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Installer des agriculteurs : un acte politique

Stéphane Vaussenat, maire de Pinsot. En quelques années, la commune de 200 habitants a favorisé le retour de trois agriculteurs.
Installer des agriculteurs : un acte politique

La commune de Pinsot œuvre pour la réinstallation d'agriculteurs sur son territoire. Comment faites-vous ?

En 2008, il n'y avait plus d'agriculteur à Pinsot. J'ai décidé de réinstaller des éleveurs pour maintenir les espaces ouverts. On ne peut pas lutter avec la seule main de l'homme car la nature reprend ses droits. Un berger de Combe Madame voulait s'installer. Nous avons fait le nécessaire pour que ce soit possible.

Comment procédez-vous ?

Je suis sur le cadastre tous les jours. Dès qu'il y a une vente de terrain, par la Safer ou par acte notarié, j'interviens. En fonction des parcelles, de leur situation et de leur intérêt agricole, je me manifeste pour l'intérêt de la commune auprès des propriétaires, ou alors je fais valoir le droit de préemption de la commune. C'est ainsi que j'ai pu récupérer des terrains qui se tiennent. C'est un acte politique. Il faut savoir ce qu'on veut. Soit on fait un effort et on profite du milieu ouvert et de produits locaux de qualité, soit le village est englouti dans la verdure.

Quelle a été la première exploitation installée ?

C'est la bergerie du Plan à La Bourlière en 2008. La commune a suivi de près le dossier, s'est chargée de l'adduction d'eau et des réseaux. Les bergers ont eu besoin de l'appui communal au moment du dépôt du permis de construire en raison de tous les écueils règlementaires à dépasser. Nous avons donné un coup de main sur le bâtiment et mis des terrains à disposition. Mais il manquait un alpage. En 2009, nous avons acheté 300 hectares de la forêt des Rambaudes, avec un alpage dans sa partie sommitale, que nous avons mis à la disposition du berger. Nous avons ensuite acheté l'alpage de l'Oule où le berger a été transféré. La commune prend en charge les héliportages au moment de la montée en alpage.

L'implication ne s'est pas arrêtée à cette première installation ?

J'ai poursuivi la recherche de terrains. Il y en a toujours. J'ai aussi suivi les problématiques liées à l'agriculture rurale et à la commercialisation en circuits courts. J'ai discuté avec les Amap qui m'ont fait part du manque de certains produits. Or, un ami voulait s'installer à Pinsot, se reconvertir dans la production de volaille. Nous avons rencontré toutes les parties pour pouvoir intégrer son bâtiment sans porter atteinte à l'environnement. Il est installé depuis 2011 dans le hameau des Ayettes où il produit du poulet cou nu de Corrèze pour 21 Amap. Aujourd'hui, la commune continue à l'aider pour satisfaire aux nouvelles normes sanitaires qui concernent le laboratoire et la vente directe.

Un deuxième et un troisième ?

Un agriculteur avait cessé son activité sur le site de la Vie Plaine. Je me suis servi du répertoire installation de la chambre d'agriculture. Un candidat en élevage caprin est venu se présenter. On s'est lancé. Nous avons là aussi dû dépasser des problèmes environnementaux car l'eau de l'exploitation est issue d'une source privée. Nous avons fait des pieds et des mains jusqu'au ministère de l'Environnement pour qu'il puisse transformer sa production sur place. La commune a financé la pose du matériel de traitement de l'eau de façon à avoir un contrôle mensuel.

Vous continuez dans cette démarche ?

Oui, c'est une volonté politique qui réclame une surveillance étroite du foncier. Il faut avoir une bonne connaissance de sa commune. Lorsque j'intercepte une vente, dans 100% des cas, je prends le temps de la réflexion et le vendeur comprend l'intérêt pour la commune d'évoluer, de maintenir une agriculture de proximité et des espaces ouverts. Si le village se ferme, il perd de l'attractivité.

Quels sont les prochains projets ?

L'alpage du Prayet est disponible et je vais rencontrer un agriculteur de Saint-Pierre-d'Allevard pour qu'il mette des vaches highland. Nous allons faire un essai.
Je viens aussi de négocier 5 000 m2 pour installer des lapins en agriculture de plein air. Il y a de la demande pour cela. Il faudrait encore un ou deux projets pour dynamiser le secteur agricole.

Propos recueillis par Isabelle Doucet

 

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