« Renforcer l'adhésion des agriculteurs »
Jérôme Crozat, président de la FDSEA de l’Isère, a porté la candidature de sa fédération pour l’organisation du congrès de la FNSEA, du 25 au 27 mars, à Grenoble.

Pourquoi avoir proposé d’organiser le congrès de la FNSEA à Grenoble ?
C’est un moyen de créer un événement marquant pour renforcer l’adhésion des agriculteurs à la FDSEA et à la FNSEA, ainsi que celle des associations spécialisées (AS). L’Isère est un département urbain et dynamique en matière d’emploi. L’agriculture n’est plus une priorité pour ses habitants qui trouvent du travail ailleurs. Pour autant, l’agriculture iséroise est très diversifiée, entre la plaine et la montagne, entre productions végétales et animales, il n’y a pas une voie commune, mais plusieurs voies. Et la profession veut garder une agriculture qui reste économique. Elle s’appuie sur ses deux jambes : les circuits courts et les filières longues. Par ailleurs nous souhaitons capter de l’audience lors de ce congrès et faire reconnaître aux collectivités — communautés de communes, conseil départemental et conseil régional — que la politique que nous défendons à la FDSEA et à la FNSEA est coconstruite au national à partir d’un réseau représentatif de différentes productions. Nous sommes capables de construire des propositions qui doivent être acceptées par la société civile et qui ne sont pas celles décrites par la société médiatique. Ainsi, le premier soir du congrès, le 24 mars, nous voulons remercier nos partenaires et notamment mettre en avant Solaal, résultat du travail des FDSEA et de la FNSEA en tant que syndicat où la solidarité joue. Mais nous éprouvons des difficultés à converser avec les grandes villes et la Métro n’a pas été facilitatrice. Ce qui n’est pas un bon signe.
Quelles sont les personnalités attendues ?
La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, sera présente mercredi soir. Nous attendons aussi des députés européens, des représentants des différents ministères, ainsi que Catherine Seguin, préfète de l’Isère, Fabrice Panneckouke président de la Région, Jean-Pierre Barbier, président du Département, tous les représentants des filières végétales et animales, des invités européens au titre de leurs syndicats. Le maire de Grenoble, Éric Piolle, sera présent à l’apéritif du 1er soir… avec les Brûleurs de loups. Nous aurons aussi une réunion de travail avec la Chambre d’agriculture de l’Isère et toutes les communautés de communes sur la thématique de l’alimentation et des territoires. Certaines sont partenaires de l’événement ou du Salon de l’agriculture que nous organisons en parallèle. Nous avons voulu créer ce mini-salon pour communiquer auprès de tous les Grenoblois, enfants ou adultes. Nous représentons tout un pan de l’économie de ce pays.
Quel sera le thème de ce congrès ?
Un des principaux axes de travail sera celui des prix. S’ils sont plus opportunistes depuis quelques années, excepté dans certaines filières comme les fruits à pépins, il devrait y avoir du revenu dans les exploitations. Le problème est celui des charges : l’énergie augmente, de même que le matériel, les semences, les produits phytosanitaires et les services, dont les assurances. Il conviendra de se pencher sur cette augmentation des charges car il n’est pas certain que demain, les marchés seront toujours aussi hauts. De plus, nous militons pour une ouverture d’esprit des élus et des médias. Il est temps d’arrêter d’ensemencer la discorde dans ce pays si nous ne voulons pas demain être la risée du monde. Nous devons retracer le chantier européen. Certains agriculteurs sont eurosceptiques. Il faut aller voir dans les Pays Bas, dont la politique est proche de celle de la Suisse, c’est-à-dire faire du business en étant intelligent.
Ce congrès arrive après les élections aux chambres d’agriculture. Ce sujet sera sans doute discuté ?
Dans le cadre du huis clos, il sera intéressant de retracer les lignes d’orientation qui existent entre la FNSEA et les associations spécialisées. Il y aura aussi une question de budget à caler. Si nous sommes moins performants, alors il nous faut reconstruire une stratégie. Si nous passons en dessous de la barre des 50 % de participation alors nous risquons d’assister à l’éclatement d’un réseau. Ce n’est pas ce que nous souhaitons en Isère et en Auvergne-Rhône-Alpes. Il y a donc des choses à revoir, notamment en matière de communication. La FNSEA est une grande cathédrale qu’il faut continuer à remplir d’adhérents.
Vous serez appelé à intervenir à la tribune. Quel message souhaitez-vous passer ?
Je prononcerai un mot d’accueil le premier soir puis j’interviendrai durant un quart d’heure lors du congrès. L’agriculture iséroise, ce sont 4 800 exploitations dont 3 000 professionnelles Nous avons besoin de nous maintenir au plus proche de ce nombre. Ce qui pose la question de la définition du renouvellement des générations. La mission de nourrir la société est un acte économique et social. Si l’agriculture est trop soumise à la critique, que restera-t-il ? L’Isère n’est pas le département le plus rural de France. C’est un avantage pour les circuits courts, mais son agriculture est attaquée de tous bords. Elle est devenue le putching ball de certains élus. Ainsi, Christophe Ferrari, le président de la Métro, ne veut pas rencontrer les syndicalistes exploitants agricoles. Pour quelle raison ? Nous nous battons contre les faux discours et les fausses informations. Et ce qui me dérange, c’est que des entreprises comme Arkema et Vencorex soient responsables de la pollution de captage d’eau qui ne peuvent plus alimenter les Grenoblois. Mais cela, on en parle peu.
Propos recueillis par Isabelle Doucet