Accès au contenu
Politique agricole

L'agriculture premier gestionnaire des territoires

La restitution du rapport d'étape du Global food forum qui s'est déroulé en juin dernier à Lans-en-Vercors réaffirme le rôle premier de l'agriculture dans les zones défavorisées.
L'agriculture premier gestionnaire des territoires

Le 22 juin dernier, Lans-en-Vercors était au cœur des réflexions sur l'avenir de la PAC. Les organisateurs du Global food forum, le think tank Farm Europe, sont revenus dans le Vercors pour présenter leur rapport d'étape. Luc Vernet, un des cofondateurs du laboratoire, en présente le contenu.

Quel est l'objectif de la remise de ce rapport d'étape ?

C'est un travail de synthèse et de discussion avec les acteurs qui ont participé au Global food forum (GFF). L'idée est d'engager une réflexion afin que chacun se réapproprie les outils dont l'Europe dispose et imagine ceux de demain.

Quelles sont les attentes compilées dans ce document ?

Les réflexions issues des trois ateliers du GFF posent toutes la question du cadre européen de l'action. Pour les acteurs, la PAC devrait mieux s'articuler entre une démarche locale et leur besoin d'être intégrés dans un processus européen plus large. Le rapport soulève certains points de blocages, des défis et évoque des solutions.

Quelles sont les idées force ?

Les acteurs du GFF désirent ne plus subir les sujets, mais les intégrer pour apporter des réponses cohérentes tenant compte de tous les paramètres. Il en ressort qu'il est important d'avoir une stratégie de territoire locale, une dynamique qui tienne compte des trois volets de la durabilité (économique, environnementale et sociale) et qui utilise au mieux les volets d'action existants et s'ils n'existent pas, d'expérimenter et proposer des solutions innovantes.

A quels défis les territoires doivent-ils faire face ?

Un des enjeux fortement vécu par le Vercors, et au cœur de la problématique européenne, est celui de l'installation des jeunes agriculteurs et du renouvellement des générations. Le défi est celui de l'accompagnement du monde agricole, avec l'aide des collectivités. Les freins, les besoins en investissement, les problèmes rencontrés par le Vercors se retrouvent au niveau européen.

Quels sont les outils pour relever de tels enjeux ?

Le 29 novembre prochain, la Commission européenne présente sa communication sur l'avenir de la PAC et devrait mentionner le renouvèlement des générations comme un des grands défis à relever. Mais les acteurs européens peinent encore à trouver des solutions concrètes.

Le Vercors présente-t-il des atouts ?

Le Vercors est une zone spécifique au regard de son positionnement géographique, avec de grands bassins urbains à proximité, mais c'est un territoire de montagne qui peine à maintenir une activité économique et où le monde agricole rencontre des difficultés. La volonté du territoire est de mettre l'agriculture au cœur de sa dynamique. Ce n'est pas une activité de conservation mais de développement sur laquelle bâtir une stratégie. L'agriculture est un vecteur de l'identité du Vercors. La question est de comment garder cette activité et faire en sorte qu'elle se renouvelle.

Quelles solutions peuvent être avancées ?

Il importe de donner des possibilités, au-delà des outils de la PAC, pour des territoires comme le Vercors, d'expérimenter et d'avoir des stratégies développées localement, à l'aide de soutiens publics. Un des constats est que souvent, les outils sont là. Il existe de nombreuses mesures mais il est difficile de trouver les moyens pour activer tous les leviers de façon cohérente. La fragmentation des outils engendre la complexité du système.

Que trouve-t-on dans la boîte à outils ?

On y retrouve des mesures importantes comme les aides directes, les paiements en faveur des zones défavorisées ou les aides couplées pour certaines productions. Dans le cadre des Programmes de développement rural (PDR), on recense une vingtaine d'actions possibles et c'est là que le travail peut se faire, en ayant une cohérence entre les outils existants du premier et du deuxième pilier et voir, au regard des attentes, où sont les vides.

Qu'adviendra-t-il de ce rapport ?

Le commissaire européen à l'agriculture Phil Hogan sera mis au courant de la suite, c'est-à-dire du résultat des échanges du 2 novembre et de notre capacité à être force de proposition pour expérimenter lorsqu'il n'existe pas d'outils.

Le droit à la concurrence, la couverture des risques et la rentabilité étaient au cœur des débats. Où en sont ces questions ?

Elles ont beaucoup avancé dans le cadre de l'Omnibus financier*, dont le volet agricole devrait être voté séparément pour être mis en œuvre dès le 1er janvier 2018. Concernant le droit à la concurrence, le contrat devient un droit avec des prix et des volumes mentionnés clairement. Les agriculteurs auront la capacité de s'organiser en organisations de producteurs de façon renforcée, pour chaque production. Tous les secteurs sont concernés. Ils auront la possibilité de gérer les mises en marché, de définir les standards de qualité et de vendre collectivement leurs produits. Ils ont aussi la possibilité, au sein de des interprofessions, de discuter de la répartition de la valeur. Ce qui rejoint les attentes des Etats généraux de l'alimentation. Quant à la gestion des risques, il y a des encouragements concernant la couverture des risques climatiques par le biais assurantiel. Les risques de marchés bénéficieront de la possibilité de création d'un fonds de mutualisation des risques, de protection des marges ou d'une assurance sur le revenu.

Propos recueillis par Isabelle Doucet

* Révision du cadre financier de la PAC

 

Des solutions

L'agriculture moteur du développement rural

La présentation du rapport d'étape a été l'occasion d'évoquer quelques solutions, jeudi dernier à Lans-en-Vercors.
Le postulat de départ est de ne pas opposer croissance et durabilité. Une des idées forces est que « l'agriculture est le socle incontournable du développement des zones rurales », ainsi que le déclarait Jacques Adenot, le président du PNR Vercors. « Sans agriculture économique performante, il n'y a pas de gestion durable de l'environnement », indique le rapport.
Sur la question des filières, les propositions portent la diversification des productions (énergies renouvelables, transformation etc.), la mise en place de produits innovants, la valorisation d'une identité locale et une meilleure répartition de la valeur. Tout ceci grâce à l'existence d'une stratégie locale claire.
 
Les acteurs ruraux du Vercors présents lors de la restitution.

En termes d'innovation, le digital apparaît comme un levier incontournable, mais nécessite le dépassement de barrières technologiques et financières. La place des pouvoirs publics a été réaffirmée en tant que garants de la cohérence des stratégies engagées et du respect de l'émergence de chaîne de valeurs agricoles et environnementales. Il a été fortement question du bon périmètre pour expérimenter et engager des actions territoriales, lequel se définit autour d'une dynamique collective. Enfin, tous les acteurs réclament une simplification de la PAC.