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Agroécologie

L'agroécologie s'offre un bouquet de solutions

Formation, information et répartition territoriale : les bases de la démarche agro-écologique en Isère ont été posées par le 3e comité de pilotage qui s'est réuni à La Tour-du-Pin.
L'agroécologie s'offre un bouquet de solutions

Dans la Boucle du Rhône en Dauphiné, le vocable ne fait pas peur. L'agro-écologie, les membres du comité de territoire ont décidé de transformer ce courant en opportunité. Ou du moins d'aller voir s'il n'y avait pas un intérêt commun, pour toute l'économie agricole, à s'intéresser aux pratiques émergentes, en vue de la création de nouvelles filières, de nouveaux débouchés. Lorsqu'on sait que dans le cadre de la stratégie nationale bas carbone, le conseil des ministres envisage de réduire par quatre les émissions de gaz à effet de serre (GES), notamment en comptant sur une baisse de 12% dans l'agriculture, grâce à l'agro-écologie... autant prendre le train plutôt que de le regarder passer.

Pour Pascal Denolly, le président de la FDSEA qui a initié le projet AEI avec la chambre d'agriculture de l'Isère, l'exemple de la Boucle du Rhône est à suivre. Il part d'une « logique territoriale » et rencontre « une logique interprofessionnelle », notamment celle des acteurs économiques.

 

« Sans prendre de risque »


L'objet de ce 3e Comité de pilotage, qui s'est déroulé le 16 novembre dernier à La Tour-du-Pin, touchait bien au nerf de la guerre : les moyens de mettre en œuvre les ambitions agroécologiques de l'Isère. Or, les opérateurs économiques font preuve d'une grande réserve. Parce qu'ils attendent un retour sur les possibles investissements et parce que chacun, à son niveau, est déjà engagé dans des démarches agro-écologiques. Un premier état des lieux fait apparaître que les pratiques existent déjà. Elles portent sur les écosystèmes (assolements, couverts, bio contrôle, agroforesterie, prairies, nouvelles cultures etc.), les nouvelles technologies et le numérique (robotique, autoguidage, drones, bâtiments intelligents), la génétique et les outils de diagnostic et d'aide à la décision. « Il existe des plans d'action, résume Thomas Huver, en charge du volet AEI pour la FDSEA. Mais ils s'inscrivent dans un champ concurrentiel et les projets de développement collaboratifs sont limités et disparates ».

 

Les participants au 3e comité de pilotage de l'AEI en Isère.

 

Pour répondre à la frilosité de certains, Max Gros Balthazard, qui est en TCS(1) depuis près de 15 ans insiste : « Il ne faut pas forcément investir davantage. Sans prendre plus de risque, on peut travailler sur les IFT(2), les rotations de cultures, les couverts. » Jean-Philippe Vincent, administrateur de l'association nationale AEI reprend d'ailleurs en écho : « Il ne faut pas se cacher derrière l'économique pour refuser d'évoluer ». Il décrit l'AEI comme un think tank, un creuset d'idées, d'innovations, d'anticipations, « un bouquet de solutions, de choses qui ne sont pas révolutionnaires » et qui, à terme, trouveront probablement une réponse économique. « L'intérêt économique n'est pas seulement dans la marge nette, insiste Yvan Gautronneau, ex professeur d'Isara Lyon. Lorsque l'on parle d'économie de proximité, il existe d'autres indicateurs. »

 

Un événement majeur en 2017

 

Pascal Denolly, président de la FDSEA Isère, Jean-Louis Goutel, directeur adjoint de la chambre d'agriculture et Jean-Claude Plottier (Fnams) : faire avancer l'AEI en Isère.

 

« Il convient de rendre nos démarche visibles, insiste Pascal Denolly, l'agroécologie ne peut pas être la compilation de petites pratiques abordées à la marge, mais une façon différente d'aborder son exploitation. » Car après la question financière, celle de la communication est tout aussi essentielle. Les membres du comité s'interrogent sur la meilleure manière d'informer sur la démarche agroécologique, alors que le terme peut encore effrayer. « Nous n'allons pas à l'inverse de l'agriculture conventionnelle, mais c'est une évolution permanente de la pratique », martèle Pascal Denolly. Une des portes d'entrée est celle de la formation, avec une approche très concrète sur des outils et des pratiques qui fonctionnent. L'autre approche est territoriale : l'idée de lancer des parcelles de référence dans plusieurs territoires a été retenue. Pascal Denolly proposé également d'organiser un événement majeur sur le thème de l'agroécologie en 2017. Enfin, le suivi de la démarche sera assuré par la mise en place d'un comité technique et d'un comité stratégique présidé par Françoise Souillier, présidente de JA Isère.

Isabelle Doucet

(1) : TCS : technique culturale simplifiée

(2) IFT : indice fréquence traitement

 

Boucle du Rhône en Dauphiné

Etat des lieux, état du sol

Le comité de territoire a engagé un partenariat avec l'école d'agronomie Isara-Lyon pour travailler sur le thème du sol. Un stagiaire sera recruté pour rencontrer les exploitants sur le terrain, dresser un état des lieux des pratiques et mobiliser les exploitants sur des évolutions concrètes. Eric Rodamel a bien défini le champ d'action du comité de territoire. « Nous sommes là pour que les portes s'ouvrent, pas pour faire de la politique, mais pour trouver des idées et des solutions ». La dynamique semble enclenchée au sein du comité où siègent agriculteurs et élus locaux, lesquels se montrent de plus en plus sensibles aux questions agroécologiques, notamment dans le cadre de l'élaboration des projets inscrits dans le programme Leader, mais aussi par le fait que c'est la communauté de communes de l'Isle Crémieu qui porte le PAEC Nord Isère.
 

 

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