« Il faut du temps pour constituer un troupeau »

Avec ses 950 kg, Douce est une belle charolaise de huit ans. Docile et puissante, elle participera au concours départemental d'élevage de Biol. « J'ai tout de suite vu que cette bête sortait du lot », affirme Bruno Rivoire, éleveur et céréalier à Reventin-Vaugris. Il conduit un troupeau de 35 mères et leur suite, soit environ une centaine de bovins. L'exploitation, qui dispose d'une SAU de 150 hectares dont une cinquantaine en prairie, est autonome en foin, paille et quasiment en céréales, hormis pour les compléments dédiés à l'engraissement. « Avec l'irrigation, on pourrait faire du soja », ajoute-t-il. Un projet serait à l'étude dans le secteur.
Sélection
Depuis 1997, l'éleveur façonne patiemment son troupeau, en pratiquant une sélection assidue des bêtes. « Je fais 80% d'insémination artificielle, précise-t-il, afin d'améliorer la race et le poids des carcasses. Avec les cours de la viande tels qu'ils sont, autant avoir des bêtes plus grosses. » L'inséminateur suit un planning précis d'accouplement de vaches et de taureaux. Les vêlages ont lieu à partir du mois de novembre. « Les inséminations marchent bien, j'ai 70% de réussite en première IA. Le reste se fait en rattrapage d'IA ou en insémination naturelle avec un taureau de la même appellation que j'ai pris en pension ». L'exploitant gère son troupeau bête par bête, en adaptant les sorties au cours de la viande. En ce moment, il mise plutôt sur le jeune bovin pour lequel le marché se tient encore. Une dizaine de génisses sont aussi en alpage à l'Alpe-d'Huez. Le troupeau connaît un taux de renouvellement moyen de 35%. Les vaches de réformes sont engraissées à l'automne et partent autour du mois de décembre. L'exploitant a le souci de garder de vieilles vaches performantes au sein du troupeau, celles qui donnent un veau par an. « Il faut du temps pour constituer un troupeau ou pour avoir le moyens d'acheter de belles bêtes », poursuit Bruno Rivoire qui a commencé à participer aux concours il y a une dizaine d'années. Il ira au concours départemental « pour l'ambiance et parce qu'il y a un bon groupe charolais ». Il fait partie du bureau du syndicat et s'investit volontiers en tant que bénévole dans diverses structures locales comme la société Saint-Vincent ou l'Acca qu'il préside.
Vache sans corne
En attendant, il prépare les trois vaches qu'il souhaite présenter au concours : Jonquille, une génisse de 12 mois à la morphologie prometteuse, une autre de 18 mois née sans corne grâce à la sélection du gène sans corne, et Douce, qui s'est déjà distinguée à Beaucroissant il y a quelques années. Issue de plusieurs générations de sélection, la bête est harmonieuse en dépit d'une morphologie imposante. Autre atout indéniable : dressée très jeune, elle évolue facilement en concours. En reproduction, elle demande encore à faire ses preuves mais a déjà donné un taureau destiné à la reproduction.