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Faire entendre la spécificité de la montagne

Marie-Noëlle Battistel, présidente de l'Anem, qui a réalisé un sondage sur la perception de la montagne par les Français.
Faire entendre la spécificité de la montagne

Pourquoi avoir choisi de faire ce sondage* sur les Français et la montagne à ce moment-là ?

Nous avons examiné la loi montagne très en amont, procédé à énormément d'auditions d'acteurs économiques, touristiques, agricoles, d'entreprises, etc.

Nous nous sommes rendu compte, y compris chez les parlementaires, que cette loi était considérée comme une loi de montagnards.

Or, nous considérons que c'est une loi pour tous les Français. C'est pour cela que cette étude intervient après la loi montagne et se demande comment est perçue la montagne par tous les Français.

D'ailleurs où en est-on aujourd'hui de l'application concrète de la loi montagne ?

Certains décrets sont sortis, d'autres en cours, mais tous devraient paraître avant la fin du mandat. Il y a des choses effectives, sur le numérique, sur l'urbanisme.

Cette loi a aussi permis de faire prendre conscience à tout le gouvernement qu'il existe des préoccupations et des adaptations à réaliser pour les territoires de montagne. C'est le cas du décret sur les Gaec qui émane du ministère de l'Agriculture.

La dimension agropastorale semble absente de la perception que les français ont de la montagne. N'est-ce pas le signe d'un décalage ?

La qualité de vie, le cadre de vie, l'environnement portent l'empreinte de l'agriculture, sans laquelle la montagne ne pourrait pas offrir ses paysages.

Dans l'esprit des gens, l'activité agricole, avec ses circuits courts, l'idée d'une meilleure alimention fait partie de la qualité de vie.

Quand les gens parlent d'activité économique et d'emploi, ils parlent aussi d'activité agricole.

Mais il est possible qu'il y ait un décalage, que le ressenti ne soit pas très clair quant à l'impact de l'agriculture en montagne. Cela vaut le coup de se pencher sur cette question.

Les résultats de ce sondage sont-ils porteurs d'éléments de réflexion ?

Cela m'a confortée dans l'idée que les Français ont une idée assez précise de ce qu'est la vie en montagne.

En revanche, une forte proportion (75%) pense que l'accès aux services publics est moins bon en montagne que dans les autres territoires, ce qui n'est pas forcément le cas.

65% des Français pensent que les pouvoirs publics ne s'occupent pas suffisamment des territoires de montagne et de leurs habitants. C'est un jugement assez sévère ?

Ils pensent en effet que les pouvoirs publics cherchent à préserver l'environnement et le cadre de vie, mais dans les faits ne s'en préoccupent pas toujours.

Or, depuis quelques années, les élus de montagne se sont emparés de ces questions. Par exemple des sujets comme les transmission d'exploitation, qui étaient hors champ de l'élu, sont pris plus en amont et les informations nous parviennent plus régulièrement.

Il y a aussi une implication plus grande sur les questions environnementales comme les économies d'énergie, les mobilités. Elles sont portées par les pouvoirs publics au travers d'appels à projet comme ça a été le cas avec la loi de transition énergétique et des territoires Tepos. Aujourd'hui, c'est au tour des contrats de ruralité, qui vont impulser une dynamique locale.

Quelle sera la suite donnée à ce sondage ?

Il va servir à l'Anem pour faire pression sur le gouvernement, quel qu'il soit, pour faire entendre la spécificité de la montagne et la nécessité d'avoir des régimes dérogatoires pour un certain nombre de choses.

Quelles sont les priorités de l'Anem ?

En ce qui concerne les seuils d'ouvertures et de fermetures de classe, il faut d'abord faire reconnaître que l'article de la loi montagne donne une valeur législative par rapport à la criculaire de 2011.
Quant à la couverture numérique, nous avons créé un groupe de travail qui examine les avancées, communes par communes. Enfin, nous avons un gros travail de veille juridique et législative pour examiner que chaque nouveau texte soit adapté à la montagne.

Propos recueillis par Isabelle Doucet

*Les Français et la montagne, étude réalisée par l'IFOP pour l'Association nationale des élus de la montagne (Anem) sur un échantillon représentatif de 2006 personnes les 28 et 30 novembre 2016.

 

En savoir plus :

- Accéder à l'enquête

- Présentation du sondage