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Echanges

Du Grésivaudan à l'Oriental

La région de l'Oriental au Maroc et le pays du Grésivaudan entretiennent depuis quelques années des relations d'amitié qui se traduisent aujourd'hui par un partenariat sur la plan de la formation agricole, avec le lycée d'enseignement général et professionnel agricole de Saint-Ismier, au c?ur du dispositif.
Du Grésivaudan à l'Oriental

C'est d'abord une rencontre entre des hommes, entre des associations en Belledonne et des éleveurs de l'Oriental, cette région du nord-est marocain adossée à l'Algérie et s'arrêtant à la Méditerranée. Depuis 2006 l'association Maroc-Oriental pour le développement durable (Amodd), qui réunit des éleveurs marocains et des membres de l'enseignement agricole, et l'association Grésivaudan Oriental (Ago), présidée par Michèle Gagnaire, qui compte des enseignants du lycée horticole de Saint-Ismier et des acteurs de la vie publique du pays du Grésivaudan, ont initié un partenariat tourné vers l'enseignement agricole. Les choses se sont accélérées en juin 2012 lorsqu'une délégation du lycée de Saint-Ismier et de son centre de formation professionnelle s'est rendue dans un établissement marocain, recueillant les demandes et les besoins de ce lycée en termes de formation, mais aussi de valorisation des métiers de l'agriculture auprès des jeunes. « Il existe des demandes des deux côtés, mais il faut trouver les moyens de les satisfaire. Notre objectif est de déboucher sur des échanges, d'aller jusqu'aux apprenants, de les ouvrir à une autre culture », explique Gilles Denis, le proviseur du Legta de Saint-Ismier, qui a rapidement pris la mesure de ce mouvement local initié par Yves Raffin, l'ex-directeur de la Fédération des alpages de l'Isère, Roger Cohrard, le maire du Cheylas et Armel Gueguen, chargé de développement au CFPPA.

Aménagements paysagers

C'est ainsi que le match retour s'est joué au mois de décembre dernier, lorsque le lycée de Saint-Ismier a reçu la visite de représentants marocains : six membres de l'enseignement agricole et le président du Conseil provincial de Jerada. « Ces rencontres ont débouché sur des actions concrètes, commente Armel Gueguen, avec, dans le domaine pédagogique, la mise en place de référentiels, l'organisation de formations, de la filière agricole... Les ouvertures s'opèrent là où il existe des compétences fortes sur l'un des deux territoires. Le Maroc est moteur en termes d'irrigation et a développé par exemple des moyens de fertirrigation très développés. Mais Oujda, la capitale de la région de l'Oriental, est une ville de plus d'un million d'habitants qui a de forts besoins en matière d'aménagements paysagers non pourvus par la formation. »  Or, le lycée de Saint-Ismier, spécialisé dans l'aménagement paysager pourrait partager son expérience pour aider cette province à faire face au développement touristique de sa côte méditerranéenne.

Maroc vert

« Il y a une dimension supplémentaire dans cet échange, celle du respect de l'environnement », souligne Gilles Denis. En effet, le plan Maroc Vert, initié en 2009, met en mouvement l'ensemble des secteurs agricoles au service du développement du pays. L'enjeu est de parvenir à produire dans le respect des normes environnementales et donc de former des techniciens capables de diriger des productions aux critères qualitatifs reconnus sur les marchés internationaux.  « Le développement agricole du Maroc s'inscrit en effet dans une nouvelle stratégie, confirme Abdellah Koubaaa, ingénieur en chef à la direction régionale de l'agriculture de l'Oriental. Nous avons posé un diagnostic sur le secteur agricole de notre région pointant le manque d'investissements privés, d'organismes professionnels et d'encadrement en agriculture ». C'est donc avec le lycée de Saint-Ismier que les responsables de l'agriculture de l'Oriental, qui compte cinq lycées d'enseignement agricole, sont venus chercher les clés d'un encadrement et d'une formation pour la gestion d'exploitations agricoles performantes d'une part et l'accompagnement de projets touristiques et paysagers sur les 50 km de côte de la région. « Nous avons besoin d'un appui pour l'instauration d'une filière de formation en aménagement paysager », confirme l'ingénieur en chef, qui reconnaît des manques en matière de protection de l'environnement et, sur un plan plus individuel, un besoin de développement personnel et culturel de la part des apprenants marocains.

Isabelle Doucet