La clôture se fait technologique

Le techno-pâturage est une réponse à l'ambition, partagée par les éleveurs, « de vivre de leur métier en dégageant des revenus plus importants ». Depuis de nombreuses années, Agnès Delpech, éleveuse dans le Lot (46), s'est inspirée de cette gestion de l'herbe fil avant/fil arrière qui consiste à « englober l'ensemble de l'exploitation dans un système pâturant en toutes saisons ». Lors des Terrenales, le salon de l'innovation au service de l'agriculture écologiquement intensive (AEI) qui s'est déroulé fin mai à Angers, elle présentait le Spider pack motorisé, un des outils destinés à la gestion du pâturage. « L'objectif du techno-pâturage est de réduire les coûts de production de quatre à cinq fois par rapport à l'élevage des animaux en bâtiment avec des rations stockées, comparées à des rations pâturées, » précise l'exploitante qui élève 1 500 brebis et conduit son troupeau à 80% en pâturage. « Il faut partir du potentiel de l'exploitation en le valorisant un maximum, poursuit-elle. On peut parvenir à multiplier par deux le revenu à l'hectare, qu'il s'agisse d'un élevage en viande ou en lait. Nous l'avons prouvé sur notre exploitation ».
Un coup de talon
Le pâturage au fil ainsi que le pratiquent les époux Delpech dans le Lot, « n'est pas une technique standard : il répond aux objectifs que nous nous fixons en termes de pousse de l'herbe, au printemps et à l'automne », explique la spécialiste. La bonne mise en place des prairies à pâturer et la gestion de l'herbe sont à adapter au climat, à la pluviométrie, à la qualité des sols, à la configuration de l'exploitation etc. « C'est techniquement plus difficile qu'une conduite en bâtiment. Cela demande de l'observation, donc un développement plus lent », reconnaît Agnès Delpech.
L'élément facilitateur est de disposer d'un système de pose de clôtures performant permettant de gagner du temps. « Avec le Spider pack motorisé, faire une clôture n'est plus une contrainte », déclare Agnès Delpech, qui est représentante de la marque. Sa démonstration est décoiffante, 100 mètres se posent en 3 minutes. Il faut compter un quart d'heure pour circonscrire un hectare. Le système Kiwitech permet de dérouler un, deux ou trois fils en un seul passage de quad. Trois bobines sont posées à l'avant de l'engin, les fils étant clipsés à un piquet tuteur planté dans le sol. Un stock de piquets est aussi chargé sur le quad. L'éleveur n'a plus qu'à crocher les fils avec ses piquets et à les planter d'un coup de talon, sans descendre de son engin, qu'il prend à peine le temps de stopper. L'adaptabilité au terrain dépend du type de quad utilisé. Kiwitech propose aussi un système manuel, un peu plus contraignant à poser, mais toujours plus deux fois plus léger (environ 7 kg pour 300 m) que le matériel de contention standard. Le concept est arrivé il y a 15 ans en France et tend à se développer en raison de sa maniabilité. Le budget à prévoir s'élève à un euro du mètre linéaire pour un système trois fils, à quoi il faut ajouter l'équipement du quad (environ 1 800 euros)... et l'achat de l'engin.