L'Adi appelle les irrigants à se mouiller

Mobiliser pour peser. Inlassablement, depuis quelques semaines, l'Association des irrigants de l'Isère (Adi 38) prêche la bonne parole auprès des agriculteurs qui irriguent. Son objectif : grossir les rangs de l'association pour faire entendre sa voix dans toutes les instances où il est question de gestion de l'eau. Depuis le 27 février, les réunions de secteurs se multiplient, au plus près du terrain. A Saint-Barthélémy-de-Beaurepaire, ils étaient près de 200, à Satolas-et-Bonce, une cinquantaine... Interpelés par l'ordre du jour (« Les menaces de réduction importante sur les volumes prélevables dans plusieurs bassins »), les professionnels écoutent attentivement l'exposé sur la future organisation, pour laquelle la chambre d'agriculture a été mandatée. Nathalie Jury, en charge du dossier irrigation au sein de la chambre, présente le nouvel organisme unique de gestion collective : « Au lieu d'avoir une autorisation annuelle comme maintenant, l'organisme va avoir un volume d'eau global sur un périmètre. Prédéfini pour dix ans, avec une tolérance de 10%, ce volume sera ensuite réparti annuellement en volumes prélevables entre les irrigants, en fonction de quota individuel. » Il n'y aura donc plus de procédure mandataire, ni d'autorisation individuelle.
Quel contrôle?
Le dossier de demande d'autorisation devant être bouclé à l'horizon 2016, Nathalie Jury conseille aux irrigants de se montrer vigilants : « L'enjeu pour vous aujourd'hui, c'est la définition du volume d'eau global et sa répartition en quotas. Pendant cette période de deux ans, des études vont être conduites pour déterminer le volume qui sera par la suite défini par arrêté préfectoral. » La technicienne précise que ces études, financées à 80% par l'Agence de l'eau, restent pour 20% à la charge des irrigants , « bénéficiaires de l'étude ». A Satolas, un irrigant s'inquiète : « Ces études, on va les payer avec nos redevances. Mais comment va-t-on contrôler derrière ? Un même bureau d'étude, à vingt ans d'écart, ne trouve pas les mêmes résultats ! » Patiemment, la technicienne de la chambre explique qu'entre temps la loi sur l'eau a introduit un nouveau bénéficiaire parmi les usagers de l'eau : le milieu. « C'est tout le changement et à la fois le drame », peste un agriculteur. Jean-Paul Prudhomme, membre du conseil d'administration de l'Adi, saisit la balle au bond : « D'où l'importance d'être présents dans les instances ! Au niveau de la profession, nous dénonçons le modèle de calcul de réserve qui définit le volume d'eau prélevable. L'administration nous dit qu'elle est prête à réviser ses calculs si nous démontrons qu'il y a de l'eau. Qui ne tente rien n'a rien... »
Mobilisation générale
Le problème, c'est que pour faire poids dans les instances (organisme unique, Sage, comité de vigilance sécheresse...) et financer des contre-études, il faut être nombreux et disposer de ressources. « Quand on se rend aux réunions, on nous demande toujours combien nous sommes d'adhérents à l'Adi, témoigne Patrice Baray, le trésorier adjoint de l'association. C'est pour cela qu'il faut se mobiliser... et augmenter le nombre de cotisations pour pouvoir payer des contre-études. » D'où les campagnes d'adhésion lancées au début de chaque réunion de secteur. André Coppard, responsable du comité d'orientation Espace-territoire-environnement à la chambre d'agriculture, invite les irrigants à rejoindre les rangs de l'Adi et à « rameuter » leurs collègues. Les marges de manœuvres sont étroites, mais elles existent : « Sur les bassins déficitaires, il faut prendre les devants et anticiper. Tout n'est pas noir, insiste l'élu de la chambre consulaire. En Isère, il y a de l'eau. Mais aussi tous les hectares qui disparaissent de l'agriculture : il faut récupérer ces volumes et travailler les questions de substitution. » Un travail qui ne pourra se faire qu'avec la participation active des irrigants. Avis aux intéressés.