Accès au contenu
BIG /

J'ai mangé sous un tunnel

Version « grand public » du Sirha, la biennale internationale du goût s'est déroulée sous le tunnel « mode doux » de la Croix-Rousse à Lyon. Un décor étonnant mais frisquet que la fréquentation insuffisante n'a pu réchauffer.
J'ai mangé sous un tunnel

Transformer un tunnel en un temple de saveurs, l'idée, testée avec il y a deux ans, est originale. Côte pile (Rhône), le marché des saveurs ; côté face (Saône), la nouveauté : la Grande Tablée, cinquante chefs - étoilés pour la plupart - concoctant leurs spécialités raffinées pour plus de 1700 convives au service du midi et autant le soir.
Disons-le d'emblée, la fréquentation du marché n'a pas été à la hauteur des espérances. Les organisateurs qui avaient prévu d'évacuer chaque heure et demie les visiteurs pour éviter la « surpopulation » n'auront pas eu à le faire. Le bon point, c'est qu'il n'a pas été utile de jouer des coudes pour accéder aux comptoirs des différents stands. Le froid, la difficulté d'accès, les craintes sécuritaires, les pré-inscriptions obligatoires... les organisateurs devront analyser les motifs de cette affluence décevante. Mais si les exposants n'ont pas eu la quantité, ils auront eu la diversité des visiteurs avec une proportion importante d'étrangers, symbole du rayonnement internationale du Sirha et de la ville de Lyon. Les producteurs et autres entreprises du goût fondaient pas mal d'espoir sur ce marché, l'opportunité de se faire mieux connaître sur le marché lyonnais, de faire un peu de pédagogie si nécessaire à l'image de ce fromager cantalou qui reconnaît que « peu de visiteurs connaissent la différence entre le cantal et le salers » ou que le saint-nectaire n'a pas encore la notoriété qu'il mérite.


Terroir et business


Cet événement permet aussi de percevoir les tendances du marché. Le succès du business autour des produits du terroir et de la gastronomie aiguise les appétits et stimule la créativité. La marque Big Fernand surfe sur la mode du hamburger mais en version « approvisionnement en produits de qualité » ; Uber Eats, Nosbonsplats.com, Foodora et autres livreurs de plats de restaurateurs à domicile sont omniprésents ; Potager City reprend le concept inventé par les Amap, en livrant des paniers de fruits et légumes aux consommateurs via des points relais ou dans les entreprises avec une vision plus ou moins fluctuante « du local ». Cette émulation est sans doute une très bonne nouvelle, à condition qu'au bout du compte, les producteurs s'y retrouvent.
Pour la Grande Tablée en revanche, pas de souci de fréquentation. Il est vrai que l'occasion était trop belle de goûter au talent des chefs étoilés avec des couverts en plastiques, une couverture sur les genoux et à un tarif exceptionnel (30 euros vins compris). Avec un blanc, un beaujolais-villages et un cru, le Beaujolais était le partenaire « vins » exclusif et a ainsi pu faire valoir sa capacité à s'accommoder avec une très large palette de saveurs et prouver qu'il était très l'aise en terrain « multi-étoilés ». Bientôt le bout du tunnel pour le terroir du gamay ? Il a en tout cas, comme tous les autres vignobles de la région, tout intérêt à associer son image à celle de Lyon qui confirme encore son statut de capitale du (bon) goût.