L'Isère sonde ses consommateurs sur leur appétit de local

A quoi les Isérois sont-ils prêts pour manger local ? Pour le savoir, la chambre d'agriculture a mis au point un questionnaire très détaillé qui sera mis en ligne le 25 mai. Objectif : cerner les attentes des consommateurs de façon à « définir davantage les conditions de production des produits » qui porteront prochainement la marque Is(H)ere.
Inspirée de la démarche « C'est qui le patron ?! », l'enquête vise à interroger les Isérois sur une multitude de critères, liés aux pratiques de production et à la rémunération des agriculteurs. « Cette enquête va nous permettre de voir quel niveau de qualité répond aux attentes des consommateurs, explique Pascal Denolly, maraîcher et vice-président de l'organisme consulaire. Les agriculteurs sont attendus sur des standards de qualité. Pour ce qui est de l'élevage, il s'agit de mettre en valeur notre potentiel, en l'occurrence l'herbe, le non OGM, la garantie du bien-être animal. Pour les productions végétales, il faut mettre en avant les aspects agroécologiques. Encore faut-il utiliser des termes qui parlent aux gens. A nous de construire les explications qu'ils comprennent et qui leur parlent. »
Prix juste
Structuré en six séquences (qualité de la marque, produits laitiers, viande bovine, farine, fruits et légumes, prix), le questionnaire s'ouvre sur des questions destinées à établir le profil des personnes enquêtées. Il leur est d'abord demandé de classer leurs critères d'achat par ordre d'importance (qualité nutritionnelle, goût, texture, respect de l'environnement, juste rémunération...). Puis de lever le voile sur leurs pratiques d'achats (grande distibution, discount, épicerie, marché, magasin de producteurs...) et leurs attentes à l'égard de la marque Is(H)ere. Dans la section consacrée au « prix juste », les consommateurs sont invités à se positionner sur ce qu'ils entendent par là : un prix qui permette au producteur de « ne pas perdre d'argent », « de se payer convenablement » ou « d'avoir un temps de travail raisonnable » ?
Label départemental
Les volets suivants, consacrés aux productions proprement dites, sont plus techniques. Les questions ont été élaborées à partir de la réalité iséroise, avec l'appui des techniciens de la chambre d'agriculture, très au fait de la diversité des pratiques adoptées par les producteurs. Partant de là, les consommateurs sont interrogés sur le type de réglementation qu'ils souhaiteraient voir appliquée par les producteurs (réglementation française, agriculture raisonnée ou bio) et les produits qu'ils seraient susceptibles d'acheter sous label départemental (lait de consommation, fromages, desserts lactés, farine blanche, semi-complète, prête à l'emploi...). L'enquête se focalise ensuite sur les conditions d'élevage (respect de la charte des bonnes pratiques, accès au pâturage, nature et origine de l'alimentation...), la localisation de l'abattage, la maturation de la viande, les options variétales (variétés anciennes, locales), la saisonnalité ou encore l'aspect du produit.
Question de prix
Ces aspects techniques passés au crible, le sondage s'achève sur la délicate question des prix. « Etant donné les garanties que vous avez sélectionnées au cours de ce questionnaire, vous achèteriez un produit Is(H)ere moins cher, au même prix ou plus cher que les marques distributeurs », est-il demandé aux consommateurs. Une manière de renvoyer dos à dos discours et pratique. Résultat des courses cet été. Mais, concernant les modes de production, la chambre d'agriculture assure que les producteurs resteront maître chez eux : libre à eux d'adhérer, ou non, à la charte de la nouvelle marque.