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Environnement

La chasse aux pneus usagés est ouverte

Dernier détenteur de véritables encombrants, les pneus en fin de vie, les agriculteurs du Nord-Isère vont bénéficier d'une aide des collectivités pour s'en débarrasser. Une opération limitée en temps et volumes.
La chasse aux pneus usagés est ouverte

L'EARL de la Vacheresse n'avait pas été choisie au hasard pour le lancement de l'opération de collecte de pneus usagés. Cette exploitation tenue par André  et Johan Revol, à Maubec, est à la croisée des chemins : elle utilise encore des pneus pour couvrir ses silos, mais depuis trois ans, elle a recours à de nouvelles méthodes, plus respectueuses de l'environnement.

La problématique de la présence des pneus usagés dans les exploitations est une réalité très commune dans le paysage rural. Longtemps, l'utilisation pour le blocage des bâches sur les silos a été considérée comme un débouché normal, une troisième vie pour les pneus dont l'industrie ou les pouvoirs publics sont bien souvent embarrassés.

Conscience collective

Mais aujourd'hui, le cadre réglementaire change et la chasse aux pneus est lancée. Le sens de l'histoire se dirige vers leur complète disparition des paysages... à terme. Dans le Nord-Isère, les agriculteurs sont depuis longtemps conscients de cette évolution et ont exprimé par le passé, dans des enquêtes effectuées par la chambre d'agriculture, leur volonté de voir ces encombrants éliminés. « Il n'y avait pas eu de réactions des collectivités il y a quelques années, fait remarquer Océane Amoric, conseillère du territoire de la chambre d'agriculture. Les projets étaient donc restés dans les cartons. Aujourd'hui, la prise de conscience est plus forte. »

 

1 : Les agriculteurs, la chambre d'agriculture et les collectivités locales travaillent main dans la main pour éliminer les pneus usagés dans les exploitations.

 

C'est pour cela que Georges Colombier président du CDDRA Isère Portes des Alpes, entouré de plusieurs élus locaux et de responsables agricoles a tenu à lancer officiellement la prochaine (et dernière !) campagne de collecte pour les territoires de Boucle du Rhône en Dauphiné, Isère Porte des Alpes et Vals du Dauphiné. Tout le Nord-Isère est donc concerné par cette opération. « Le gisement dans l'ensemble de nos intercommunalités est important, constate Georges Colombier. Les agriculteurs ont longtemps constitué la solution ultime de stockage. Mais ils sont conscients de leur responsabilité vis-à-vis de l'environnement. Il ne serait pas juste qu'ils soient seuls à payer pour l'élimination de ces objets. » Solution de facilité pendant des décennies pour la société dans son ensemble, la collectivité doit prendre en charge, au moins en partie leur destruction. C'est fort de cette idée que Georges Colombier et ses co-présidents, Patrick Ferrari et André Ziercher, ont réussi à convaincre à la fois les intercommunalités et la Région de la nécessité d'une telle aide. 140 000 euros vont donc être consacrés à l'opération, partagés entre la région Rhône-Alpes via le CDDRA (40%), le Département (25%)et les intercommunalités (15%). 20% restent donc à la charge des agriculteurs concernés soit aux environs d'une cinquantaine d'euros par tonne, la coût facturé par le prestataire, sans concurrent, étant de 265 euros par tonne. « Cela ramène une charge aux environ de 200 euros par exploitation, traduit Roland Seigle, président de la commission agricole du CDDRA, si on considère que chacune détient en moyenne quatre tonnes de pneus dont elle veut se débarasser.» « Il faut également la mise en oeuvre de solutions alternatives, prévient André Ziercher, vice-président d'isère Porte des Alpes, car sinon une telle opération ne serait qu'un coup d'épée dans l'eau quant à son efficacité. »

Transition

Johan Revol en est convaincu. Le jeune agriculteur ne reviendrait pour rien au monde à l'ancienne méthode des pneus, même si les deux techniques coexistent encore dans son exploitation. La traditionnelle, les pneus, perdure parce qu'il y en a encore beaucoup au sein de l'EARL. 

« Mon grand-père en utilisait déjà. Les siens sont sous des ronciers dans un coin de l'exploitation. Mon père avec qui je suis associé, en a toujours utilisé. Même si un stock dure la carrière d'un exploitant, il y en a pas mal. Mais depuis trois ans, on a recours à la méthode de la bâche double, couverte d'un filet et de boudin. On a beaucoup moins de manutention qu'avec les pneus, mais il est impératifs de faire les silos des jours sans vent.» Une contrainte de plus qu'il faut arriver à gérer car la bâche posée sur le silo n'est pas arrimée au fur et à mesure de sa mise en place comme dans le cas des pneus, mais lorsque le filet de protection et les boudins sont disposés. En revanche, « on ne perd plus d'ensilage car il n'y a plus de poche d'air sous la bâche. Une membrane, chauffée par le soleil, vient épouser toutes les formes du tas et élimine complètement l'air résiduel », précise le jeune agriculteur.

D'autres méthodes existent, notamment le semis d'orge en surface du silo. Très écologique puisqu'il n'y a plus de déchets plastiques (la bâche et les boudins ayant une durée de vie de cinq ans selon les exploitant), mais il y a davantage de pertes en surface du silo. « 15 à 20 centimètres peuvent être jetés, estime Roland Badin, président du comité de territoire Paturin. Certains donnent tout aux bêtes qui font le tri. Mais il faut nettoyer les auges. » Autre méthode, les tapis de mine, mais ils sont lourds à manipuler.

Quoiqu'il en soit, les organisateurs et surtout financeurs rappellent que l'opération est réalisée dans un cadre budgétaire contraint. L'enveloppe sera fixe et n'évoluera pas. Les premiers demandeurs de récupération seront les premiers servis.

 Jean-Marc Emprin

Les dates et lieux de dépôt

Pluisieurs semaines seront consacrées à la collecte : du 16 au 20 et du 23 au 27 novembre; du 7 au 11 et du 14 au 18 decembre. Sept points de dépôt : Tignieu-Jameyzieu, Saint-Chef, Saint-Jean-de-Bournay et Heyrieux dans les sites de la coopérative La Dauphinoise. Sainte-Blandine aux établissements Mion, à la déchèterie de Passins et à Bourgoin-Jallieu chez Arc-en-Ciel Recyclage.