Grenoble, une ville sous contrôle

« Grenoble peut s'enorgueillir d'être bien contrôlée », assure Suzanne Chardon, membre de la Société mycologique du Dauphiné (SMD).
Elle est missionnée par la ville de Grenoble, avec une autre personne de l'association, pour vérifier que les champignons commercialisés sur les marchés et dans les magasins d'alimentation sont autorisés à la vente.
« Le plus gros problème, c'est la fraîcheur. Car un champignon abîmé devient vite toxique et peut donner de belles gastro ... », explique la mycologue. Le champignon étant un produit cher, certains commerçant rechignent en effet à retirer du marché la marchandise avariée.
Le cas est plus fréquent en grandes surfaces. « Il n'y a pas d'interlocuteur et les employés remettent à la vente les champignons avariés de la veille. Nous nous trouvons dans une situation différente des marchés où les commerçants nous connaissent et nous voient tous les jours ».
Plus que ce rôle de gendarme, dans sa mission d'assistance au service hygiène salubrité environnement de la ville de Grenoble, Suzanne Chardon apprécie le contact avec les commerçants, qui souvent lui demandent conseil.
Une centaine de points de vente
Du mardi au samedi, de septembre à novembre, durant la saison de la cueillette des champignons, elle vérifie la centaine de points de vente grenoblois.
« C'est un rappel au règlement. L'arrêté municipal a été établi avec la société dauphinoise de mycologie et la mairie. Il y a une vingtaine d'espèces sauvages autorisées à la vente. La ville est très prudente », déclare Suzanne Chardon.
Sa vigilance se porte sur les commerçants qui s'approvisionnent directement auprès des ramasseurs. L'origine des champignons doit être identifiée. « Nous posons des questions car il y a beaucoup de tricherie : des champignons qui viennent d'Europe de l'Est et qui sont moins chers, raconte la spécialiste. Lorsqu'il fait très sec et que l'on nous dit que ça vient du Trièves alors qu'il n'y a pas un champignon dans le coin, nous ne sommes pas dupes. »
En cas de problème, les contrôleurs font remonter l'information au service hygiène qui intervient. « La sanction peut aller jusqu'à l'éviction du marché », indique Suzanne Chardon.
Mais son travail consiste surtout en la prévention et elle prend soin d'entretenir de bonnes relations avec les commerçants, « pour que ça se passe bien ».
Retraitée, elle remplit cette mission depuis 10 ans. « Il faut être disponible et sportif car nous marchons beaucoup ! »
Comme tous les passionnés de mycologie, Suzanne Chardon, partage aussi ses connaissances lors des permances ouvertes au public pour identifier les récoltes, les lundis soir, à partir de 19h, au siège de la SMD, quai de France.
Isabelle Doucet
Une vingtaine d'espèces de champignons autorisés
L'arrêté municipal autorise la vente des espèces fraîches suivantes : morilles (toutes les espèces), bolets (section Edules), chanterelles (dont les trompettes de la mort et les girolles), lactaires (section Dapetes), pleurote, marasme, pholiote, hydnes (pieds-de-mouton), saparassis.Les espèces desséchés autorisées à la vente sont encore plus limitées : cèpes (groupe Boletus, section Edules), morilles, chanterelles (tube, jaune et trompette de la mort), marasme (des oréades) et auriculaire (oreille de Judas).
En outre, les produits doivent être étiquetés avec le nom et l'adresse de l'emballeur/expéditeur ou producteur, le nom du champignon (latin et français) et son origine.
Exposition annuelle de mycologie
L'exposition annuelle de la Société mycologique du Dauphiné se déroulera cette année encore à l'hôtel de ville de Grenoble.Elle aura lieu les 30 septembre et 1er octobre, de 10h à 12h et de 14h à 19h.
L'occasion de découvrir la grande diversité des espèces existant dans la région, de se familiariser avec les principaux genres de champignons, de s'initier aux grands critères de détermination.
L'équipe de la SMD se mobilise chaque année pour faire partager sa passion et répondre aux questions des visiteurs.