Accès au contenu
Gastronomie

L'agneau d'alpage fait son entrée dans le monde

En phase test, l'agneau d'alpage prépare sa descente sur Grenoble.
L'agneau d'alpage fait son entrée dans le monde

Cueilli à sa descente de l'alpage, il est destiné à être consommé localement. L'agneau d'alpage est un projet porteur de promesses initié par la Fédération des alpages de l'Isère (FAI), la chambre d'agriculture et le conseil départemental. Roland Bouvier, éleveur ovin qui pilote le projet est enthousiaste : « Nous espérons que l'association destinée à commercialiser l'agneau sera créée d'ici à la fin de l'année ». Les choses se sont accélérées puisque les éleveurs isérois proposeront dans les prochaines semaines 400 agneaux à la vente. On pourra commencer à le déguster dès ce week-end au col du Glandon, où l'agneau sera servi dans 300 repas.

Du lait et de l'herbe

L'idée est née en 2013. Il s'agissait de répondre aux attentes des consommateurs, de réduire les coûts de production et de valoriser les ressources herbagères et bien sûr, « de mieux rémunérer ce produit et tirer un revenu supplémentaire en vue de compenser une éventuelle baisse des MAE* », indique Roland Bouvier. Alors les éleveurs ont observé les pratiques des autres alpages, jusque dans les estives pyrénéennes du pays Toy, où grandit l'agneau de Barèges-Gavarnie. Le cahier des charges n'invente rien mais les règles sont fixées. L'agneau, de race rustique, est né en plaine au début du printemps, il n'est alimenté que par le lait de sa mère et le pâturage. Il n'a pas de complément alimentaire et passe un minimum de 50 jours en alpage. A sa descente il part directement à l'abattoir, un des trois de l'Isère, soit Bourg-d'Oisans, La Mure ou Grenoble, entre mi-août et mi-octobre. Cet agneau offre une viande rosée, avec une faible couverture de gras blanc et ferme. Sa saveur singulière est appelée « flaveur pastorale ».

Un potentiel important

Si les débuts en production sont un peu difficiles, car ces agneaux réclament une appropriation du projet de la part des éleveurs et la recherche de nouveaux marchés, en revanche, le potentiel est important. « En théorie, il serait de 35 000 bêtes, mais nous pensons plutôt 10 000. Le bassin de consommation est énorme entre Grenoble et les régions touristiques en fin de saison », reprend Roland Bouvier. A la FAI, un stagiaire, Baptiste Jean, s'est chargé de contacter tous les éleveurs ovins de l'Isère ou transhumants. Une dizaine ont répondu présents, sensibles à l'argument du prix. Une carcasse d'agneau d'alpage se vendra entre 10,50 et 11 euros le kg contre 8 à 9 euros pour un agneau standard. Avec la chambre d'agriculture et la FAI, les éleveurs ont été formés à trier leurs agneaux et évaluer leur état d'engraissement, car les bêtes doivent présenter une viande peu grasse et des muscles bien développés reconnaissables au palper. « Mais c'est dur de motiver les éleveurs ovins. Certains sont déjà en vente directe, d'autres commercialisent à la descente d'alpage », reconnaît Roland Bouvier. Le projet réclame quelques ajustements. Faut-il changer certaines pratiques ? Faire passer les agneaux avant les brebis ? Faut-il choisir des alpages ? Comment répartir les bêtes ? Comment aller chercher les agneaux ? Le recul de la date de l'Aïd, prévu cette année le 20 septembre, incitera peut-être les éleveurs, d'ici un ou deux ans, à considérer l'agneau d'alpage comme un débouché intéressant. D'autant que les marchés se structurent déjà.

Sa place sur les marchés

« Le conseil départemental est partant. En proposant l'agneau en restauration collective, il valorise l'image de la montagne », annonce Roland Bouvier. La ville de Grenoble a offert aux éleveurs trois places sur les marchés de producteurs locaux et un soutien en communication. « Nous sommes en discussion avec des associations comme celle qui organise l'UT4M pour préparer un méchoui pour 1 200 personnes », poursuit l'éleveur qui aimerait bien concrétiser ce gros coup. La Beaucroissant est aussi sur les rangs avec une dégustation proposée sur le stand du département. « Quelques restaurateurs et bouchers se sont aussi montrés intéressés », constate Roland Bouvier. C'est donc une rentrée test pour l'agneau d'alpage qui ne demande qu'à prendre son envol. Les initiateurs espèrent qu'il sera bientôt rejoint par les bovins.

* MAE : Mesure agro-environnementale

Isabelle Doucet

Le loup en débat

Au col du Glandon, les Echos des montagnes sont toujours un rendez-vous à succès de la fin de l'été. Au-delà de l'événement festif qui anime le col pendant deux jours, les Rencontres de la montagne, initiées l'an passé par les maires des communes de Saint-Colomban-des-Villards, Saint-Alban-des-Villards, Allemont, Vaujany, Saint-Sorlin-d'Arves et Saint-Jean-d'Arves, dans le cadre des "Etats généraux du pastoralisme et les loups" ont posé clairement la question de la pression du loup. Pour poursuivre ce travail qui a donné matière à une motion signée par 480 communes, la nouvelle édition aura pour thème : « Pour une montagne vivante, et une gestion territorialisée du loup ». « Malgré des avancées sur le dossier avec des mesures complémentaires pour les tirs de prélèvements, avec la constitution d'une brigade de professionnels pour soutenir les éleveurs ou encore avec les engagements du ministère de l'environnement à réaliser dans sa totalité le plan loup (en un mois), il reste encore de nombreuses questions sans réponse, » indiquent les organisateurs. Des propositions seront faites dans ce lieu d'échanges qui réunit élus, éleveurs, bergers, syndicats agricoles, services pastoraux, professionnels du tourisme, chasseurs, scientifiques, aménageurs de domaines skiables de nombreux départements où le loup est présent.
Samedi 22 août à 14 heures :« Les rencontres de la montagne » au Col du Glandon, vallée des Villards.