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Stratégie

" Etre très vigilant sur les investissements "

Éleveur laitier à Burcin, Emeric Barbier porte un regard très attentif aux coûts de production de son exploitation. Il partagera son expérience à l'occasion du colloque technique interdépartemental organisé par Isère Conseil Élevage, le 10 février à La Côte-Saint-André.
" Etre très vigilant sur les investissements "

Il a choisi son métier par passion. Il l'exerce avec raison.

Cela fait 17 ans qu'Emeric Barbier est installé en tant qu'éleveur laitier à Burcin dans les Terres froides.

Il a repris l'exploitation familiale et l'a faite évoluer pour qu'elle reste viable.

Aujourd'hui, il exploite 79 hectares de SAU et élève 47 montbéliardes pour un quota de 409 000 litres de lait qu'il livre à Sodiaal.

Les deux années qui viennent de s'écouler ont été difficiles, mais son bilan 2015-2016 reste acceptable.

Emeric Barbier n'a pas de recette magique, mais il est vigilant. Dans tous les domaines.

Des choix rentables

Quand il s'est installé, Emeric Barbier a fait construire un bâtiment en entravé de 60 places.

 

En premier lieu, ses investissements sont maîtrisés.

Quand il s'est installé (à l'époque, en Gaec, avec sa mère et son père conjoint collaborateur), il a fait construire un bâtiment en entravé de 60 places.

S'il reconnaît qu'« il y a plein de choses qui font envie », il assure qu' « il faut surveiller son portefeuille ».

« D'après son expérience, mon père m'a indiqué que l'on avait la capacité d'assurer une annuité de 1 500 euros par mois. Nous aurions souhaité faire un bâtiment qui puissent accueillir les génisses. Mais, pour rester dans le budget (250 000 euros), nous avons réduit la voilure. Les génisses ont eu leur bâtiment 12 ans après », explique Emeric Barbier. « Aujourd'hui, les structures que nous gérons doivent supporter des enjeux financiers très importants. Nous devons faire des choix stratégiques économiques sur le long terme. C'est difficile de changer de braquet en cours de route. Il faut donc être très vigilant sur les investissements. Surtout les bonnes années », ajoute-t-il.

L'éleveur est aussi très attentif à ses coûts de production, tant à ses coûts d'alimentation - il achète ses concentrés par semi-remorque - qu'à ses charges de mécanisation.

« Je suis éleveur. Je reconnais ne pas être spécialement intéressé par le matériel. Mon père travaillait déjà beaucoup en co propriété. J'ai continué dans cette en voie en adhérant à trois Cuma. J'ai très peu de matériel en propriété, et ce que j'ai, a été acheté d'occasion. Pour qu'il dure, je fais très attention à l'entretien. La casse coûte trop cher », indique l'agriculteur.

Selon lui, le travail en Cuma aide à traverser les crises.

« Pour que le système fonctionne, il faut une densité agricole suffisante et bien s'entendre, mais c'est intéressant de pouvoir travailler et acheter du matériel en groupe, sans devoir aller trop loin. Si chacun fait l'effort nécessaire, tout se passe bien », reconnaît Emeric Barbier.

L'impact du prix du lait

L'éleveur veille aussi à la qualité du lait que ses bêtes produisent pour bénéficier du maximum de primes possible.

Et pour les cultures, il sait que, dans ses terrains limitants, il faut faire attention à ne pas augmenter les frais de production.

C'est la raison pour laquelle il utilise beaucoup d'engrais de ferme et achète ses produits en se regroupant avec d'autres agriculteurs pour faire venir des semi-remorques.

Mais il se rend compte aussi qu'en faisant attention à limiter tous les postes, l'impact du prix du lait est d'autant plus important.

« Quand tous les leviers pour faire des économies sont activés, on ne peut pas en faire plus en période de crise », note-t-il.

Préparer l'avenir

" En agriculture, nous devons faire des choix stratégiques économiques sur le long terme ", explique Emeric Barbier.

 

Emeric Barbier ne regrette pas son installation.

Quand il s'est lancé, son projet était mûr.

Il considère que « lorsque les signaux semblent au vert, il faut y aller. Il ne faut pas laisser passer les opportunités. Même s'il y a toujours une part de risque ».

Il ne regrette pas non plus son parcours. Il avait 27 ans quand il s'est lancé. Il avait à la fois l'insouciance de la jeunesse et la maturité nécessaire. 

« Je pense qu'il est intéressant d'avoir une expérience de salarié avant de s'installer. Cela permet de réfléchir à son projet, de vivre une période d'insouciance agréable et importante à vivre, sans être pieds et mains liés aux banquiers. Je ne regrette pas les années où j'avais 20 - 25 ans, où je faisais le travail, sans avoir le souci de la gestion de l'exploitation ».

Dans sa ferme, la charge de travail est importante.

Suite au départ à la retraite de ses parents, il avait embauché un salarié à temps partiel, via Agri Emploi.

Celui-ci s'étant aussi installé, il a embauché, à mi-temps avec un autre agriculteur, un apprenti.

Il est aussi à la recherche d'un associé.

Pour l'instant, ses parents lui donnent encore un sérieux coup de main, mais il sait qu'il doit préparer l'avenir.

Il est ouvert aux opportunités qui peuvent se présenter ou à celles qu'il devra créer...

Installer un robot de traite. Convertir son exploitation en bio. A 41 ans, tout peut s'envisager...

Isabelle Brenguier