ans cette année, aborde sereinement sa deuxième édition de Made in viande. « On aime quand ça bouge, sourit Estelle Feray, la bouchère. C'est l'occasion de faire déguster nos produits, de les mettre en avant, d'expliquer comment on travaille, de montrer que tout est maison. Les gens se posent beaucoup de questions aujourd'hui. Ça engendre des discussions, des échanges, c'est très intéressant. Et puis, ça fait vivre le village ! »
Transparence
Le 25 mai, la maison Feray a donc invité son éleveur, Patrick Berruyer, et deux de ses génisses - des croisées blanc-bleu et charolais - à prendre part à l'événement, histoire de montrer combien les animaux sont bien élevés. « Le but des Rencontres est de répondre aux questions des gens et d'aborder en toute transparence les conditions d'élevage, la protection des animaux, l'origine et la qualité des viandes, les pratiques d'hygiène, la traçabilité, la place de la viande dans l'équilibre alimentaire », ajoute la bouchère, qui a préparé une petite exposition pour l'occasion avec des fiches sur les métiers d'artisan boucher et d'éleveur, l'environnement et le territoire, la préservation des paysages, un peu de pédagogie avec la famille des bovins et les races à viande, et un quizz pour couronner le tout. Du travail de pro.
Tous les professionnels ne vont pas forcément aussi loin dans la démarche. Mais, de Rives-sur-Fure à Montalieu-Vercieu en passant par la boucherie du Village à Jardin, chacun s'engage à ouvrir ses portes au public, pour faire découvrir son métier, son quotidien, les coulisses d'un atelier de découpe ou d'un labo de transformation. Certains ne consacrent qu'une matinée, d'autres se rendent disponibles plusieurs jours de suite, comme la boucherie Poulain de Chapareillan qui fait visiter son établissement tous les matins du 22 au 29 mai. A Meylan, la maison Picoto, une habituée des Rencontres, réalisera les 25 et 26 mai, des démonstrations de fabrication maison. Le 26 mai, au Moutaret, Philippe Renaud propose quant à lui une formule "mini-marché" de produits locaux, assortie d'un banquet et d'une visite de la ferme de Bellevue. Adresses et horaires à retrouver sur laviande.fr/made-in-viande.
Marianne Boilève