Foncier : « Engager une démarche innovante pour faire émerger des projets agricoles »

Vous avez accepté de participer à une table-ronde lors la soirée Terres de débat du 22 juin. Quel est, selon vous, l'enjeu foncier majeur à l'échelle du territoire que vous dirigez ?
L'enjeu principal se situe sur un axe qui s'étend de Bourgoin-Jallieu à Satolas-et-Bonce, dans la vallée urbaine de la Capi, là où se superposent les besoins fonciers.
Pour l'agriculture, cette zone a une spécificité : elle comprend principalement des cultures céréalières de grandes surfaces (130 hectares en moyenne).
Or c'est sur ce secteur que se concentrent les axes de transports, et de fait, les multiples besoins d'aménagement.
Les agriculteurs ont souvent le sentiment d'être mis devant le fait accompli. La collectivité n'aurait-elle pas intérêt à travailler plus en amont avec la profession pour éviter les incompréhensions ?
C'est effectivement l'orientation que souhaite promouvoir la Capi dans ses relations, notamment avec la profession agricole. Elle travaille pour cela main dans la main avec la chambre d'agriculture de l'Isère afin de mettre en œuvre une démarche innovante qui me semble aller dans ce sens : un inventaire exhaustif des projets d'aménagement dont la Capi assure la maîtrise d'ouvrage a été transmis à la chambre d'agriculture, qui a ainsi pu recenser l'ensemble des exploitations impactées.
Ce travail permet de donner une vision des aménagements à venir sur plus de dix ans.
Sur cette base, une première réunion de travail et de partage s'est tenue le 1er juin. 37 agriculteurs ont répndu présent et pris connaissance de ces projets.
Des groupes de travail sont en cours de constitution pour avancer par secteurs et faire émerger des projets agricoles intégrant ces données.
La Capi souhaite être un partenaire actif pour qu'ils puissent aboutir, en encourageant le développement de nouvelles pratiques, en œuvrant à la préservation du foncier sur certains secteurs stratégiques, ou pourquoi pas en soutenant l'investissement.
En tant que président de la Capi et maire d'une petite commune rurale, comment faites-vous pour arbitrer entre urbanisation, développement économique et préservation du foncier ?
J'ai toujours été sensible à ces enjeux agricoles. En tant que maire, je me suis toujours opposé à l'urbanisation des plateaux sud par exemple.
J'ai bien sûr conservé cette sensibilité en prenant ma fonction de Président, mais je ne peux privilégier un secteur d'activité plutôt qu'un autre.
J'essaie de mettre en œuvre des projets qui contribuent à l'attractivité, au dynamisme et à l'équilibre de ce beau territoire. Cela demande de faire des choix qui peuvent parfois impacter l'agriculture. Pourtant nous essayons à chaque fois d'en réduire l'impact avec de nouvelles logiques, comme cela a été le cas sur le secteur des Buissières.
Concernant le parc international de Chesnes, il est question d'une extension de 150 à 200 hectares à court terme. Comment éviter que cela ne se fasse au détriment de l'agriculture ?
Lorsque l'on parle d'une extension de cette dimension, il est illusoire de penser qu'elle n'aura aucun impact.
C'est justement sur ce type de projet de grande envergure que le travail engagé avec la chambre d'agriculture prend tout son sens. Il doit permettre d'anticiper pour trouver des pistes de travail concertées, conçues avec les agriculteurs et leurs représentants pour s'inscrire dans une logique partenariale constructive.
Seuls les agriculteurs connaissent la réalité de leur exploitation et les projets qui y sont associés. A nous de travailler ensemble pour conforter la vocation agricole de la Capi.
Propos recueillis par Marianne Boilève
(1) Communauté d'agglomération des Portes de l'Isère.