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Abattoir

L'abattoir se décarcasse

Au Fontanil, l'abattoir de Grenoble a connu des phases critiques avant que les usagers et désormais les collectivités ne fassent bloc pour assurer son sauvetage et son exploitation dans les meilleures conditions.
L'abattoir se décarcasse

Il y a un an, un collectif d'usagers reprenait l'abattoir de Grenoble au bord d'un gouffre financier et structurel. Cette décision marquait la fin d'une crise qui avait vu l'équipement perdre ses tonnages et fondre son chiffre d'affaires. 130 souscripteurs constitués en Société coopérative d'intérêt collectif (SCIC) avaient mis la main au porte-monnaie, espérant que les collectivités ne les abandonnent pas, eux et leur outil industriel, indispensable aux filières d'élevage. Elles ont posé leurs conditions, certes, mais elles ne se sont pas désengagées. Au contraire, elles sont venues plus nombreuses pour que l'outil ne disparaisse pas. Si bien que le Syndicat mixte Alpes abattage (Symaa) créé en 2007 par le conseil général avec la ville de Grenoble, s'est élargi en ce début d'année, à quatre intercommunalités : la nouvelle métropole par transfert de compétences de la ville de Grenoble, le Pays voironnais, le Massif du Vercors et la communauté de communes du Grésivaudan. Après avoir apuré le passif de l'abattoir et paré aux travaux les plus urgents mais programmés, les collectivités viennent de débloquer une enveloppe de 3 millions d'euros, dont 400 000 euros apportés par la Région, de nouveau convaincue par l'utilité stratégique de l'abattoir de Grenoble.

 

Le bon fonctionnement de l'abattoir de Grenoble intéresse un grand nombre de collectivités.

 

Gouffre d'énergie

« Restructurer et redimensionner », ce sont les deux priorités rappelées par Eric Rochas, le président du conseil d'administration de la SCIC Pôle viande coopératif (PVC), qui gère, par délégation de service public, l'exploitation de l'abattoir. Il rappelle que l'usine a été conçue initialement pour une capacité annuelle de 10 000 tonnes. Elle débite aujourd'hui 3 000 tonnes. Les travaux porteront donc sur le recalibrage des machines de la chaîne bovine, l'adaptation des frigos aux journées d'abattage, la reprise des sols et la création d'une salle dédiée aux réunions et à la formation. La rénovation de la production d'eau chaude s'impose également. Elle est aujourd'hui assurée par trois énormes chaudières, impossibles à régler et gouffre d'énergie. « Ce n'est pas possible de continuer comme ça », glisse Eric Rochas. Enfin, le réaménagement de l'ancienne salle des ventes, celle où les chevillards présentaient jadis leurs carcasses pour les vendre aux bouchers, permettra la création d'une future salle de découpe. « C'est une prestation de service assurée par l'abattoir depuis 10 ans, et la deuxième activité de PVC, reprend Eric Rochas. Nous souhaitons la développer pour satisfaire au mieux aux attentes de la clientèle. » La salle de découpe traite 300 tonnes par an, pour le compte de grossistes, de bouchers ou d'agriculteurs qui pratiquent la vente-directe. Une activité de saucisserie sera lancée en mars 2015. Toutes les autres bêtes sont mises en quartier. Et passent par les frigos de maturation où elles séjournent jusqu'à trois semaines.

 

Les machines de la chaîne bovine vont être redimensionnées.

 

 

Traçabilité

L'abattoir de Grenoble est multi espèces : bovins, ovins, caprins, porcins, mais aussi équins et autruches. Il assure également les prestations bio et halal. Les animaux respectent une marche en avant bien codifiée. A leur réception, un bouvier vérifie leurs boucles et leur état (ils sont classés de 1 à 5 en fonction notamment de leur propreté). Le professionnel a bénéficié d'une formation permettant à l'abattoir de répondre au respect du bien-être animal. Il arrive fréquemment que les bêtes arrivent la veille au Fontanil pour être abattues le lendemain. Elles sont installées et nourries dans des logettes, bovins, porcins et équins dans des espaces séparés. Les services vétérinaires, qui sont présents en permanence à l'abattoir, vérifient si l'animal peut être abattu, s'il ne fait pas par exemple l'objet de boiterie. Sont ensuite examinés les abats et les carcasses. Au moment de l'abattage, les animaux bio passent systématiquement en premier. Chaque étape d'abattage satisfait aux exigences de traçabilité, depuis la bête dûment identifiée par ses boucles jusqu'à la carcasse porteuse d'une étiquette et d'un code-barre, en passant par les quartiers ou les pièces découpées, toutes identifiées .

Isabelle Doucet

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- L'abattoir au plus près des éleveurs

- Voir le diaporama de la visite de l'abattoir

 

Michel Grégoire, vice-président de la région, a apporté une enveloppe de 400 000 euros.

 

 

Aides à l'agriculture

« Je suis plutôt rassuré »

Michel Grégoire, vice-président du conseil régional, avait fait le déplacement à Grenoble la semaine dernière, porteur d'une enveloppe de 400 000 euros au titre des travaux à engager à l'abattoir. Il retrouvait sur place Alain Cottalorda, président du conseil général, Christian Nucci, vice-président du conseil général, Jean-Yves Poirier, maire du Fontanil-Cornillon et de nombreux élus de la ville de Grenoble, de la Métro et des communautés de communes impliquées dans le syndicat mixte, de même que Jean-Claude Darlet, président de la chambre d'agriculture, tous réunis autour du lancement du futur chantier de rénovation de l'outil d'abattage. L'occasion pour les élus du département et de la région de reparler du futur changement de modalités dans l'attribution des aides agricoles, les compétences en la matière basculant sous peu vers la région. « Je suis plutôt rassuré par rapport à la période antérieure, a déclaré Michel Grégoire. Les dossiers individuels continueront à être instruits par la DDT.» Il a souligné « la mise en place d'un système de guichet unique afin d'éviter les redondances dans l'instruction des dossiers. Il est logique, comme tout projet, qu'il y ait des lourdeurs au départ. Le principe de sélection nous a été imposé par Bruxelles. Nous sommes obligés de passer par un dispositif d'appel à projets. Il se peut que cette période où tout démarre, suscite des inquiétudes. Il est important de les faire remonter. Mais je me réjouis qu'en Isère, comme dans d'autres département, du travail de concertation mené avec le conseil général et la chambre d'agriculture. Nous savons nous dire les choses.»
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