Accès au contenu
Gestion pastorale

Héraut de conduite

Comme en Belledonne, en Trièves, dans le Vercors ou la Matheysine, des éleveurs de Chartreuse ont participé à une journée de formation "herbe". Après une matinée d'apports théoriques en lien avec les pratiques de chacun, le groupe s'est rendu chez Jérôme Lamoureux, éleveur caprin à Entremont-le-Vieux, pour visiter plusieurs parcelles en cours de valorisation.
Héraut de conduite

« Je me demande si je dois tout laisser en pâturage libre ou si je dois faire des parcs. Mais je dois dire que si je peux m'éviter du boulot... » Eleveur à Entremont-le-Vieux, Jérôme Lamoureux est, avec sa femme Alexandra, à la tête d'une exploitation caprine (55 chèvres laitières, deux boucs, 15 chevrettes et deux chevaux pour gérer les pâtures). En 1999, le couple a repris 30 hectares dans un secteur en pleine déprise agricole. Lui s'occupe du troupeau, elle de la fabrication des fromages. En juin 2013, les Lamoureux ont participé à une première journée de formation à Saint-Pierre-de-Chartreuse afin de découvrir l'approche que propose Scopela en matière d'utilisation de parcelles dites pauvres. Leur propre pratique, très proche de celle préconisée par la formation, leur a permis de parvenir peu à peu à l'autonomie pour l'alimentation du troupeau. En ce début de printemps 2014, ils accueillent chez eux les participants à une deuxième journée de formation consacrée à « la valorisation des surfaces fourragères semi-naturelles ».

Grâce à leur gestion pastorale, Jérôme et Alexandra Lamoureux sont parvenus à l'autonomie alimentaire du troupeau.

Après une matinée d'apports théoriques passée à échanger sur les problématiques de chacun, le petit groupe visite plusieurs parcelles mises en valeur par Jérôme au fil des années. Sur les 30 hectares de l'exploitation, 18 sont fauchables, le reste est en parcours. L'éleveur a déterminé quatre types de parcelles et adopté trois conduites différentes selon leur localisation, leur nature (parcelles pentues et sèchantes, parcelles plates et mécanisables, parcelles mixtes) et les besoins de son troupeau. A priori, sa manière de faire est un modèle du genre. L'éleveur s'appuie sur l'hétérogénéité des surfaces pour avoir une alimentation de qualité, mais il n'est pas totalement satisfait : certaines parcelles sont mal mangées, d'autres dépérissent, l'origan est très invasif...

Animaux en concurrence

La visite commence par une parcelle derrière le bâtiment d'élevage, où le mode de pâturage est continu. Peut-on parler de surpâturage ? Cyril Agreil, le technicien de Scopela n'a pas l'air bien inquiet : « On repère tout de suite quatre graminées, très différentes dans leur fonctionnement. Je m'attendais à avoir des variétés par rhizome, comme le trèfle, là on a des fleurs, de la scabieuse ou de la sauge des prés qui est très sensible au piétinement. » Diagnostic : la prairie ne souffre pas malgré un pâturage continu. « Et pour mon problème d'origan, est-ce que je peux reprendre la main ? », demande Jérôme. Oui, à condition de trouver quelqu'un pour le manger : « Les animaux en troupeaux sont en concurrence les uns par rapport aux autres. Le fait de les serrer sur un petit espace peut les conduire à manger quelque chose qui ne leur semble pas appètent dans un parc plus grand. » Un peu plus loin, une draille couverte de paillasse attire l'œil des éleveurs. Le technicien assène gentiment : « Si vous avez de la litière, c'est que vous avez raté le pâturage. » La visite se poursuit. Ça discute sainfoin, acidité du sol, pluviométrie, PH, production de graines et de fourrages... Pascale, éleveuse de brebis à Pommiers-la-Placette, interpelle le spécialiste : « Et pour le brachypode ? Comment peut-on faire ? Ce n'est pas très riche et ça fait tomber le lait... » Réponse : « Avec le brachypode, le secret, c'est de faire manger la première pousse. Si vous la faites manger en mai-juin, vous allez la faire régresser. » La dent du troupeau : arme fatale à la broussaille?

MB

Cliquer sur l'image pour voir le témoignage de Jérôme Lamoureux en vidéo.

Pour aller plus loin : le projet de formation "herbe" développé par un collectif d'éleveurs isérois.