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Terres d'innovation

Investir pour moins consommer

En se lançant dans un plan de performance énergétique, le Gaec du Denier, à Belmont, a fait le choix d'investir pour réduire la pénibilité du travail tout en diminuant la facture énergétique de l'exploitation. Explications.
Investir pour moins consommer

Au Gaec du Denier, à Belmont, on a sauté le pas. La réflexion a commencé en 2010 avec l'arrivée du « nouvel » associé, Quentin, neveu de Daniel. Le bâtiment des 55 vaches laitières n'étant plus aux normes, il fallait tout revoir. Alors autant tout revoir de fond en comble... C'est Daniel, « l'ancien », qui le premier a voulu investir dans un robot de traite pour réduire la pénibilité du travail. Quentin, lui, s'est facilement laissé convaincre : « C'est une autre conception du travail... Même si j'adore traire, je ne reviendrai pas en arrière. » Après la réalisation de la stabulation et de la fosse à lisier en 2012, les deux associés ont poussé la logique jusqu'au bout en combinant amélioration des conditions de travail et économies d'énergie. Ils ont ainsi demandé la réalisation d'un diagnostic énergétique, préalable à toute demande d'aide aux investissements liés aux économies d'énergie. Effectué par un spécialiste (par exemple un technicien de la chambre d'agriculture), ce diagnostic coûte 1 000 euros, mais il est éligible au plan de performance énergétique (PPE). A ce titre, il est pris en charge à hauteur de 40% (50% pour un jeune agriculteur), avec une majoration de 10% pour les exploitations dont le siège social est situé en zone défavorisée.

Isoler le bloc traite

Réalisé en 2013, avant le début des travaux, le diagnostic établit que, dans le cas précis du Gaec du Denier, la maîtrise de la facture d'électricité passe par des investissements liés au poste le plus consommateur de l'exploitation : le bloc traite (+/- 53 000 Kwh/an). Fabienne Guerraz, technicienne en charge des PPE à la chambre d'agriculture, suggère d'isoler le bloc traite pour conserver une ambiance saine et éviter de chauffer en hiver. Elle conseille aussi d'investir dans un pré-refroidisseur du lait et une pompe à vide économe, ainsi que dans un système d'éclairage économe dans la stabulation. Ces préconisations faites, les deux éleveurs déposent leur demande d'aide en mars 2013 et se voient accorder une subvention de près de 6 500 euros pour trois équipements : le pré-refroidisseur, la pompe à vide et l'éclairage.

Comme son nom l'indique, le pré-refroidisseur permet de diminuer la consommation d'électricité du tank lors du refroidissement du lait (28 w par litre de lait). Dans la plupart des installations, cette opération est responsable de près de la moitié de la consommation électrique, devant le chauffe-eau et la pompe à vide. En diminuant la température d'entrée du lait dans le tank par un système d'échange thermique avec de l'eau froide (eau de forage par exemple), le pré-refroidisseur permet de réduire le temps de fonctionnement du tank, et donc la consommation électrique de 50 à 60%, soit environ 8 000 Kwh/an. Cerise sur le gâteau : l'eau récupérée tiédie (18 à 22° C) sert à nettoyer les quais et à rincer la machine à traire (économie de chauffe-eau de l'ordre de 80%); En hiver, elle permet aussi de tempérer l'eau d'abreuvement (les vaches boivent plus, et donnent donc plus de lait).

Eclairage intelligent

Autre source d'économie : la pompe à vide. Un système classique représentant 15 à 20% de la consommation électrique du bloc traite (3ème poste le plus gourmand après le tank et le chauffe-eau), l'installation d'un système à débit variable qui ajuste à chaque instant le débit de la pompe permet d'économiser 13 à 14 000 Kwh sur la facture annuelle. La stabulation a, elle aussi, eu droit à ses petits aménagements. Les éleveurs ont installé un éclairage « intelligent » qui, grâce à un capteur extérieur, permet de moduler la lumière à l'intérieur du bâtiment (lampes au xénon) en fonction de la luminosité et de la nébulosité. « Ça s'éclaire progressivement le matin et dès qu'il fait un peu sombre le soir », explique Quentin Charvet. Ce système, qui simule le lever et le coucher du soleil de façon régulière, permet d'épargner aux vaches les inconvénients inhérents aux changements de saison, tout en économisant environ 1 000 Kwh chaque année. L'électricité la moins chère étant celle que l'on se consomme pas, le Gaec du Denier, grâce à l'ensemble de ses équipements économes, voit désormais sa facture énergétique diminuer d'environ 2 500 euros. Ce qui n'est pas négligeable.

Marianne Boilève

VIDEO : le Gaec du Denier investit dans les équipements économes

 

PPE mode d'emploi

Le plan de performance énergétique (PPE) est un dispositif d'aide aux investissements liés aux économes d'énergie et à la production d'énergie renouvelable. Tous les producteurs exerçant une activité agricole peuvent y prétendre. Il suffit de réaliser au préalable un diagnostic énergétique (payant mais éligible au PPE), puis de déposer une demande de subvention auprès de la DDT. Le montant des investissements matériels est plafonné à 40 000 euros (montant doublé ou triplé dans le cas d'une exploitation groupée) et aidé à hauteur de 40 à 60% selon les situations (zone de plaine, zone défavorisée, JA...). La liste des équipements actuellement aidés dans le cadre du PPE 2008-2013 est disponible ici. La liste des équipements éligibles dans le cadre du second programme (2014-2019) n'est pas encore arrêtée.