L’Anses sonne l’alarme sur la sédentarité, le sel et les fibres

« Les études Inca permettent de constituer une base de données à partir d'un échantillon représentatif de la population vivant en France de 5 800 individus de la naissance à 79 ans », explique Carine Dubuisson, adjointe unité méthodologie et études. « L'enquête que l'on met aujourd'hui sur la table a vocation à être utilisée très rapidement par les pouvoirs publics », déclare concrètement Dominique Gombert, directeur de l'évaluation des risques. Premier constat : « Il y a une persistance des disparités », affirme Carine Dubuisson. Ainsi, « les femmes privilégient dans leur alimentation les yaourts et fromages blancs, compotes et fruits au sirop... » et ont « une meilleure connaissance des repères alimentaires », tandis que les hommes consomment plus régulièrement des produits céréaliers raffinés, fromages et entremets et adoptent généralement « un comportement plus actif ». Le second facteur de disparités, c'est l'âge. Dans cette perspective, « les 65-79 ans consomment davantage de fruits et légumes et d'aliments faits maison », contrairement aux 18-44 ans qui préfèrent les sandwichs, pizzas et autres pâtisseries. Le niveau socio-économique joue également un rôle non négligeable sur les comportements alimentaires : « pour les boissons sucrées, plus le niveau d'études augmente, moins on en consomme », la tendance inverse étant observée pour les fruits et légumes. L'Anses recommande donc naturellement que « cette diversité soit bien prise en compte pour la communication des risques ».
Trop de sel et pas assez de fibres
« 11 % des enfants sont considérés comme maigres, 13 % en surpoids et 4 % en obésité », constate Carine Dubuisson. En cause, l'augmentation du temps passé devant les écrans, raison pour laquelle « l'Anses recommande de prévoir un repère spécifique sur la sédentarité », qui touche également plus de 80 % des adultes. D'autre part, « la majorité des aliments transformés sont d'origine industrielle. Carine Dubuisson mentionne en outre la nécessité pour les pouvoirs publics de s'adapter à cette nouvelle façon de se nourrir car il est « difficile pour les individus de comprendre et surtout d'appliquer des recommandations basées sur des aliments bruts ». Un autre constat porte sur les apports en sel. Par exemple, « les femmes ont en moyenne des apports de 7 grammes par jour », quand la quantité préconisée est de 6,5 grammes. Or, c'est le schéma inverse qui se dessine pour les fibres puisque leurs « apports restent trop faibles », déplore Carine Dubuisson. Le problème vient, selon elle, du fait que « seulement une minorité des individus connaît les repères du PNNS (Programme national nutrition santé) ».
Les risques sanitaires
« On a des pratiques courantes d'approvisionnement local », note Carine Dubuisson. Encouragé par les promoteurs des circuits courts, il représente néanmoins un enjeu sanitaire car il « n'est pas soumis officiellement aux contrôles », faisant planer un risque de contamination. Autre comportement à risque pointé par l'Anses : « 43 % des ménages ont un réfrigérateur avec une température supérieure à 6 °C », alors qu'il est recommandé qu'elle n'excède pas 4 °C. Par ailleurs, l'Anses constate « un doublement de la consommation de poissons et viandes crus ». Dans les mauvaises habitudes, « des temps plus longs de conservation des denrées périssables » avec 8,6 % des ménages qui déclarent ne pas hésiter à manger de la viande après la DLC (date limite de consommation) s'ajoutent à un tableau peu rassurant puisqu'il explique la persistance des maladies infectieuses liées à l'alimentation qui touchent « grosso modo 12 000 à 15 000 malades par an », affirme Charlotte Grastilleur, directrice adjointe de l'Anses.