Invitation au voyage... en alpage

Le voyage a commencé la semaine dernière... sur l'alpage du Sénépy. A peine débarquée en Isère, la délégation ladakhi (Inde himalayenne), invitée d'honneur du festival du film « Pastoralismes et grands espaces », est allée à la rencontre des alpagistes isérois. Amorçant le dialogue qui se nouera lors des Rencontres internationales du pastoralisme programmées le 17 octobre, les éleveurs ont pu comparer leurs pratiques à loisir. Pour les curieux de la problématique pastorale, professionnels ou grand public, point de rencontre au sommet de l'alpage, mais une sélection de films documentaires projetés à Prapoutel, dans le cadre du festival.
Visages du pastoralisme
Présidée par le réalisateur sénégalais Oumar Ndiaye, par ailleurs directeur du festival du film de Dakar, cette onzième édition invite une nouvelle fois le spectateur à voyager à travers des paysages et des récits singuliers qui chacun à sa manière évoquent une facette particulière du pastoralisme. Imaginé au départ pour un public de professionnels et d'amateurs locaux, le festival, par la qualité de sa sélection, s'est peu à peu imposé dans le paysage culturel isérois, au point d'attirer un public de plus en plus large. Près d'un millier de personnes font désormais le déplacement aux Ramayes (Prapoutel) pour découvrir les différents visages du pastoralisme à travers le monde.
Proche ou lointain, le voyage proposé par les films en compétition explore aussi bien la vie d'un berger en Val d'Azun que la place du tétras-lyre dans l'économie montagnarde, le quotidien des éleveurs wodaabe (Niger), la transhumance des vaches Avileñas d'Estrémadure vers la Castille (Espagne) ou la filière bovine au Tchad. C'est la marque de fabrique du festival : les approches et les cultures se croisent, dialoguent et s'interpellent, mêlant les professionnels et les métiers, les publics et les horizons.
Caméra embarquée
« Y'a un berger qui dit : quand il y a des rideaux aux fenêtres c'est qu'il y a une bergère... » En partie tourné à l'aide d'une caméra embarquée, « L'Etoile des bergères » brosse un portrait de l'alpage au féminin. Il fait écho à « Gauchos, bergers de Patagonie », chronique filmée d'une bergère française partie à cheval suivre les troupeaux qui transhument à travers la Patagonie chilienne et argentine. Dans un tout autre esprit, Mémoire pastorale des Hauts de Chartreuse nous « relocalise » en interrogeant l'histoire d'une tradition ancestrale qui a façonné le paysage chartrousin et contribué à maintenir des espaces ouverts, riches d'une biodiversité remarquable, en dépit d'une importante déprise agricole. Ce film « made in Isère » a son contrepoint ladakhi, « Jungwa - l'équilibre rompu », un documentaire évoquant la fragilité des écosystèmes himalayens, et plus particulièrement ceux du Ladakh, dévastés par des pluies torrentielles et des coulées de boues en août 2010. Le jury, qui n'a jamais été aussi international puisque ses membres viennent de Suisse, du Maroc, du Mali, du Sénégal ou encore du Tchad, aura sans doute du mal à établir son palmarès. Verdict le 18 octobre.
Marianne Boilève