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Aménagement du territoire

L'agriculture, sésame pour "rouvrir" le paysage

Pour élaborer son plan de paysage, la communauté de communes du Trièves a proposé aux habitants du territoire de participer à des ateliers de réflexion sur le paysage. Les agriculteurs ont joué le jeu.
L'agriculture, sésame pour "rouvrir" le paysage

Des paysages qui se ferment, des parcelles en pente et des zones agricoles qui s'embroussaillent, des piémonts devenus impénétrables... Dans le Trièves, la déprise agricole et l'enfrichement sont une réalité dont chacun a conscience. « Le problème, c'est que les agriculteurs rencontrent de grandes difficultés à entretenir ces espaces, et notamment les kilomètres de haie dont ils ont la charge, explique le paysagiste Bertrand Rétif impliqué dans le plan de paysage lancé par la communauté de communes du Trièves. Ils sont souvent dépassés par l'ampleur de la tâche. L'enfrichement est notamment dû à la diminution de l'élevage, notamment au pied des versants. Or il y a un véritable enjeu à conserver un paysage agro-pastoral. » Un enjeu souligné par les agriculteurs eux-mêmes qui voient, dans cette démarche participative, l'occasion « d'insister sur le nécessaire maintien de l'élevage en général pour éviter la banalisation du territoire ». Car, explique une bonne connaisseuse du dossier, « là où les terres sont bonnes, les agriculteurs cultivent des céréales et ne prennent que quelques bêtes en pension pour bénéficier des primes. A terme, le Trièves risque de basculer de la polyculture-élevage vers la polyculture tout court en raison des contraintes sur l'élevage, tant en termes d'environnement, que de foncier ou de temps de travail ».

Reconquête agropastorale

Un propos que confirme Cédric Miège, éleveur ovin à La Motte (commune de Sinard) : « On pourra essayer d'ouvrir autant de paysage qu'on veut avec des tracteurs et des broyeurs : on n'y arrivera pas. Si vous n'avez pas de bétail, c'est peine perdue. Le problème, c'est que les jeunes qui s'installent font des céréales, soit à cause des compagnes, soit à cause des contraintes. Que les élus en prennent conscience, c'est bien. Car les agriculteurs ont besoin d'être aidés pour débroussailler. » Reste à savoir par quelles actions concrètes la collectivité peut soutenir ce travail, ou tout au moins la présence des agriculteurs. Certains évoquent des aides ou des investissements dans du matériel exploitable en commun. D'autres imaginent une « reconquête agropastorale d'espace en friche en vue d'une mise en culture ou en pâture pérenne ». On songe notamment au travail mené par Vignes et vignerons du Trièves (plantation de vignes ou de vergers conservatoires autour des villages), à la valorisation d'une filière porteuse qui installerait un « produit phare » (l'agneau du Trièves ? les céréales ?), voire à l'agro-foresterie. Encore faut-il avoir conscience de l'impact que ces stratégies auront sur le paysage lui-même.

Marianne Boilève