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La Boucle du Rhône se recentre

Le comité de Territoire de la Boucle du Rhône en Dauphiné reprend sa destinée en main. Mobilisée, la nouvelle équipe veut porter la parole des agriculteurs et à nouveau compter dans les instances de décision.
La Boucle du Rhône se recentre

Se remobiliser ou disparaître des circuits de décision locaux. Un nouveau président, Eric Rodamel, un nouveau nom devaient permettre au Comité de territoire de la Boucle du Rhône en Dauphiné de reprendre pied sur son territoire, mais sur quelles bases ? La nouvelle équipe a fait appel à l'Isara-Lyon pour mener une double étude sur l'état des lieux et les attentes de l'agriculture dans le secteur. Camille Clément, enseignant-chercheur de l'école lyonnaise a encadré trois étudiantes-ingénieurs en mission sur la Boucle du Rhône. Au moment de la restitution de leur travail, jeudi dernier à Villemoirieu, le constat est amer : « Peu d'agriculteurs s'intéressent au territoire », indique l'enseignante.

L'enquête a porté sur 101 exploitants tirés au sort dans le fichier des 300 agriculteurs recensés dans le territoire. Si leurs profils sont variés, plus de la moitié sont des céréaliers. Le territoire connaît un fort phénomène de concentration, en témoigne les projets d'agrandissement confiés par le tiers des personnes interrogées en termes de foncier ou sur les bâtiments. Les préoccupations du monde agricole sont tout aussi variées : foncier, commercialisation, transmission et installation, techniques de production... Enfin, si le réseau professionnel est étoffé (associations, coopératives, Asa...), seul un agriculteur sur dix environ participe au comité de territoire : pas le temps, pas intéressé, pas concerné... « Lorsque nous avons procédé à des entretiens plus détaillés, nous avons constaté que les agriculteurs regrettaient le manque d'écoute, de réponses, de réactions, ainsi que les avis divergents au sein du comité », explique l'enseignante. Elle souligne cependant un point positif : 61% font part d'un souhait d'information.

Les intérêts de l'agriculture

Au premier plan, Philippe Guérin, directeur de la chambre d'agriculture et Pierre Teste, exploitant et ex maire d'Optevoz.

Poussant plus loin leurs recherches, les étudiantes en ont conclu que le comité de territoire aurait un rôle à jouer, en tant que lieu d'échange et de mise en relation des différents acteurs agricoles et non agricoles, mais aussi pour représenter les intérêts de l'agriculture dans les problématiques du territoire. Il a aussi un rôle stratégique dans la gestion de certains volets du Psader. Pour mettre en place des actions concrètes, les étudiantes préconisent la constitution de groupes de travail. Les thématiques sont très nombreuses. Certaines s'inscrivent sur le long terme (foncier et aménagement, installation et transmission, pratiques alternatives) d'autres peuvent être plus rapidement mises en œuvre (formation, interventions de spécialistes, expérimentations en commun...) Des sujets comme la ViaRhôna, la qualité de l'eau, le tissu social agricole, les mesures agroécologiques, la commercialisation et la transformation intéressent particulièrement la profession. « Il existe aussi des acquis à renforcer, comme celui d'un comité à l'écoute des agriculteurs, ainsi que le prouve la volonté d'avoir mené cette étude. Il y a également des initiatives à consolider comme faire vivre la Charte de bien vivre ensemble ou encore le fait de travailler avec les acteurs des collectivités », poursuit Camille Clément. Elle invite d'ailleurs le CT BRD à continuer à travailler avec la recherche. L'enseignante ajoute que si les étudiantes ont souvent rencontré des a priori négatifs au début de leurs entretiens avec les agriculteurs, après discussion, d'aucuns reconnaissaient l'intérêt du comité de territoire. « Mais il y a un cap à franchir avant qu'ils ne désirent s'investir dans le groupe ».

La communication et le foncier

Agriculteurs et élus étaient une cinquantaine réunis autour du nouveau bureau du CTRB pour écouter les conclusions et les pistes de l'enquête de l'Isara. Nombreux partageaient l'impression que la profession avait aujourd'hui du mal à communiquer. Pierre Teste, exploitant qui a été maire d'Optevoz jusqu'en 2014, souligne : « Nous avons affaire à des passionnés. Il faut trouver l'angle qui les intéresse ». Mais Léon-Paul Morgue, maraîcher et maire de Verna, pointe une certaine lassitude chez les agriculteurs doublée d'une difficulté « à expliquer notre métier ». « Nous allons tous être amenés, avec la Pac, à changer nos pratiques, et à expliquer cette évolution », témoignait un agriculteur, incitant les autres exploitants « à tirer profit de leur environnement, saisir les opportunités ». Camping à la ferme, vente directe sont autant de vecteurs permettant de rencontrer le consommateur et le citoyen. « L'opération Clé des champs, est en ce sens très porteuse puisqu'elle attire en Isère 40 000 visiteurs en un week-end », a rappelé Philippe Guérin, le directeur de la chambre d'agriculture.

L'autre point d'inquiétude porte sur la maîtrise du foncier et les relations avec les élus. « La prise de conscience sur le foncier est récente. Les éleveurs doivent faire attention, dans le cadre des futurs PLU, que soient sanctuarisées les exploitations déjà fragiles, car il en faut peu pour que surviennent les problèmes, notamment dans le cadre de constructions à proximité des exploitations », souligne Pierre Teste. Il regrette la lente disparition des élevages et leur remplacement, faute de bras, pas des cultures céréalières, à l'image du plateau de Crémieu.

Isabelle Doucet

Perspectives 2015 du CT BRD

- PAEC des communautés de communes de l'Isle-Crémieu, du Pays des couleurs, des Balmes dauphinoises et de deux communes de la Capi
- Collecte des pneus usagers
- Dossier technique du piétinement des berges des affluents du Rhône par les bovins
- Valorisation des produits locaux et approvisionneement de la restauration collective