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Débat

Elevage et viande : idées fausses et vrais enjeux

En tissant des liens entre différents résultats de recherche, l'Institut national de la recherche agronomique propose, non pas des réponses simples, mais des pistes de réflexions intéressantes sur l'élevage et la consommation de viande.
Elevage et viande :  idées fausses et vrais enjeux

Face aux violentes campagnes des mouvements anti-viande et à leurs effets collatéraux, l'Institut national de la recherche agronomique s'est attaché à décortiquer les problématiques liées à l'élevage et à la consommation de viande, un sujet de préoccupation croissant aux yeux du grand public. En tissant des liens entre différents résultats de recherche, l'Inra n'apporte pas de réponses simples, mais propose des pistes de réflexion que les éleveurs gagneraient à faire leur... si ce n'est déjà fait.

Changer de case

Les chercheurs font d'emblée remarquer que « tuer un animal pour le manger après l'avoir élevé, même si cet animal n'existerait pas sans cette finalité, n'est pas un acte banal ». Tous les éleveurs le disent. « Ce qui est parfois compliqué à comprendre, c'est qu'on élève des animaux, on en prend soin, mais on les vend pour les abattre, témoigne Eric Rochas, éleveur dans le Vercors et président des abattoirs du Fontanil. Dans notre tête, il faut changer de case. C'est hyper difficile. Moi, j'ai mis longtemps à pouvoir le faire... »

Abattre un animal n'est pas un acte banal quand on l'a élevé.

Faut-il pour autant s'opposer à l'acte d'abattage et remettre en cause l'élevage, comme le font certaines associations qui militent en faveur de la cause animale ? Non, bien sûr. Libre à chacun de refuser la consommation de viande ou devenir vegan. Acceptable au niveau individuel, ce choix ne doit pas pas être imposé au plus grand nombre. Le problème, c'est que pour gagner le grand public à leur cause, certaines associations n'hésitent pas à proférer des généralisations abusives, voire à véhiculer des contre-vérités (« la viande est mauvaise pour la santé » ou « l'élevage accentue l'effet de serre et la déforestation »), faisant souvent l'amalgame entre production animale industrielle et élevage traditionnel.

Services rendus par l'élevage

Les deux peuvent-ils être mis dans le même panier ? Certainement pas. Encore faut-il prendre la peine d'expliquer en quoi les deux systèmes n'ont rien à voir. Pour ce faire, il est intéressant de s'appuyer sur une expertise scientifique réalisée par l’Inra en 2015-2016 qui montre que « les services rendus par l’élevage [en Europe] ont été jusqu’à présent sous-estimés par rapport à ses impacts négatifs ». Si l'étude indique qu’il est « impossible d’établir un bilan global des impacts de l’élevage, positif ou négatif », elle souligne que « supprimer totalement l’élevage se traduirait par une perte de services environnementaux et culturels, aussi bien au niveau local qu’au niveau global ».

 Les bénéfices du couplage polyculture-élevage ont été mis en évidence par les chercheurs de l'Inra (crédit photo : Nathalie Roche).

Tout n'est pas forcément rose pour autant. Pour améliorer les systèmes d'élevage, les chercheurs de l'Inra avancent plusieurs pistes qui vont de la limitation de l'élevage de ruminants aux surfaces en herbe au rôle des prairies dans la séquestration du carbone, en passant par les bénéfices du couplage polyculture-élevage, l'entretien des paysages ou la valorisation des effluents. Autant d'éléments qui "militent" pour le maintien de l'élevage dans les territoires.

MB