Accès au contenu
Alimentation

L’Anses sonne l’alarme sur la sédentarité, le sel et les fibres

Le 12 juillet 2017, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire alimentation, environnement, travail) a publié les résultats d’Inca 3, sa troisième étude sur les consommations et habitudes alimentaires de la population française. Trop de sel, pas assez de fibres, une activité physique insuffisante et des pratiques à risques en ressortent, ce qui devrait faire évoluer les recommandations.
L’Anses sonne l’alarme sur la sédentarité, le sel et les fibres

« Les études Inca permettent de constituer une base de données à partir d'un échantillon représentatif de la population vivant en France de 5 800 individus de la naissance à 79 ans », explique Carine Dubuisson, adjointe unité méthodologie et études. « L'enquête que l'on met aujourd'hui sur la table a vocation à être utilisée très rapidement par les pouvoirs publics », déclare concrètement Dominique Gombert, directeur de l'évaluation des risques. Premier constat : « Il y a une persistance des disparités », affirme Carine Dubuisson. Ainsi, « les femmes privilégient dans leur alimentation les yaourts et fromages blancs, compotes et fruits au sirop... » et ont « une meilleure connaissance des repères alimentaires », tandis que les hommes consomment plus régulièrement des produits céréaliers raffinés, fromages et entremets et adoptent généralement « un comportement plus actif ». Le second facteur de disparités, c'est l'âge. Dans cette perspective, « les 65-79 ans consomment davantage de fruits et légumes et d'aliments faits maison », contrairement aux 18-44 ans qui préfèrent les sandwichs, pizzas et autres pâtisseries. Le niveau socio-économique joue également un rôle non négligeable sur les comportements alimentaires : « pour les boissons sucrées, plus le niveau d'études augmente, moins on en consomme », la tendance inverse étant observée pour les fruits et légumes. L'Anses recommande donc naturellement que « cette diversité soit bien prise en compte pour la communication des risques ».

 

Trop de sel et pas assez de fibres

 

« 11 % des enfants sont considérés comme maigres, 13 % en surpoids et 4 % en obésité », constate Carine Dubuisson. En cause, l'augmentation du temps passé devant les écrans, raison pour laquelle « l'Anses recommande de prévoir un repère spécifique sur la sédentarité », qui touche également plus de 80 % des adultes. D'autre part, « la majorité des aliments transformés sont d'origine industrielle. Carine Dubuisson mentionne en outre la nécessité pour les pouvoirs publics de s'adapter à cette nouvelle façon de se nourrir car il est « difficile pour les individus de comprendre et surtout d'appliquer des recommandations basées sur des aliments bruts ». Un autre constat porte sur les apports en sel. Par exemple, « les femmes ont en moyenne des apports de 7 grammes par jour », quand la quantité préconisée est de 6,5 grammes. Or, c'est le schéma inverse qui se dessine pour les fibres puisque leurs « apports restent trop faibles », déplore Carine Dubuisson. Le problème vient, selon elle, du fait que « seulement une minorité des individus connaît les repères du PNNS (Programme national nutrition santé) ».

 

Les risques sanitaires

« On a des pratiques courantes d'approvisionnement local », note Carine Dubuisson. Encouragé par les promoteurs des circuits courts, il représente néanmoins un enjeu sanitaire car il « n'est pas soumis officiellement aux contrôles », faisant planer un risque de contamination. Autre comportement à risque pointé par l'Anses : « 43 % des ménages ont un réfrigérateur avec une température supérieure à 6 °C », alors qu'il est recommandé qu'elle n'excède pas 4 °C. Par ailleurs, l'Anses constate « un doublement de la consommation de poissons et viandes crus ». Dans les mauvaises habitudes, « des temps plus longs de conservation des denrées périssables » avec 8,6 % des ménages qui déclarent ne pas hésiter à manger de la viande après la DLC (date limite de consommation) s'ajoutent à un tableau peu rassurant puisqu'il explique la persistance des maladies infectieuses liées à l'alimentation qui touchent « grosso modo 12 000 à 15 000 malades par an », affirme Charlotte Grastilleur, directrice adjointe de l'Anses.