L'Unaf regrette un « manque de courage » du Sénat

Le Sénat s'est prononcé le 12 mai pour une diminution progressive des néonicotinoïdes, mais sans fixer de date limite comme le souhaitait le gouvernement. A l'occasion de la 2e lecture du projet de loi biodiversité, les sénateurs ont adopté par 263 voix pour et 48 contre, deux amendements identiques de Nicole Bonnefoy (PS) et du gouvernement fixant leur interdiction progressive. Le dispositif prévoit d'abord que l'Anses rende un rapport avant fin 2016 dressant un bilan bénéfice-risque vis-à-vis des alternatives disponibles. A partir de ce bilan, il interdit à partir du 1er juillet 2018, l'usage des néonicotinoïdes pour lequel un produit présentant un bilan plus favorable existe.
Le projet de loi prévoyait ensuite leur interdiction à compter du 1er juillet 2020. Mais la majorité sénatoriale de droite l'a modifié en supprimant cette limite. « Une interdiction totale des substances néonicotinoïdes serait en totale contradiction avec le droit européen », a souligné Sophie Primas (LR). Elle a aussi estimé qu'il y avait une contradiction dans la mesure où l'Anses peut interdire à tout moment l'usage de produits contenant des substances néonicotinoïdes qui présenteraient des risques avérés pour la santé ou l'environnement. Dans ces conditions, la secrétaire d'État à l'Environnement Barbara Pompili a donné un avis défavorable.
L'Unaf (apiculteurs) a dénoncé le 13 mai le refus des sénateurs d'interdire les néonicotinoïdes lors de la 2e lecture du projet de loi biodiversité, y voyant un « manque de courage ». « Au lieu de prendre la décision claire, légitime et responsable d'interdire ces produits (néonicotinoïdes), les sénateurs ont préféré s'en remettre à l'Anses pour que celle-ci retire éventuellement l'utilisation sur tel ou tel usage, avec telle ou telle molécule, au cas par cas, affirme un communiqué. En réalité, l'agenda indiqué, 2016 et 2018, n'engage à rien l'Anses et procède seulement d'un artifice de communication pour masquer le lamentable manque de courage du Sénat. » L'Unaf martèle qu'il y a « unanimité » de la communauté scientifique concernant les impacts des néonicotinoïdes sur les abeilles, qu'il n'y a « pas de différences de rendement » entre cultures traitées et non traitées. « Le Sénat reste dramatiquement coincé dans des modèles d'agriculture obsolètes en guerre avec le vivant et demeure aveugle face au foisonnement d'initiatives qui prouvent qu'il est possible de se passer de ces pesticides », déclare le président Gilles Lanio, cité dans le communiqué.
Source : Agra